vidéo - 

Nécrologie de François Mitterrand, décédé en 1996

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 janv. 1996

Rétrospective sur la carrière de François Mitterrand, président de la République de 1981 à 1995, et figure de la vie politique des IVe et Ve Républiques, décédé le 8 janvier 1996.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 janv. 1996
Page publiée le :
05 janv. 2023
Modifiée le :
05 oct. 2023
Référence :
00000004908

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Né le 26 octobre 1916 à Jarnac (Charente), François Mitterrand a eu une carrière politique de premier plan sous la IVe République et sous la Ve République avant d’exercer la présidence de la République durant quatorze ans (1981-1995).

Issu d’une famille aisée, étudiant en droit et à l’École libre des sciences politiques (« Sciences po » Paris), il effectue son service militaire lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Fait prisonnier par l’armée allemande en juin 1940, il parvient à s’évader de son stalag en décembre 1941. Il s’établit en 1942 à Vichy, où il travaille au commissariat aux Prisonniers de Guerre. Décoré de la Francisque (la médaille du régime de Vichy) en 1943, il rejoint pourtant la même année la Résistance, au sein du Rassemblement national des prisonniers de guerre. En 1944, il crée le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, puis est nommé secrétaire général aux Prisonniers de guerre dans le gouvernement provisoire (mai-septembre 1944).

Après la guerre, il est élu député de la Nièvre en novembre 1946, conservant ensuite ce siège jusqu’en 1958 – puis encore de 1962 à 1981 – et adhère à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance. Il est onze fois ministre sous la IVe République, dont des Anciens combattants (1947-1948), de la France d’outre-mer (1950-1951), de l’Intérieur (1954-1955) et de la Justice (1956-1957).

Dès l’instauration de la Ve République en 1958, il s’impose en adversaire irréductible du général de Gaulle, dont il dénonce la pratique du pouvoir dans Le Coup d’État permanent (1964). Parvenu à devenir le candidat des partis de gauche à l’élection présidentielle de décembre 1965, il met de Gaulle en ballotage en obtenant 31,78 % des suffrages exprimés au premier tour. Au second tour, il est battu avec 44,80 % des voix contre 55,20 % au président sortant.

Devenu premier secrétaire du Parti socialiste en juin 1971 au congrès d’Épinay-sur-Seine, il signe avec le Parti communiste le Programme commun de gouvernement en juin 1972. Puis, à l’élection présidentielle de mai 1974, il échoue de très peu au second tour, réunissant 49,19 % des voix contre Valéry Giscard d’Estaing.

Le 10 mai 1981, François Mitterrand prend sa revanche : il remporte l’élection présidentielle avec 51,76 % des suffrages exprimés contre 48,24 % à Valéry Giscard d’Estaing. Pour la première fois depuis le début de la Ve République, le chef d’État est issu de la gauche. L’ancien adversaire irréductible du régime sait glisser sans transition […] dans la fonction présidentielle que de Gaulle avait taillée à sa propre mesure (Michel Winock) et va jusqu’à consolider les institutions de la Ve République.

De 1981 à 1983, avec son Premier ministre, Pierre Mauroy, il met en place une politique de gauche, marquée par plusieurs nationalisations et la mise en place de la décentralisation. Il fait adopter plusieurs lois de société, telles que l’abolition de la peine de mort, l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans, la réduction de la durée du travail à 39 heures et la 5e semaine de congés payés. Confronté à des difficultés économiques, il impulse en 1983 le tournant de la rigueur et nomme Laurent Fabius Premier ministre en 1984.

Après la défaite du PS aux élections législatives de 1986, François Mitterrand est contraint à la toute première cohabitation avec une majorité de droite, nommant Jacques Chirac Premier ministre. Mais parvenant à discréditer ce dernier, il est aisément réélu président de la République le 8 mai 1988 avec 54,02 % des voix contre 45,98 % à son Premier ministre. Durant son second septennat, avec Michel Rocard (1988-1991), Édith Cresson (1991-1992) et Pierre Bérégovoy à la tête du gouvernement, il œuvre pour l’instauration du Revenu minimum d’insertion, l’engagement de la France dans la guerre du Golfe et l’adoption du traité de Maastricht (1992). 

La fin de son second mandat présidentiel est plus difficile : elle est marquée par une deuxième cohabitation, avec Édouard Balladur (1993-1995) et par la dégradation de son état de santé. Plusieurs scandales éclatent, dont les révélations sur son rôle précis sous le régime de Vichy. Le livre du journaliste Pierre Péan, Une jeunesse française (Fayard, 1994), sur l’implication de François Mitterrand dans l’administration de Vichy, écorne son image de résistant. L’ouvrage suscite un débat parmi les historiens et permet de sortir du schéma manichéen admis jusqu’alors : soit on est résistant et dans l’action clandestine, soit on est vichyste. Le néologisme de vichysto-résistant est alors forgé : il désigne, selon l’historien Jean-Pierre Azéma, des patriotes, souvent anti-Allemands, qui rallient Vichy par admiration pour le maréchal ou pour préparer le relèvement du pays, puis qui s’aperçoivent plus ou moins tard de la nocivité du régime, ou de son échec. En couverture d’Une jeunesse française, Pierre Péan fait publier une image montrant François Mitterrand en compagnie du maréchal Pétain à Vichy, le 15 octobre 1942. À l’époque, le jeune fonctionnaire est un des représentants du centre d’entraide de l’Allier. Officiellement, cette association vichyste s’occupe du rapatriement des prisonniers de guerre. Mais grâce à cette couverture, François Mitterrand organise des filières d’évasion et fait fabriquer des faux papiers aux soldats détenus en Allemagne.

