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La carrière politique de Valéry Giscard d’Estaing

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 déc. 2020 | Date d'évènement : 02 déc. 2020

Rétrospective de la carrière de Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981, décédé le 2 décembre 2020.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
02 déc. 2020
Date de diffusion du média :
03 déc. 2020
Page publiée le :
03 mai 2023
Modifiée le :
26 sept. 2023
Référence :
00000004946

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Valéry Giscard d’Estaing est né le 2 février 1926 à Coblence, en Allemagne (son père y est directeur des finances du haut-commissariat français en Rhénanie). Après avoir pris part aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne en 1944 et 1945, il réussit le concours de l’École polytechnique en 1946, puis rentre à l’École nationale d’administration (ENA) en 1949. Devenu inspecteur des finances en 1951, il entre ensuite dans un cabinet ministériel en 1954 comme chargé de mission auprès du ministre des Finances Edgar Faure, avant de devenir en 1955 directeur adjoint du cabinet de ce dernier, devenu président du Conseil.

Engagé en politique, il est élu député du Puy-de-Dôme en 1956. Par la suite, il est réélu jusqu’en 1973. Il occupe également des fonctions ministérielles, sous la présidence du général de Gaulle : il est secrétaire d’État aux Finances de 1959 à 1962, puis ministre des Finances de 1962 à 1966. Non reconduit dans le nouveau gouvernement Pompidou en 1966, il devient président des Républicains indépendants, parti créé cette même année. Après avoir soutenu la candidature victorieuse de Georges Pompidou à l’élection présidentielle de 1969, il retrouve le poste de ministre de l’Économie et des finances de 1969 à 1974.

Après le décès de Georges Pompidou le 2 avril 1974, il se porte candidat à l’élection présidentielle. Au premier tour, il arrive en deuxième position avec 32,60 % des voix : devancé par François Mitterrand, le candidat de l’Union de la gauche, qui réunit 43,25 % des voix, il distance nettement le candidat gaulliste, Jacques Chaban-Delmas (15,11 %). Le 19 mai 1974, il est élu président de la République avec 50,81 % des suffrages exprimés contre 49,19 % pour François Mitterrand. Devenu à 48 ans le président de la République le plus jeune depuis Jean Casimir-Perier en 1894, il nomme le gaulliste Jacques Chirac Premier ministre.

Partisan d’une « société libérale avancée » et souhaitant répondre à une partie des revendications exprimées en 1968, il met en œuvre plusieurs réformes libérales dès le début de son septennat : abaissement de l’âge de la majorité de 21 à 18 ans en juillet 1974, création d’un secrétariat d’État à la Condition féminine (confiée à la journaliste Françoise Giroud), autorisation de l’interruption volontaire de grossesse par la loi Veil de janvier 1975, instauration du divorce par consentement mutuel en juillet 1975, loi Haby sur le collège unique en juillet 1975, extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel aux parlementaires. Il mène également une politique européenne active, au côté du chancelier allemand Helmut Schmidt : il obtient la création du Conseil européen en 1974, la mise en place du système monétaire européen et l’élection du Parlement européen au suffrage universel en 1979.

La démission du Premier ministre Jacques Chirac, en août 1976, suivie de la fondation du RPR en décembre 1976, constitue un tournant dans le septennat. Dès lors, les gaullistes attaquent régulièrement le gouvernement et l’Union pour la démocratie française (UDF), créée en février 1978 pour soutenir le président. Raymond Barre, nommé Premier ministre en août 1976, ne parvient pas à résoudre la crise économique qui s’amplifie avec une inflation et une forte hausse du chômage. V. Giscard d’Estaing adopte alors une politique sécuritaire, symbolisée par la loi « sécurité et liberté » de février 1981. Il se retrouve en outre éclaboussé par l’affaire des diamants : en octobre 1979, Le Canard enchaîné révèle qu’en 1973 le président centrafricain Jean-Bedel Bokassa avait offert une plaquette de diamants à Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, dans le cadre d’une de ses parties de chasse en Centrafrique. Cette affaire, dans laquelle Valéry Giscard d’Estaing se défend mal, empoisonne la fin de son mandat, ainsi que sa campagne pour l’élection présidentielle de 1981.

