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Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro élu président du Brésil

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 oct. 2018

Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite, est élu président du Brésil le 28 octobre 2018. Son équipe et ses partisans fêtent sa victoire. Le nouvel élu fait une déclaration en direct sur Facebook. Le président américain Donald Trump et le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini le félicitent.

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 oct. 2018
Production :
INA
Page publiée le :
29 août 2019
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001951

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 28 octobre 2018, Jair Bolsonaro, candidat d’extrême droite, est élu président de la République du Brésil.

Né en 1955 à Glicério, dans l’État de Sao Paulo, cet ancien capitaine parachutiste s’est lancé en politique en 1990. Député fédéral de Rio de Janeiro sans interruption pendant vingt-sept ans à partir de 1991, il se fait surtout connaître par les controverses qu’il suscite par ses déclarations polémiques. Il n’a ainsi de cesse d’affirmer sa nostalgie de la dictature militaire qui a dirigé le Brésil entre 1964 et 1985, estimant qu’il s’agissait d’« une révolution démocratique » dont la seule erreur fut de « torturer au lieu de tuer ». Il n’hésite pas non plus à afficher régulièrement son racisme, sa misogynie et son homophobie.

Ce capitaine de réserve décide de se porter candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2018. Élu sept fois député, il se présente pourtant comme un candidat « antisystème ». Au cours de sa campagne, il multiplie les discours haineux, en meeting comme sur les réseaux sociaux, s’en prenant surtout au Parti des travailleurs et à Luiz Inácio Lula da Silva, ancien président du Brésil de 2003 à 2011. Il attaque également les féministes, les homosexuels, les Noirs ou les journalistes. Au cours d’une campagne présidentielle tendue par ses attaques et ses invectives, Jair Bolsonaro est lui-même victime d’une tentative d’assassinat de la part d’un militant d’extrême gauche qui le poignarde en plein meeting à Juiz de Fora le 6 septembre 2018. Grièvement blessé, il est soigné puis poursuit sa campagne depuis son domicile.

Il manque de peu l’élection dès le premier tour de l’élection présidentielle, le 7 octobre 2018, recueillant 46,03 % des voix. Il est ensuite largement élu au second tour, le 28 octobre suivant : Jair Bolsonaro obtient 55,13 % des suffrages exprimés contre 44,87 % pour Fernando Haddad, candidat du Parti des travailleurs. L’ancien parachutiste devient ainsi à soixante-trois ans le président du Brésil, plus grand pays d’Amérique latine, peuplé de 208 millions d’habitants.

Son élection s’explique d’abord par le climat général de défiance des Brésiliens contre les responsables politiques. Le Parti des travailleurs, au pouvoir de 2003 à 2016 avec Lula puis Dilma Rousseff, a en effet été éclaboussé par l’opération « Lava Jato » (« lavage express ») qui à partir de 2014 a révélé un important système de corruption impliquant notamment l’entreprise pétrolière publique Petrobas. La présidente Dilma Rousseff a par ailleurs été destituée par le Sénat en août 2016 pour avoir tenté de dissimuler l’ampleur du déficit budgétaire brésilien. Son successeur Michel Temer, membre du Mouvement démocratique brésilien, a lui aussi été inlassablement accusé de corruption. En outre, l’ancien président Lula, qui avait été désigné candidat du Parti des travailleurs à l’élection présidentielle de 2018 et partait favori, est emprisonné en avril 2018 et déclaré inéligible pour corruption dans l’affaire Petrobas.

Jair Bolsonaro a bénéficié de tous ces scandales, apparaissant comme un homme neuf malgré ses vingt-sept ans de mandat ininterrompu. Surnommé « le Trump des tropiques » pour la proximité de certaines de ses idées et méthodes avec le milliardaire élu président des Etats-Unis en 2016, il a su séduire l’électorat aisé mais également la jeunesse. 60 % de ses électeurs ont ainsi moins de 34 ans.

Tout juste élu, Jair Bolsonaro célèbre sa victoire par un premier discours, diffusé en direct sur Facebook, dans lequel il réaffirme sa détestation de la gauche : « Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche ». Par la suite, lors de son investiture le 1er janvier 2019 à Brasilia, le nouveau président salue un « jour où le peuple commence à se libérer du socialisme, de l’inversion des valeurs, du gigantisme étatique et du politiquement correct », promettant de débarrasser le pays d’« idéologies néfastes ».

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de vingt heures de France 2 du 29 octobre 2018, ce sujet est consacré à la victoire de Jair Bolsonaro lors de l’élection présidentielle brésilienne. Il a été réalisé à Rio de Janeiro par la journaliste Anne-Charlotte Hinet, elle-même filmée en situation sur la plage de la plus grande ville du Brésil.

Ce sujet comporte des images de scènes classiques de liesse électorale. Filmées à l’annonce des résultats au domicile de Jair Bolsonaro et dans les rues de Rio le soir du scrutin, puis le lendemain toujours dans Rio, elles donnent à voir la joie du candidat victorieux et de ses partisans, brandissant des drapeaux brésiliens ou arborant des maillots de l’équipe nationale de football. Deux micro-trottoirs donnent également à entendre des partisans de Jair Bolsonaro.

Mais tout ne paraît pas classique dans ce reportage. Ce dernier présente un extrait du discours de victoire pour le moins inhabituel : au lieu de se présenter devant ses partisans pour célébrer son succès, comme le font traditionnellement les candidats victorieux, Jair Bolsonaro a préféré le faire depuis une pièce de son domicile, par le biais de Facebook live, l’outil de diffusion de vidéos en direct de Facebook. Le candidat d’extrême droite et ses militants avaient déjà eu largement recours aux réseaux sociaux pendant la campagne présidentielle. L’ancien capitaine, aidé de ses fils, s’était régulièrement exprimé sur Facebook, Twitter et WhatsApp, compensant ainsi son manque de moyens et de temps de parole à la télévision. S’inspirant de Donald Trump et de son usage immodéré de Twitter, il avait également évité de s’exposer aux questions des médias traditionnels envers lesquels il n’avait cessé de marquer sa défiance. Ses équipes ont par ailleurs pu diffuser des contenus formatés pour les réseaux sociaux sur des milliers de groupes WhatsApp et de comptes Facebook favorables à l’ancien capitaine parachutiste, permettant de faire circuler de manière virale des messages déformant la vérité (les « fake news »).

Le reportage de France 2 met aussi en avant l’utilisation de la religion par Jair Bolsonaro dans la célébration de son élection. On voit ainsi prier ce fervent catholique avec ses proches, dont son épouse évangélique, après l’annonce de son succès. Une Bible est également placée devant lui pendant qu’il prononce son discours de victoire.

Le sujet de France 2 montre enfin bien que Jair Bolsonaro est tout sauf un nouveau président ordinaire. En évoquant les messages de félicitations du président des États-Unis Donald Trump et du ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, il classe Jair Bolsonaro parmi les dirigeants populistes, les hommes politiques d’extrême droite.

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