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Rétrospective sur le journal d’Anne Frank à l’occasion des 60 ans de la libération des camps

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 avr. 2005

Le 60e anniversaire de la libération du camp de Bergen-Belsen permet d’évoquer le souvenir d’Anne Frank, qui y est morte du typhus en 1944 et allait connaître après la guerre une renommée mondiale du fait de la publication de son journal. La jeune fille y raconte son quotidien alors que sa famille se cache dans une maison à Amsterdam pour tenter d’échapper aux arrestations visant les Juifs.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 avr. 2005
Production :
France 3
Page publiée le :
13 sept. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004358

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Du fait de son journal dans lequel elle raconte les deux années passées avec sa famille cachée dans une maison à Amsterdam pour tenter d’échapper à l’arrestation et la déportation, Anne Frank est devenue un véritable symbole des victimes de la Shoah et son histoire est connue dans le monde entier.

Les Frank sont une famille juive réformiste installée à Francfort. Ils appartiennent à la bourgeoise locale. Otto, le père, travaille dans la banque familiale. Son épouse, Edith, appartient à une famille d’entrepreneurs juifs. Le couple a deux enfants, Margot, née en 1926, et Annelies Marie (« Anne »), née en 1929.    

Avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, les Frank commencent à craindre pour leur sécurité alors que des manifestations antisémites se développent dans toute l’Allemagne. Ils décident d’émigrer à Amsterdam. Otto Frank prend la direction d’Opekta Werke, une société qui vend de la pectine extraite des fruits. Anne et Margot s’adaptent à leur nouvelle vie. Mais tout bascule en mai 1940 lorsque l’Allemagne envahit les Pays-Bas. Le pays est occupé et les Allemands imposent des lois répressives et discriminatoires contre les Juifs. 

À partir du printemps 1942, les rafles se multiplient dans le contexte de la mise en place de la « solution finale » à la suite de la conférence de Wannsee. Otto Frank décide de cacher sa famille dans un appartement secret aménagé dans l’annexe de l’entreprise Opekta. Les locaux sont situés à l’arrière de l’entreprise dont la façade donne sur le canal du Prinsengracht. Une bibliothèque pivotante permet d’en dissimuler l’accès. Les Frank s’y installent au matin du 6 juillet 1942. Seuls quelques employés de l’entreprise Opekta (Victor Kugler, Johannes Kleiman, Miep Gies et Bep Voskuijl) sont au courant de leur présence et leur apportent une aide. Les Frank seront rejoints dans leur cachette par une autre famille, les van Pels, dont le fils, Peter, a 16 ans, ainsi que par Fritz Pfeffer, un dentiste et ami de la famille. 

Lorsque débute cette vie clandestine, Anne a 13 ans. Elle a reçu quelques semaines auparavant un carnet que son père lui a offert à l’occasion de son anniversaire. Anne commence son journal intime le 12 juin 1942, s’adressant dans ses écrits à « Kitty », une amie imaginaire. Elle raconte sa vie à l’annexe, les rapports au sein de sa famille, ses changements liés à l’adolescence et donne de nombreux détails sur les persécutions contre les Juifs ou encore les restrictions qui compliquent considérablement la vie quotidienne. Ses écrits changent de nature à partir du printemps 1944, après qu’Anne a entendu à la radio de Londres le ministre de l’Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire qu’après la guerre il faudrait rassembler tout ce qui avait trait aux souffrances du peuple néerlandais sous l’occupation allemande. Anne n’écrit désormais plus pour elle seule et entreprend d’écrire son journal en espérant le voir publié après la guerre.

