Élections européennes de 2019 : victoire du Rassemblement national

Contexte historique

Le 26 mai 2019, le Rassemblement national (RN) arrive en tête des élections européennes : avec 23,34 % des voix, la liste conduite par Jordan Bardella, âgé de 23 ans, remporte 23 sièges au Parlement européen. C’est la seconde fois consécutive que le principal parti d’extrême droite en France remporte un scrutin national. Les précédentes élections européennes avaient en effet déjà été remportées par le Front national (FN), fondé et présidé par Jean-Marie Le Pen de 1972 à 2014 puis présidé par sa fille Marine jusqu’à son remplacement par le Rassemblement national en 2018 : en mai 2014, la liste FN conduite par Marine Le Pen avait obtenu 24 sièges en réunissant 24,86 % des voix. C’est d’ailleurs lors d’élections européennes, celles du 17 juin 1984, que le FN avait réalisé son tout premier coup d’éclat électoral : la liste menée par Jean-Marie Le Pen avait obtenu 10,95 % des voix, conquérant dix sièges au Parlement européen. En remportant les élections européennes de 2019, le RN confirme donc son enracinement au premier plan dans la vie politique française, deux ans après la défaite de Marine Le Pen à l’élection présidentielle contre Emmanuel Macron.

Le parti d’extrême droite devance toutefois de peu la liste soutenue par ce dernier : avec 22,42 %, la liste de La République en marche et du MoDem, conduite par l’ancienne ministre Nathalie Loiseau, remporte elle aussi 23 sièges. Comme lors de l’élection présidentielle de 2017, le paysage politique français se trouve donc dominé par La République en marche et le Rassemblement national.

Les écologistes d’Europe Écologie Les Verts (EELV) font néanmoins un bon score : avec 13,48 % des voix, la liste de Yannick Jadot obtient 13 sièges. En revanche, les deux anciens partis pivots de la Ve République, Les Républicains (LR) et le Parti socialiste (PS), essuient un nouvel échec cuisant, qui confirment leur déclin amorcé lors de l’élection présidentielle de 2017. En réunissant seulement 8,48 % des voix, ce qui leur octroie 8 sièges au Parlement européen, Les Républicains, conduits par François-Xavier Bellamy, obtiennent nettement moins de suffrages que l’UMP lors des élections européennes de 2014 (20,81 % des voix) et que François Fillon, pourtant très affaibli par un scandale, à l’élection présidentielle de 2017 (20 % des voix).

De son côté, deux ans après le score désastreux recueilli par Benoît Hamon à l’élection présidentielle de 2017 (6,36 % des voix), le PS confirme sa chute. Les socialistes, qui pour la première fois de leur histoire avaient laissé la direction de leur liste à un candidat de la société civile, l’essayiste Raphaël Glucksmann, fondateur du mouvement Place publique, n’obtiennent que 6,19 % des voix et 6 sièges.

Enfin, La France insoumise subit elle aussi un échec lors de ces élections européennes : la liste conduite par Manon Aubry ne recueille que 6,31 % des voix (6 sièges), très loin du bon score qu’avait réalisé Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 (19,58 % des voix).

Éclairage média

Diffusé le 27 mai 2019, dans le journal télévisé de 13h de France 2, au lendemain des élections européennes, ce sujet est entièrement consacré au Rassemblement national (RN) et à son succès électoral. Les résultats obtenus par les autres listes ne sont même pas évoqués : la rédaction de France 2 les a présentés dans un autre sujet.

L’essentiel du reportage donne donc à voir la célébration de la victoire du RN le soir du scrutin. Il propose des images classiques de liesse, filmées la veille par une équipe de France 2. On voit les militants du RN exulter : à l’annonce des résultats, ils crient de joie, applaudissent, lancent des on a gagné inspirés des compétitions sportives, agitent des drapeaux tricolores. Puis, plus tard dans la soirée, ces militants célèbrent le succès de leur parti, en dansant et en buvant du champagne.

De manière également habituelle, le reportage de France 2 comprend deux extraits de discours prononcés par les principaux représentants du camp vainqueur, Jordan Bardella, qui conduisait la liste RN aux élections européennes, puis Marine Le Pen, présidente du parti d’extrême droite. Le sujet s’ouvre aussi sur des interviews de deux autres dirigeants du RN, réalisées le lendemain matin devant le siège du RN, à Nanterre, celles du vice-président du parti Steeve Briois et du député du Nord Sébastien Chenu.

Ne se contentant pas de proposer des séquences électorales somme toutes classiques, le reportage de France 2 évoque également le succès récurrent aux élections européennes du parti d’extrême droite fondé par Jean-Marie Le Pen sous l’étiquette du Front national (FN), ensuite repris par Marine Le Pen sous l’appellation de Rassemblement national. Cette réussite de l’extrême droite française aux élections européennes est illustrée par des images d’archives datant du 18 juin 1984 montrant un Jean-Marie Le Pen qui fend la foule de militants du FN en liesse, ainsi que par une infographie des résultats du FN/RN à tous les scrutins européens de 1984 à 2019. À aucun moment, le commentaire n’avance cependant la moindre tentative d’explication sur les raisons des succès de l’extrême droite française aux élections européennes. Le sujet ne répond jamais à la question pourtant posée par le présentateur du journal télévisé de France 2, Jean-Baptiste Marteau, dans son lancement plateau : Alors, pourquoi les européennes réussissent-elles autant à la droite nationaliste ?.