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Commémoration du dernier convoi de déportés ayant quitté Lyon le 11 août 1944

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 août 2014 | Date d'évènement : 11 août 1944

Le 11 août 1944, le dernier convoi de déportés quittait la gare de Perrache à Lyon, emmenant vers l’Allemagne 650 détenus provenant essentiellement de la prison de Montluc. Pour la première fois, en 2014, ce convoi donne lieu à une commémoration à laquelle participent quelques survivants ainsi que les familles des personnes déportées. 

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
11 août 1944
Date de diffusion du média :
11 août 2014
Production :
France 3 Paris
Page publiée le :
13 sept. 2021
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004361

Contexte historique

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Du fait de son statut à la tête de la « région militaire France-Sud » (Heeresgebiet Südfrankreich), Lyon occupe une place centrale dans le système allemand de répression et de persécutions au sein de la zone sud à partir de novembre 1942 et de l’installation dans la ville des services militaires (état-major du général Niehoff) et policiers (Sipo-Sd dirigé successivement par Werner Rolf Mühler puis Werner Knab) de l’Occupant. En charge de la répression policière, le Sipo-Sd mène dans toute la région de Lyon (R1) une traque féroce contre les résistants et les maquis et multiplie les rafles de juifs, parmi lesquelles figure notamment la rafle des enfants de la maison d’Izieu en avril 1944. Le Sipo-Sd compte dans ses rangs Klaus Barbie, qui dirige la section IV (Gestapo) et sera surnommé après la guerre le « boucher de Lyon ». Principal bâtiment pénitentiaire de la ville, la prison militaire de Montluc est un lieu de détention important où sont internés de nombreux résistants.

La violence de la répression allemande à Lyon atteint son paroxysme au cours de l’été 1944, alors que les actes de résistance s’intensifient partout dans la région au lendemain du débarquement allié en Normandie. Le Sipo-Sd procède à l’application de mesures de représailles qui se traduisent par l’exécution de plusieurs centaines de prisonniers à Montluc. Ces exécutions entrent également dans le cadre de la liquidation des prisons lyonnaises surpeuplées et répondent aux ordres de l’état-major allemand en France qui veut éviter que les résistants emprisonnés ne puissent être libérés par les Alliés lorsqu’ils arriveront.

C’est dans ce contexte que se place le 11 août 1944 le dernier convoi de déportation au départ de Lyon. Quelques 650 détenus, principalement sortis de la prison Montluc mais aussi pour une centaine d’entre eux de la prison française de Saint-Paul, quittent Lyon pour être transférés vers les camps de transit parisiens. L’intensification des bombardements alliés et des actions de la Résistance empêchent ce transfert d’atteindre Compiègne, Drancy ou Romainville, d’où ces hommes, femmes et enfants devaient ensuite être déportés. Les Allemands décident alors que ce convoi rejoigne directement, en voitures de voyageurs, les camps de Natzweiler-Struthof en Alsace pour les hommes, de Ravensbrück pour les femmes et de Birkenau pour les juifs.

Dernier départ depuis Lyon, le convoi du 11 août 1944, qui devait initialement être un transfert vers les camps de la région parisienne, devient un convoi de déportation vers le Reich. Sa trajectoire insensée et sa progression acharnée en ont fait le symbole de l’extermination obstinée menée par les nazis jusqu’aux toutes dernières semaines de leur présence en France, avant que le pays ne soit libéré par les Alliés.

Éclairage média

Par Fabrice GrenardAgrégé et docteur en histoire, chef du département Recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance )

Longtemps tombé dans l’oubli, l’histoire du convoi du 11 août 1944 est mieux connue depuis le procès de Klaus Barbie qui s’est tenu à Lyon en 1987. Avec la rafle de l’UGIF  (Union générale des Israélites de France) le 9 février 1943 et celle des enfants de la maison d’Izieu le 6 avril 1944, le dernier convoi ayant quitté Lyon le 11 août 1944 constitua l’un des trois principaux éléments de l’accusation contre l’ancien chef de la section IV du Sipo-SD à Lyon. Après neuf semaines de procès devant la cour d’assise du Rhône, Klaus Barbie est reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à la prison à perpétuité. C’est la première fois que ce chef d’accusation est retenu en France. 

 C’est en 2014, à l’occasion des commémorations du soixante-dixième anniversaire de l’événement qu’une importante cérémonie est pour la première fois organisée en présence des familles des déportés à Lyon pour rappeler l’histoire de ce convoi. À cette occasion une exposition de 15 panneaux fut d’ailleurs réalisée pour retracer l’histoire de ce convoi si particulier, de son départ à la gare de Perrache jusqu’à son détournement vers l’Est. 

La présence de l’avocat Arno Klarsfeld rappelle le rôle de ses parents Beate et Serge pour permettre l’extradition de Barbie de Bolivie où il s’était réfugié après la guerre sous le nom de Klaus Altman afin que son procès puisse avoir lieu à Lyon. Le reportage nous montre également des images de la prison militaire de Montluc. Cette prison militaire créée en 1927 dans le fort de Montluc fut réquisitionnée par les Allemands en janvier 1943 et ce jusqu’au 24 août 1944. Lieu d’internement de près de 10 000 hommes, femmes et enfants durant l’occupation allemande, et notamment des enfants d’Izieu, de Jean Moulin et de Marc Bloch, la prison de Montluc fut un lieu emblématique des politiques de répression allemande dans la région de Lyon. De façon symbolique, Klaus Barbie sera d’ailleurs incarcéré à son arrivée en France en 1983 à la prison de Montluc sur ordre du ministre de la Justice Robert Badinter expliquant que quarante ans après ses crimes, c’est à Montluc que Barbie devait passer la nuit, seul, dans une cellule avec les ombres des êtres qu’il avait martyrisés. En 2010, l’ancienne prison a été transformée en mémorial national pour rendre hommage aux victimes de la répression et des persécutions nazies.

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