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La jeunesse à la pointe des manifestations contre le pouvoir algérien en 2019

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 mars 2019 | Date d'évènement : Mars 2019

À Alger, des jeunes Algériens manifestent contre l'annonce de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un nouveau mandat présidentiel et en faveur d'un vaste changement politique à la tête du pays. Une étudiante explique les raisons de sa participation à ce mouvement de contestation.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
Mars 2019
Date de diffusion du média :
28 mars 2019
Page publiée le :
20 oct. 2022
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000004914

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Entre 2019 et 2021, un mouvement de contestation pacifique sans précédent soulève une grande partie de la jeunesse algérienne contre le régime en place.

Le Hirak – « mouvement » en français – débute à la suite de l’annonce, le 10 février 2019, de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat lors de l’élection présidentielle du 18 avril suivant. Au pouvoir depuis 1999, le président de la République algérienne, âgé de 81 ans, était pourtant très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral survenu en 2013. Il n’avait depuis lors plus jamais pris la parole en public. Cette décision prise de présenter un Abdelaziz Bouteflika extrêmement diminué pour la magistrature suprême est perçue comme un camouflet par une grande partie de la jeunesse algérienne et comme le symbole ultime du mépris des dirigeants du Front de libération nationale (FLN) pour tout processus démocratique.

Ainsi, le vendredi 22 février 2019, plusieurs dizaines de milliers de jeunes descendent dans la rue à Alger et dans plusieurs autres villes du pays pour protester. Après le succès de cette journée inaugurale, Alger et les villes algériennes sont le théâtre de manifestations hebdomadaires durant plusieurs semaines. Si les manifestants défilent d’abord contre la nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika, ils expriment plus largement leur espoir d’un changement du système politique algérien et de sa démocratisation. Ces manifestations réunissent un nombre croissant de protestataires : ainsi, le 8 mars 2019, 5 millions de personnes dans toute l’Algérie. Si les manifestations de masse se déroulent chaque vendredi, d’autres défilés protestataires réunissent le mardi des étudiants, des avocats ou des médecins. Le tout dans une atmosphère pacifique et festive, brassant toutes les générations, même si la mobilisation est principalement portée par la jeunesse.

Face à cette pression inédite de la rue algérienne, il est annoncé dès le 11 mars 2019 qu’Abdelaziz Bouteflika renonce à briguer un cinquième mandat et que l’élection présidentielle est reportée sine die. Mais cette annonce ne parvient pas à éteindre la contestation populaire. De nouvelles manifestations massives sont alors organisées, réclamant cette fois le départ d’Abdelaziz Bouteflika.

Cela conduit le chef d’état-major de l’armée algérienne, le 26 mars 2019, à retirer son soutien au président de la République algérienne : le général Gaïd Salah demande la mise en œuvre de la procédure établissant son incapacité à exercer ses fonctions. Cette défection de l’armée, pierre angulaire du régime algérien depuis l’indépendance proclamée en 1962, contraint Abdelaziz Bouteflika à remettre sa démission le 2 avril 2019. Dès le soir même, des milliers d’Algérois célèbrent le départ de celui qui dirigeait le pays depuis vingt ans.

Ce succès n’empêche toutefois pas dès le 5 avril 2019 une foule immense de descendre pour le septième vendredi d’affilée dans la rue : les manifestants se mobilisent pour obtenir de réels changements politiques, à commencer par l’absence d’implication des fidèles de l’ancien chef d’État dans la transition politique. Par la suite, si la mobilisation populaire continue, elle s’atténue. La crise sanitaire du Covid-19 met un terme au Hirak durant un an, de mars 2020 à février 2021. Le régime, désormais dirigé par Abdelmadjid Tebboune, élu lors d’une élection présidentielle contestée en décembre 2019, s’emploie par ailleurs à étouffer toute velléité de contestation, dans la rue comme sur les réseaux sociaux : les condamnations pleuvent sur les protestataires, les militants et les journalistes.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce reportage a été diffusé au cours du journal télévisé de 20h de France 2 le 28 mars 2019, soit cinq semaines après la première manifestation ayant mobilisé la jeunesse algérienne contre l’annonce de la nouvelle candidature du président Abdelaziz Bouteflika. Composé principalement d’un commentaire sur images factuelles, il a été réalisé à Alger par des envoyés spéciaux de France 2.

Ceux-ci ont fait le choix de centrer leur reportage sur une jeune manifestante, Rima. Ce faisant, il s’agit de donner un visage à la jeunesse algérienne mobilisée depuis le 22 février 2019. Rima est ainsi filmée par l’équipe de France 2 lors d’une manifestation à Alger, de même que lors d’une réunion de préparation d’un défilé, lors de laquelle sont mis au point slogans et banderoles. Son témoignage, présenté à trois reprises au cours du reportage, permet également de donner à entendre les revendications des jeunes Algériens.

Le sujet montre par ailleurs l’apprentissage démocratique de ces étudiants, aussi bien à travers leur participation à une manifestation, qu’à travers leurs discussions. Tout en insistant sur le caractère pacifique de cette mobilisation, symbolisée par l’absence de violences sous le regard presque bienveillant des force de l’ordre. En fin de sujet, le plateau en situation de l’envoyée spéciale de France 2 à Alger, Lilya Melkonian, vise quant à lui à replacer le témoignage de Rima dans le cadre plus général du mouvement du Hirak.

Au cours du mois de mars 2019, ces manifestations algériennes ont constitué le premier sujet international traité par les journaux télévisés des principales chaînes de télévision françaises, avec 82 sujets diffusées dans leurs éditions du soir (voir Ina STAT n° 54, juin 2019).

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