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Reportage à Pékin, en 1963, à l’occasion de la commémoration de la révolution russe de 1917

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 14 nov. 1963 | Date d'évènement : 07 nov. 1963

Le 7 novembre 1963, Maurice Werther, journaliste à la RTF, présente la place Tian’anmen et ses alentours. Il revient également sur la manifestation sino-soviétique qui a été organisée la veille pour célébrer l’anniversaire de la révolution bolchévique d’octobre 1917 : des dirigeants chinois et des représentants soviétiques, dont l’ambassadeur d’URSS en Chine, y ont participé. C'est la première fois qu'une télévision occidentale est autorisée à filmer à Pékin,

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
07 nov. 1963
Date de diffusion du média :
14 nov. 1963
Page publiée le :
15 juil. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004253

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 1er octobre 1949, à Pékin, Mao Zedong, le chef du parti communiste chinois, proclame la République populaire de Chine. Cette proclamation fait suite à la victoire définitive des communistes dans la guerre civile qui les opposait au Guomindang de Tchang Kaï-Chek depuis 1945 et à la fuite des nationalistes à Taïwan.

Après sa proclamation, la République populaire de Chine (RPC) est toutefois confrontée au problème de sa reconnaissance internationale. L’URSS de Staline la reconnaît certes immédiatement, suivie par les pays d’Europe de l’Est sous domination communiste, puis par le Royaume-Uni en 1950. Toutefois, le reste des pays occidentaux, à commencer par les États-Unis, considère le Guomindang, désormais replié à Taïwan, comme le seul gouvernement légitime de la Chine. C’est ainsi Taïwan qui occupe le siège chinois à l’ONU.

Dirigée d’une main de fer par Mao Zedong de 1949 à 1976, la Chine communiste est ainsi isolée sur la scène internationale. Seule l’URSS, avec laquelle elle s’allie dans un premier temps, lui offre un soutien de poids : un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle est signé en février 1950 entre la Chine et l’URSS. Celle-ci apporte d’ailleurs à la RPC une importante aide matérielle et technique. Et l’armée chinoise intervient dans la guerre de Corée, de 1950 à 1953, pour soutenir les Coréens du Nord, également soutenus par les Soviétiques.

La RPC rompt toutefois progressivement avec l’URSS en tentant d’affirmer sa puissance de manière autonome : Mao souhaite faire de la Chine le centre du communisme mondial et, ce faisant, entre en rivalité avec le grand frère soviétique. La RPC essaie notamment de s’imposer comme le chef de file du tiers-monde. Ainsi, à la conférence de Bandung en 1955, sous l’égide du Premier ministre Zhou Enlai, elle apporte son soutien aux peuples colonisés. Et le lancement du Grand bond en avant en 1958 par Mao, qui vise plus particulièrement à imposer une réforme agraire par la collectivisation forcée des terres, est présenté comme une rupture avec le modèle soviétique. Si le Grand bond en avant connaît un échec rapide, marqué par une famine qui provoque la mort de 30 millions de Chinois, et est abandonné dès 1961, il contribue à creuser le fossé entre la Chine et l’URSS. En 1960, Nikita Khrouchtchev rappelle ainsi les conseillers soviétiques de Chine. Puis, en 1963, les relations entre l’URSS et la Chine sont officiellement rompues. Un conflit frontalier entre les deux États communistes éclate même en 1969 le long du fleuve Oussouri. 

La RPC, qui se dote de l’armée nucléaire en 1964, cherche alors à sortir de son isolement diplomatique, particulièrement à l’initiative de Zhou Enlai. Elle est ainsi reconnue en 1964 par la France du général de Gaulle. Surtout, à partir de 1971, elle se rapproche des États-Unis. Le rapprochement sino-américain se traduit par la visite en Chine d’une équipe américaine de tennis de table en avril 1971 – on a parlé de la diplomatie du ping-pong –, puis par celle du président des États-Unis Richard Nixon en février 1972 et sa rencontre avec Mao. Ce rapprochement avec les États-Unis permet à la RPC d’entrer à l’ONU en 1971 et de prendre la place de Taïwan comme membre permanent du Conseil de sécurité. La Chine de Mao est ainsi peu à peu sortie de son isolement et s’est imposée comme un acteur majeur des relations internationales.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce sujet, diffusé le 14 novembre 1963 dans le journal télévisé de 20 heures de la Radiodiffusion-télévision française (RTF), a été tourné une semaine auparavant à Pékin les 6 et 7 novembre 1963, à l’occasion d’une manifestation sino-soviétique commémorant l’anniversaire de la révolution bolchévique de 1917. Des images de cette réunion sont ainsi présentées dans la deuxième partie du reportage, donnant à voir différents dirigeants chinois et des représentants soviétiques, dont l’ambassadeur d’URSS en Chine. Si cette séquence paraît intéressante, c’est que, au même moment, la République populaire de Chine et l’URSS sont en froid, se trouvant sur le point d’interrompre toute relation officielle, quatorze ans après la reconnaissance de la première par la seconde. C’est d’ailleurs à ces tensions que le journaliste de la RTF Maurice Werther fait allusion lorsqu’il évoque les circonstances et les problèmes actuels. Cette allusion apparaît très peu explicite pour qui ne connaîtrait pas l’état des relations entre les deux plus importants États communistes.

Mais le plus notable dans ce sujet, c’est surtout son caractère exceptionnel. En effet, comme le met en avant Maurice Werther, il s’agit du premier reportage jamais réalisé à Pékin par une équipe de télévision occidentale : Ici Maurice Werther qui vous parle de Pékin. Pour la première fois, une télévision occidentale a été autorisée à opérer à Pékin et c’est à la RTF qu’échoit le privilège de cette première. Envoyé spécial dans la capitale chinoise, Maurice Werther est ainsi filmé dans un plateau inédit, en situation, sur la place Tian’anmen, devant la porte de la Paix céleste qui constitue l’entrée sud de la Cité impériale chinoise. 

Il présentait alors le journal télévisé de la première chaîne de la RTF depuis 1961 – il en assurera ensuite la présentation jusqu’en 1969, puis de nouveau en 1975 et 1976 – mais apparaissait surtout comme un spécialiste de politique étrangère. S’il a pu être le premier journaliste occidental de télévision à réaliser des reportages en Chine populaire, c’est essentiellement grâce à son amitié avec son confrère Edgar Snow. Ce journaliste américain avait lui-même été, dans les années 1930, le premier journaliste occidental à interviewer les dirigeants du parti communiste chinois, à commencer par Mao Zedong. Publié en 1937, son ouvrage Étoile rouge sur la Chine, consacré à l’histoire du PCC depuis ses débuts, avait joué un rôle important dans la popularisation en Occident de l’épopée révolutionnaire de Mao, et plus particulièrement de la Longue marche (1934-1935). 

Edgard Snow intercède donc auprès des autorités chinoises afin de permettre à Maurice Werther et à son équipe de la RTF d’être les premiers journalistes d’une télévision occidentale autorisés à filmer en Chine populaire : dès 1961, Maurice Werther réalise plusieurs reportages en Chine, ainsi que des entretiens avec des dirigeants du régime communiste, tels que Zhou Enlai. Et, en 1963 il est donc également le premier journaliste occidental autorisé à tourner un reportage à Pékin. Ce caractère inédit explique que la première partie du sujet prenne la forme d’une présentation touristique de la place Tian’anmen et des monuments situés autour, filmée une semaine auparavant. Mais il s’agit probablement aussi de contourner ainsi la censure des autorités chinoises. Le délai d’une semaine entre le tournage et la diffusion du sujet est sans doute aussi dû à ce contrôle.

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