Discours enflammé de la militante écologiste Greta Thunberg au sommet de l’ONU sur le climat

Contexte historique

Jeune militante écologiste suédoise née en 2003, Greta Thunberg est devenue une icône de la lutte contre le réchauffement climatique à partir de 2018. Elle se fait connaître le 20 août 2018, à l’âge de quinze ans, lorsqu’elle s’assoit devant le Parlement suédois, à Stockholm, afin de protester contre l’inaction face au changement climatique. Alors que la Suède vient de connaître l’un des étés les plus chauds de son histoire, elle déclare entamer une grève de l’école jusqu’aux élections législatives du 9 septembre 2018. Nous, les enfants, nous ne faisons souvent pas ce que vous dites, mais ce que vous faites. Puisque vous vous foutez de mon futur, moi aussi, écrit-elle sur les réseaux sociaux à l’adresse des dirigeants suédois, leur demandant de réduire les émissions de dioxyde de carbone.

Par la suite, en novembre 2018, elle lance une grève scolaire pour le climat : cette opération, nommée « Vendredis pour le futur » (« Fridays for Future ») vise à encourager les jeunes à ne pas aller à l’école le vendredi pour dénoncer l’inaction des dirigeants politiques face à l’imminence de la catastrophe écologique. Très rapidement, cette grève scolaire inspire la jeunesse de nombreux pays occidentaux. Ainsi, le 15 mars 2019, plus d’un million de jeunes descendent dans la rue dans des villes européennes, canadiennes, australiennes et étasuniennes.

Devenue un symbole de la révolte de la jeunesse mondiale contre l’inaction des États face au changement climatique, Greta Thunberg porte ce combat dans de nombreux congrès et forums, n’hésitant pas à interpeller très vivement les responsables politiques. Ainsi, en décembre 2018, à la tribune de la COP24 de Katowice, elle leur déclare : Le changement arrive, que cela vous plaise ou non. Puis, en janvier 2019, aux patrons et responsables politiques présents au Forum économique mondial de Davos, elle lance : Je veux que vous paniquiez. Je veux que vous agissiez comme si votre maison était en feu parce qu’elle l’est.

Sa prise de parole la plus marquante a lieu lors du sommet de l’ONU sur l’urgence climatique, organisé le 23 septembre 2019 à New York. Invitée par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, elle s’y rend sur un voilier neutre en carbone et y prononce un discours retentissant. La jeune Suédoise s’emporte alors contre les dirigeants du monde entier, condamnant leur inaction face au changement climatique : Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses, les accuse-t-elle. La gorge serrée, elle les interpelle rageusement : Les gens souffrent, les gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent et du conte de fées d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? . Et de mettre en garde les chefs d’État et de gouvernement présents : Vous nous avez laissés tomber. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis : nous ne vous pardonnerons jamais. Nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça.

Désignée « personnalité de l’année » en 2019 par le magazine Time, Greta Thunberg suscite cependant un déferlement de critiques, parfois même violentes. Ses opposants dénoncent en effet sa radicalité ou bien cherchent à la décrédibiliser, comme le fait notamment le président des États-Unis Donald Trump. Ces critiques n’empêchent pas la militante suédoise de poursuivre son engagement. Ainsi dénonce-t-elle, en septembre 2021, lors du sommet des Jeunes sur le changement climatique, à Milan, les trente années de bla-bla sur le climat proféré par les dirigeants du monde, les accusant de nouveau d’avoir noyé les espoirs de la jeunesse dans leurs promesses creuses. De même fustige-t-elle l’incapacité des dirigeants à trouver un accord à la COP26 de Glasgow, en novembre 2021 : Nos rois sont nus. L’Histoire les jugera sévèrement.

Éclairage média

Le 23 septembre 2019, dans son journal télévisé de 20h, France 2 consacre un reportage au discours de Greta Thunberg, prononcé le même jour lors du sommet de l’ONU sur l’action climatique, à New York. Il donne ainsi principalement à voir la colère qui anime la jeune militante écologiste suédoise face à l’inaction des dirigeants mondiaux face au réchauffement climatique.

Cette colère, d’ailleurs évoquée dans le titre donné au sujet par la rédaction de France 2, apparaît perceptible dès le tout début du sujet. Un plan saisissant montre en effet Greta Thunberg qui ne parvient pas à dissimuler sa colère à l’égard du président des États-Unis Donald Trump : se trouvant sur son passage à son arrivée au sommet de l’ONU, la militante écologiste dévisage le dirigeant américain d’un regard noir, la mâchoire serrée, tandis que lui ne semble même pas l’apercevoir. Offrant l’œil combatif et la mine renfrognée face à Donald Trump, selon les mots du Loïc de La Mornais, correspondant permanent de France Télévisions aux États-Unis, Greta Thunberg semble exprimer toute sa rage à l’égard de celui qui a retiré en 2017 les États-Unis de l’accord de Paris de 2016 sur le climat. Cette scène est rapidement devenue virale sur le réseau social Twitter.

La colère de Greta Thunberg apparaît également très visible dans l’extrait de son discours prononcé lors de l’ouverture du sommet de l’ONU et diffusé dans le sujet de France 2. S’exprimant depuis sa chaise à la tribune, elle s’emporte contre les dirigeants du monde entier, fustigeant leur inaction face au réchauffement climatique : Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses, les accuse-t-elle directement. Sa rage et son émotion affleurent dans son discours, notamment lorsque, la voix tremblante mais forte, elle interpelle les dirigeants mondiaux par un vibrant Comment osez-vous ?.

Après son discours, Donald Trump réagit sur Twitter par un tweet ironique et provocateur : Elle semble être une jeune fille très heureuse qui attend un avenir brillant et merveilleux. Si agréable à voir. Par la suite, le président américain continue de railler régulièrement Greta Thunberg. Ainsi, en décembre 2019, à la suite de la désignation de la jeune militante suédoise comme personnalité de l’année par le magazine Time, Donald Trump tweete :  C’est ridicule. Greta doit apprendre à gérer sa colère et puis aller voir un bon vieux film avec un ami. Détends-toi, Greta, détends-toi !. Un an plus tard, en novembre 2020, en réponse à un tweet du président américain appelant à ARRÊTER LE COMPTAGE en lettres capitales – il parlait des votes de l’élection présidentielle qu’il était en train de perdre contre Joe Biden –, Greta Thunberg prend sa revanche en lui envoyant exactement le même tweet : Détends-toi, Donald, détends-toi !.