Le 4 août 1944, l’annexe est découverte par la police allemande et ses habitants sont arrêtés. Les Frank ont pu faire l’objet d’une dénonciation ou être les victimes d’une enquête qui concernait au départ la répression de trafics économiques et avait amené les Allemands à perquisitionner la société Opekta. La famille Frank est déportée le 3 septembre 1944 dans le dernier convoi de Westerbok pour le camp d’Auschwitz. Évacuée en janvier 1945 à Bergen-Belsen, Anne y décède du typhus. Seul son père, Otto Frank, survit à la déportation. Il revient à Amsterdam en juin 1945 et est hébergé par les époux Gies. Miep Gies remet à Otto Frank les écrits de sa fille Anne qui ont été découverts dans l’annexe. Seuls trois cahiers ont été retrouvés. Le premier cahier contient des écrits du second semestre 1942, dans les deux autres sont inclus le premier et le second trimestre de 1944. Otto Frank décide de les publier. Le livre paraît aux Pays-Bas en 1947. Trois ans plus tard, le Journal d'Anne Frank est publié en France aux éditions Calmann-Lévy. En 1952, le livre paraît en Grande-Bretagne, au Japon et aux États-Unis.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Je veux continuer à vivre même après ma mort. Grâce à son journal, publié à 30 millions d'exemplaires, la jeune Anne Frank a été exaucée. Comme le rappelle le commentaire du reportage diffusé pour le journal télévisé de France 3 en 2005, à l’occasion des commémorations du soixantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la libération des camps de concentration et d’extermination allemands par les Alliés, le journal d’Anne Frank est l’un des livres les plus lus au monde après la Bible. Des centaines d'écoles à travers le monde (95 en France en 2015) ont été baptisées « Anne Frank », en souvenir de la jeune fille. La vie et les écrits d'Anne Frank ont inspiré de nombreux artistes. En 1959, son journal a été adapté pour le cinéma par George Stevens. Il a fait l'objet ensuite de plusieurs téléfilms et d'une adaptation japonaise en dessin animé (Anne no nikki, 1995). Le 30 juillet 2009, le journal est ajouté avec d'autres documents au Registre de la mémoire du monde de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). 

Le commentaire du reportage insiste sur le fait que la famille Frank a réussi à se cacher pendant deux ans en plein cœur d’Amsterdam, ce qui est particulièrement rare et exceptionnel tant la répression et les persécutions contre les Juifs étaient importantes aux Pays-Bas sous l’Occupation allemande. Le sous-officier SS Karl Silberbauer, qui procéda à l’arrestation des Frank en août 1944, fut totalement incrédule lorsque, interrogé sur la durée de leur vie recluse à l’annexe, Otto Frank lui répondit qu’ils étaient là depuis le mois de juillet 1942. Comme le SS ne semblait pas le croire, Otto lui indique alors sur le mur de nombreux traits horizontaux marqués à l'encre violette. Ces diverses lignes représentaient les tailles successives d'Anne et de sa sœur Margot depuis que les Frank avaient intégré leur cachette. 

Les images du reportage montrent le bâtiment situé à Amsterdam, sur les bords du Prinsengracht, l’un des principaux canaux de la ville, où se sont cachés les Frank. Il s’agit aujourd’hui d’un musée. Plusieurs plans permettent d’apercevoir la bibliothèque pivotante qui dissimulait l’accès de l’appartement secret aménagé dans l’annexe de l'entreprise Opekta située à l’arrière du bâtiment. Menacé de destruction après la guerre, ce bâtiment a pu être sauvegardé en 1957 grâce à une mobilisation initiée par Otto Frank afin de le conserver et de le rendre accessible au public. C’est en 1960 que fut inaugurée la maison d’Anne Frank, qui est aujourd’hui, avec plus d’un million et demi de visiteurs par an, le lieu le plus visité d’Amsterdam. Exposant la vie et l’époque d’Anne Frank, le musée est aussi un espace de mise en évidence de toutes les formes de persécution et de discrimination. On peut y voir quelques objets ayant appartenu à Anne Frank, notamment une carte du monde où la jeune fille notait la progression des Alliés et les défaites du Reich. Les marques destinées à mesurer l’évolution de sa taille ainsi que celle de sa sœur Margot sont toujours visibles sur l’un des murs de l’annexe.

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