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Inauguration sous tension de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 mai 2018

L’ambassade des États-Unis est inaugurée à Jérusalem, le 14 mai 2018, en présence du secrétaire d’État américain au Trésor Steve Mnuchin et d’Ivanka Trump, fille du président des États-Unis. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou salue « un grand jour ». Des opposants palestiniens et israéliens manifestent contre ce transfert de l’ambassade américaine.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
14 mai 2018
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001942

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Depuis la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël en 1948, le statut de Jérusalem, ville sainte pour les trois religions monothéistes, se trouve au cœur des controverses et des conflits au Proche-Orient.

À partir de la victoire d’Israël contre les pays arabes en 1949 (voir La guerre israélo-arabe de 1948), Jérusalem a été divisée en deux : Jérusalem-Ouest, proclamée capitale d’Israël, et Jérusalem-Est, contrôlée par la Jordanie. Puis lors de la guerre des Six Jours, en juin 1967 (voir La guerre des Six Jours), l’armée israélienne conquiert Jérusalem-Est. Ainsi, à l’issue de cette guerre, Jérusalem est entièrement placée sous l’administration israélienne.

Elle est même déclarée « capitale éternelle indivisible d’Israël » par une loi fondamentale du 30 juillet 1980. Cependant, dans ses résolutions 476 et 478, adoptées respectivement en juin et août 1980, le Conseil de sécurité de l’ONU déclare que cette loi est « nulle et non avenue » et constitue « une violation du droit international ». Par la suite, l’ONU condamne régulièrement « l’occupation » de la partie orientale de Jérusalem, de même que sa colonisation, y voyant un obstacle majeur à la réalisation de la mise en place des deux États israélien et palestinien et à l’instauration de la paix dans la région. De fait, les Palestiniens ne cessent de revendiquer Jérusalem-Est pour y installer la capitale de leur État.

L’ensemble des pays étrangers, et notamment les États-Unis, principal allié d’Israël, maintiennent ainsi leurs ambassades à Tel-Aviv. Le secrétaire d’État américain John Kerry déclare encore en décembre 2016 que Jérusalem ne peut qu’être la capitale de deux États.

Pourtant, le 6 décembre 2017, le président américain Donald Trump, élu un an auparavant, annonce la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis. « Alors que les présidents précédents avaient fait cette promesse de campagne, ils ont échoué à l’honorer. Aujourd’hui je l’honore », déclare-t-il dans une allocution. Cette décision est aussitôt saluée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui y voit un jour « historique ». Même s’il réaffirme l’engagement d’Israël à « toujours faire respecter la liberté de culte des juifs, des chrétiens et des musulmans » dans la ville sainte, il appelle les autres pays à suivre l’exemple américain en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël et à y transférer eux aussi leurs ambassades.

La décision de Donald Trump est condamnée par l’ensemble des dirigeants internationaux qui accusent le président américain de saboter les minces espoirs de reprise des négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Cette annonce suscite en effet une vague de protestations chez les Palestiniens. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, la dénonce vivement, estimant que les Etats-Unis sapent « délibérément tous les effort de paix » et qu’elle « ne changera en rien la situation de Jérusalem, la capitale éternelle de l’État de la Palestine ». Le Hamas, mouvement islamiste palestinien, appelle de son côté à la mobilisation contre la décision de Donald Trump. Des manifestations importantes éclatent à Gaza, les manifestants brûlant des drapeaux américains et israéliens ainsi que des portraits de Donald Trump. Quatre Palestiniens sont tués le 15 décembre 2017 dans des affrontements avec les forces israéliennes.

Pourtant, le 14 mai 2018, jour du soixante-dixième anniversaire de la proclamation de l’État d’Israël, la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem est inaugurée. Donald Trump n’assiste pas à l’inauguration mais il est représenté par sa fille Ivanka et son mari Jared Kushner, son haut conseiller auquel il a confié la gestion du dossier israéo-palestinien. Des heurts sanglants éclatent alors de nouveau dans la bande de Gaza, au cours desquels une soixantaine de Palestiniens sont tués par des tirs de soldats israéliens.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Consacré à l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem qui a eu lieu dans la journée, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la création de l’État d’Israël, ce reportage est diffusé au début du journal télévisé de vingt heures de France 2 du 14 mai 2018. Il est précédé d’un sujet traitant des manifestations sanglantes de Palestiniens à Gaza contre le transfert de l’ambassade américaine, et d'un plateau extérieur de l’envoyée spéciale de France 2 en direct de Gaza.

Le reportage de Franck Genauzeau, grand reporter et chef du bureau de France Télévisions au Moyen-Orient, et de Giona Messina, journaliste reporter d’images, se constitue d’un commentaire sur des images factuelles alternant avec des déclarations officielles de personnalités politiques (Ivanka Trump, Donald Trump et Benyamin Netanyahou).

Une première séquence présente des images de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle ambassade des États-Unis à Jérusalem, ou plutôt de la délocalisation d’une partie des services de l’ambassade située à Tel-Aviv au sein du consulat déjà existant. Le président des États-Unis Donald Trump, qui a pris la décision de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem et donc de reconnaître cette ville comme capitale d’Israël, n’assiste pas à la cérémonie. Il se contente d’adresser un message vidéo aux officiels israéliens et américains présents. Donald Trump se fait représenter par le secrétaire d’État au Trésor Steve Mnuchin : c’est lui qui dévoile la plaque et le sceau des États-Unis. Mais le président américain est aussi représenté de manière beaucoup plus étonnante par sa conseillère qui n’est autre que sa propre fille, Ivanka, et qui déclare l’ambassade officiellement ouverte. Le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, qui est également son conseiller et à qui il a confié la gestion du conflit israélo-palestinien, assiste également à la cérémonie : on le voit furtivement au côté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et de son épouse, chantant l’hymne américain, la main sur le cœur.

La décision de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem n’est toutefois pas sans susciter de fortes oppositions. Le reportage de France 2 montre que pendant qu’officiels américains et israéliens célèbrent « un grand jour », selon les mots du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, des manifestants sont réunis non loin de l’ambassade pour protester contre ce transfert. Sans parler de la répression sanglante dont sont au même moment victimes les dizaines de milliers de manifestants palestiniens de la bande de Gaza rassemblés à la frontière avec Israël, et à laquelle un reportage précédent est consacré. Ce qui fait dire à la présentatrice du journal télévisé de France 2, Anne-Sophie Lapix, que la cérémonie d’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem a donné lieu à des « images surréalistes de célébration en pleine guerre. »

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