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La perestroïka défendue par Mikhaïl Gorbatchev

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 juil. 1989

Le 5 juillet 1989, Mikhaïl Gorbatchev est interrogé au palais de l’Élysée, au côté du président François Mitterrand, sur la politique de la perestroïka. Il défend le caractère irréversible de cette dernière. Pour lui, elle a été confirmée par les élections au Congrès des députés du peuple. Il estime qu’il n’y a aucune instabilité politique et que la perestroïka est soutenue par la population.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
05 juil. 1989
Page publiée le :
16 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004241

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev est élu, à l’âge de 54 ans, secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique. Fils de paysans de la province de Stravropol, dans le Caucase du Nord, il a peu à peu affermi sa position au sein du PCUS, devenant membre du Comité central en 1971, puis du Politburo en 1980. Succédant au secrétariat général du PCUS aux septuagénaires Iouri Andropov (1982-1984) et Konstantin Tchernenko (1984-1985), il a conscience de la situation économique catastrophique de l’URSS, de la sclérose d’un régime miné par la bureaucratie et la corruption et de son affaiblissement international. Le pays se trouve en particulier enlisé depuis 1979 dans une guerre en Afghanistan.

Dès son arrivée au pouvoir, Gorbatchev engage ainsi de profondes réformes de l’économie et du système politique de l’URSS. Nicolas Werth parle même d’une immense révolution idéologique, politique, économique et sociale (Histoire de l’Union soviétique, rééd. 2021, p. 649). Le nouveau secrétaire général du PCSUS lance en effet la perestroïka, ou « restructuration », qui vise à réformer l’économie soviétique : les entreprises privées sont autorisées dans l’artisanat, le commerce et les services. De même sont autorisées les coopératives de production de biens de consommation, ainsi que des sociétés mixtes avec des investisseurs étrangers. En outre, même si le plan est conservé, les entreprises d’État se voient accorder une certaine autonomie par la loi du 30 juin 1987.

Gorbatchev initie également la glasnost, la « transparence » : il s’agit de libérer la parole et l’information afin de susciter l’adhésion aux réformes et de revenir aux sources du léninisme (Sabine Dullin, Histoire de l’URSS, La Découverte, 2010 p. 95). Avec une censure allégée, les critiques se font plus nombreuses, en particulier à l’égard du stalinisme, dans la presse (comme dans les journaux Argumenty i fakty ou Ogoniok), la littérature (Les Enfants de l’Arbat d’Anatoli Rybakov) ou le cinéma (Le Repentir de Tenguiz Abouladzé). En 1988, une réforme constitutionnelle institue le principe du vote à bulletin secret et des candidatures multiples pour les élections au Congrès des députés du peuple. Les premières élections libres au suffrage universel direct sont ainsi organisées en URSS les 26 mars et 9 avril 1989, suivies au printemps 1990 d’élections pour désigner les députés aux soviets locaux, marquant une rupture majeure avec les pratiques politiques en vigueur depuis 1917 (N. Werth, op. cit., p. 675).

Appuyé par le ministre des Affaires étrangères Édouard Chevardnadze, Gorbatchev bouleverse aussi la politique extérieure soviétique. Relançant le dialogue avec les États-Unis, il signe un traité de désarmement nucléaire avec le président américain Ronald Reagan en décembre 1987 à Washington. Il amorce également, à partir de 1988, un retrait unilatéral de l’Armée rouge d’Afghanistan, achevé en 1989, mettant fin à une guerre qui a coûté la vie à 15 000 soldats soviétiques.

La vaste modernisation économique et politique de l’URSS entreprise par Gorbatchev, élu président de l’URSS en 1990, se heurte toutefois à des désillusions. La perestroïka aggrave la crise économique : l’inflation atteint 25 % à la fin 1991 et les pénuries s’accroissent. De nombreuses grèves éclatent, en particulier en 1989 chez les mineurs du Kouzbass et du Donbass. La catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986, fragilise par ailleurs encore davantage la confiance des Soviétiques envers le pouvoir. Et différentes nationalités remettent en cause la domination de l’URSS, notamment en 1988 en Arménie, Estonie et Azerbaïdjan. La Lituanie proclame même son indépendance en mars 1990.

Fragilisé, Gorbatchev est même victime d’une tentative de putsch avortée conduite par des conservateurs en août 1991. Après la création, le 8 décembre 1991, d’une Communauté des États indépendants, il démissionne le 25 décembre suivant. La perestroïka prend ainsi fin, en même temps que l’URSS.


Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2 le 5 juillet 1989, ce document est extrait d’une interview conjointe de Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique et président du Soviet suprême de l’Union soviétique, et de François Mitterrand, président de la République française. Cette interview a été réalisée le 5 juillet 1989, dans la bibliothèque du palais de l’Élysée, à l’issue d’une conférence de presse tenue par les deux dirigeants.

L’interview diffusée exclusivement sur Antenne 2 et la chaîne de radio Europe 1 a été conduite par trois journalistes : Christine Ockrent, présentatrice du journal télévisé de 20 heures d’Antenne 2, Jean-Pierre Elkabbach, directeur général adjoint d’Europe 1, et Georges Bortoli, spécialiste de l’URSS et correspondant d’Antenne 2 à Moscou. Un interprète traduit simultanément les propos de Mikhaïl Gorbatchev. L’extrait sélectionné ne donne à entendre que ce dernier répondre à des questions de Christine Ockrent et de Jean-Pierre Elkabbach sur la réception de la perestroïka et la situation politique de l’URSS.

L’interview a été réalisée au terme d’une visite de Mikhaïl Gorbatchev quarante-huit heures en France, du 4 au 6 juillet 1989. Le 4 juillet, le dirigeant de l’Union soviétique s’était entretenu avec François Mitterrand, avait pris un bain de foule place de la Bastille et avait dîné au palais de l’Élysée. Le 5 juillet, il avait échangé avec un public d’intellectuels avant de s’entretenir de nouveau avec François Mitterrand, de signer des accords économiques et scientifiques et de tenir une conférence de presse commune.

Le voyage de Mikhaïl Gorbatchev en France, précédé d’une visite de trois jours en République fédérale d’Allemagne trois semaines auparavant, participait de la volonté de l’initiateur de la perestroïka de transformer les relations de l’URSS avec les pays occidentaux. Par ailleurs, trois mois avant son arrivée en France, les premières élections libres de l’histoire de l’URSS avaient été organisées les 26 mars et 9 avril 1989, afin d’élire les représentants du Congrès des députés du peuple. Dans l’extrait proposé, Mikhaïl Gorbatchev fait allusion à ce scrutin.


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