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Le patrimoine culturel immatériel : de la France à l’Unesco

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 23 avr. 2011

En 2003 l’Unesco, acteur clé de la patrimonialisation à l’échelle mondiale, élargissait son champ d’action au patrimoine culturel cette fois immatériel. Un moyen pour les pays en développement de valoriser un patrimoine moins connu et pour des États, comme la France, de renforcer leur rayonnement. 

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Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
23 avr. 2011
Page publiée le :
24 mars 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004086

Contexte historique

Par Isabelle Chalier

En 2011, la corrida était inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel (PCI) de la France. Après l’examen d’un dossier porté par l’association des villes taurines et l’Observatoire national des cultures taurines (ONCT) créé en 2008 à Arles, la commission du ministère de la Culture donnait un avis favorable à l’inscription de la tauromachie. Cette étape, l’inscription à l’inventaire (inscription d’ailleurs retirée par l’Etat pour la corrida en 2016 sous la pression des associations de défense de la cause animale) est une condition sine qua non pour une candidature auprès de l’Unesco mais n’entraîne pas un classement automatique. Ainsi, au moment du reportage en 2011, 121 pratiques et savoir-faire figuraient sur l’inventaire français mais seulement 8 apparaissaient sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité établie par l’Unesco. 

En 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco avait entraîné la mise en place d’un nouveau cadre institutionnel de protection du patrimoine au niveau international. Elle voulait rompre avec une conception plus traditionnelle du patrimoine limité à sa dimension matérielle (des monuments, des artefacts, des sites …) et qui, depuis la convention de 1972, était valorisé et bénéficiait d’une protection au niveau mondial. Ratifiée par la France en 2006, cette convention permet ainsi à une nouvelle catégorie de biens d’entrer dans le champ patrimonial. Cinq domaines sont concernés : les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Pour être retenus sur la liste, ils doivent répondre à plusieurs critères : être reconnus par des communautés comme faisant partie de leur patrimoine culturel ; être transmis de générations en générations ; être recréés en permanence par les communautés ; procurer un sentiment d’identité et de continuité ; être conformes aux exigences des droits de l’homme et du développement durable.

La Convention escomptait aussi rectifier la répartition du patrimoine protégé dans le monde, concentré essentiellement en Europe et dépasser la conception occidentale du patrimoine fortement marquée par le chef d’œuvre, le monument historique et le musée. Il s’agit bien de favoriser les pays notamment du Sud dont le patrimoine matériel est plus rare mais qui sont riches d’un patrimoine immatériel peu protégé. La Convention cherche aussi à protéger ce patrimoine immatériel des conséquences néfastes de la mondialisation, de l’uniformisation des modes de vie et de consommation. L’Unesco leur donne ainsi une visibilité et une légitimation au niveau mondial et elle amène les États qui portent ces candidatures à adopter des politiques de sauvegarde, de valorisation et de transmission. C’est aussi un moyen de pression pour amener les États à prendre des mesures politiques pour la sauvegarde des éléments inscrits.

Ainsi cet instrument juridique et normatif qu’est la Convention définit une politique à l’échelle internationale avec une terminologie et des critères communs, propose une extension maximale du champ patrimonial (que le sociologue Olivier Mongin désigne comme l'illimitation patrimoniale) et implique les États en charge de l’identification de ce patrimoine sur leurs territoires.

Éclairage média

Par Isabelle Chalier

En 2011, ainsi que l’annonce le reportage, l’inventaire du patrimoine culturel immatériel (PCI) français recensait 121 pratiques et savoir-faire contre 451 en 2020. Soulignons ici qu’il ne s’agit que d’une comptabilisation, qui n’implique ni préservation ni valorisation de la part de l’État ou des collectivités territoriales…

Ensuite le journaliste propose une sélection parmi ceux figurant au PCI et qui ont su se hisser au rang du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Il met en avant la gastronomie française alors que c’est le repas gastronomique des Français qui a été retenu en 2010 (voir à ce sujet Le repas gastronomique des Français reconnu par l'Unesco). Il présente quelques images du maloya, une forme de musique, un chant et une danse propres à l’île de la Réunion, créée par les esclaves d’origine malgache et africaine dans les plantations sucrières et classé par l’Unesco en 2009. Enfin, il s’attarde sur le minutieux travail à l’aiguille des dentellières d’Alençon reconnu par l’Unesco en 2010 (voir à ce sujet La dentelle d'Alençon, un patrimoine vivant et immatériel reconnu par l’Unesco). 

Il établit un historique rapide d’une notion, le patrimoine immatériel, qui apparaît dans les années 90 et s’appuie sur le développement de l’ethnologie locale et nationale et termine sur la Convention de 2003, entrée en vigueur en 2006 (et non en 2007 comme l’indique le commentateur) après avoir été ratifiée par 30 États parties.

Il propose ensuite quelques comparaisons : le chant des Bauls au Bangladesh, des ménestrels mystiques et musiciens itinérants qui vivent au Bengale, le licitar ou pain d’épices de Croatie et surtout des images du carnaval de Binche en Belgique. Le plus intéressant réside dans la cartographie présentée. Elle vient rappeler que l’Europe et l’Amérique du Nord en 2011 se taillaient la part du lion avec 377 inscrits soit plus de la moitié des 700 pratiques répertoriées en 2011, contre 138 pour l’Asie Pacifique, 86 pour l’Amérique du Sud et Caraïbes, 61 pour le monde arabe, 42 pour l’Afrique noire. Un déséquilibre que l’Unesco a promis en 2011 de corriger. C’est pourquoi, rien qu’en 2019, elle a inscrit cinq pratiques africaines sur la liste représentative : la musique gnaoua, la morna du Cap-Vert, l'épiphanie éthiopienne, le Kwagh-hir du Nigeria (une sorte de théâtre social), les savoir-faire associés au palmier dattier ainsi que trois autres nécessitant une sauvegarde urgente et dont la transmission de générations en générations est menacée : les rituels liés au sanctuaire  de Kit Mikayi au Kenya, le Sega tambour Chagos, l'un des genres de musique de Maurice et le seperu du Botswana, un art composé de rituels sacrés, de chants et de danses.

D’ailleurs le reportage vient conclure sur cette diversité et diversification avec la fauconnerie d’abord inscrite au PCI de la France puis classée au patrimoine de l’humanité en 2016, pratique commune transnationale ancrée aussi bien en Europe (France, Allemagne…) qu’en Afrique (Maroc) et en Asie (Arabie Saoudite, Mongolie, Corée du Sud…).

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