Quittant l’Élysée le 17 mai 1995, un an après cette polémique qui assombrit la fin de son second septennat, il s’éteint le 8 janvier 1996, à l’âge de 79 ans, des suites du cancer de la prostate dont il souffrait depuis 1981.

Bibliographie

L’Histoire, « Le dossier Mitterrand », n° 253, avril 2001.
Michel Winock, François Mitterrand, Gallimard, 2015.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce sujet consacré à François Mitterrand a été diffusé dans le journal télévisé de 20 heures de France 2 le jour de son décès, le 8 janvier 1996. France 2 avait alors consacré une édition spéciale à cette disparition. Elle était composée de sujets, de réactions en plateau de personnalités politiques (les anciens ministres Jacques Delors, Pierre Joxe, Simone Veil et François Léotard), de duplex (avec le premier secrétaire du Parti socialiste Lionel Jospin et avec François Dalle, ami de jeunesse de François Mitterrand et ancien président directeur-général de L’Oréal), ainsi que d’un micro-trottoir effectué auprès de passants.

D’une durée inhabituelle – plus de 6 minutes – attestant de l’importance revêtue par la disparition d’une des grandes figures de la vie politique française du XXe siècle, ce sujet prend la forme d’une rétrospective nécrologique classique : il retrace chronologiquement les grandes étapes de la carrière de François Mitterrand. Pour ce faire, le journaliste de France 2 Jean-Michel Mercurol propose un montage de différents supports. En l’absence d’images filmées, la première partie de la nécrologie est entièrement constituée d’une sélection de photographies. Ces clichés donnent à voir François Mitterrand enfant avec ses frères et sœurs, soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, prisonnier de guerre en Allemagne ou épousant Danielle Gouze en octobre 1944. Figure également la photographie de couverture de l’ouvrage Une jeunesse française (Fayard, 1994), qui a été particulièrement préjudiciable à François Mitterrand (voir le contexte historique ci-dessus).

Par la suite, pour illustrer la vie de François Mitterrand à partir de 1944, le sujet propose principalement des images d’archives filmées. Elles présentent les grands moments de sa carrière politique : sa candidature à l’élection présidentielle de 1965, le congrès du Parti socialiste à Épinay-sur-Seine en 1971, la signature du Programme commun avec le Parti communiste français en 1972, le débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 1974 avec Valéry Giscard d’Estaing, son élection à la présidence de la République le 10 mai 1981, la cérémonie au Panthéon à l’occasion de son investiture le 21 mai 1981 ou sa passation de pouvoir avec Jacques Chirac et son départ de l’Élysée le 17 mai 1995. 

D’autres images d’archives ne montrent pas François Mitterrand, mais visent à contextualiser son action, telles que celles du discours prononcé par le général de Gaulle au Forum d’Alger le 4 juin 1958 – avec le fameux Je vous ai compris – ou celles d’affrontements entre étudiants et policiers en mai 1968. La plupart des images d’archives de contextualisation illustrent ses deux mandats présidentiels (1981-1995), qu’il s’agisse de la manifestation des défenseurs de l’école libre en 1984, de la signature des accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie en 1988, du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, des cohabitations avec Jacques Chirac (1986-198) et avec Édouard Balladur (1993-1995) ou des obsèques de Pierre Bérégovoy en 1993.

Le sujet de France 2 propose aussi des extraits de discours de François Mitterrand : prononcés lors de la présentation du Programme commun le 12 juillet 1972, après sa victoire à l’élection présidentielle le 10 mai 1981 et lors d’un déplacement au Grand-Quevilly 17 janvier 1986 à propos de l’éventualité d’une cohabitation. Plusieurs extraits d’interviews de François Mitterrand sont également insérés, dont l’un à sa sortie de l’hôpital Cochin après son opération d’un cancer de la prostate en septembre 1992. Le dernier est issu de l’entretien qu’il avait accordé à Jean-Pierre Elkabbach sur France 2 le 12 septembre 1994, au sujet de son rôle à Vichy lors de la Seconde Guerre mondiale : il s’agissait alors pour François Mitterrand de se défendre après les révélations de Pierre Péan sur ses relations avec René Bousquet, haut fonctionnaire de Vichy, inculpé en 1991 pour crimes contre l’humanité.

Lieux

Thèmes

Sur le même thème