Le 26 avril 1981, il arrive certes en tête du premier tour, avec 28,3 % des voix, devant le socialiste François Mitterrand (25,8 %) et le président du RPR Jacques Chirac (18 %). Mais victime du refus de ce dernier de le soutenir, de ses maladresses et de son incapacité à juguler la crise économique, Valéry Giscard d’Estaing est battu au second tour : le 10 mai 1981, il n’obtient que 48,24 % des voix contre 51,76 % pour François Mitterrand, élu président de la République.

Après son échec présidentiel, il se retire quelque temps de la vie politique avant d’être élu conseiller général du Puy-de-Dôme en mars 1982, dans le canton de Chamalières. Il retrouve aussi un siège de député du Puy-de-Dôme en septembre 1984. Président du conseil régional d’Auvergne de 1986 à 2004, il prend la direction de l’UDF de 1988 à 1996. Tête de la liste d’union UDF-RPR qui remporte les élections européennes de 1989, il devient député européen jusqu’en 1993. À cette date, il quitte le Parlement européen pour retrouver une nouvelle fois l’Assemblée nationale comme député du Puy-de-Dôme jusqu’en 2002. En outre, de 2001 à 2003, il préside la Convention sur l’avenir de l’Europe, dont l’objectif est de rédiger une Constitution européenne.

Battu aux élections régionales en 2004, il quitte la vie politique active. Il siège dès lors au Conseil constitutionnel, dont il est membre de droit depuis son départ de l’Élysée, ainsi qu’à l’Académie française, où il a été élu en 2003.

Le 2 décembre 2020, il s’éteint à Authon (Loir-et-Cher), à l’âge de 94 ans, des suites du Covid-19.

Bibliographie

Serge Berstein, René Rémond, Jean-François Sirinelli (dir.), Les Années Giscard, 4 volumes, Fayard, 2003-2010.

Sylvie Guillaume, « Valéry Giscard d’Estaing », dans Jean-François Sirinelli (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française, PUF, 1994.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Le 3 décembre 2020, France 3, comme toutes les autres chaînes, accorde une très large part de ses journaux télévisés à la disparition de Valéry Giscard d’Estaing, survenue la veille. Quasiment l’intégralité du 19.20 porte ainsi sur le décès de l’ancien président de la République

Placé en deuxième position du 19.20, après un reportage consacré au décès de l’ancien président de la République dans le petit village d’Authon, dans le Loir-et-Cher, le présent sujet prend la forme d’une rétrospective nécrologique classique : il retrace la carrière politique de Valéry Giscard d’Estaing par un commentaire de la journaliste Astrid Mezmorian sur des images d’archives.

Les premiers plans du sujet donnent à voir les deux moments les plus importants de la carrière de Valéry Giscard d’Estaing, séparés exactement par sept années. D’abord, le jour de son élection à la présidence de la République, le 19 mai 1974 : le soir du scrutin, après l’annonce de sa victoire contre François Mitterrand, Valéry Giscard d’Estaing salue la foule l’acclamant, depuis le balcon de son quartier général de campagne, rue de la Bienfaisance à Paris. Second moment marquant de sa carrière, choisi pour ouvrir le sujet de France 3, le discours d’adieu de Valéry Giscard d’Estaing, prononcé depuis le palais de l’Élysée, le 19 mai 1981. Dix jours après sa défaite contre François Mitterrand et à deux jours de la passation de pouvoirs avec celui-ci, le chef de l’État dit « au revoir » aux Français, dans une mise en scène soignée de son départ restée fameuse : après un silence de sept secondes, il quitte la pièce par la porte du fond, laissant une chaise vide, une minute, au son de La Marseillaise.

Après cette séquence introductive, le sujet présente les principales étapes de la carrière politique de Valéry Giscard d’Estaing de manière chronologique en s’appuyant sur des plans filmés d’archives ainsi que sur quelques photographies. Il se concentre surtout sur sa présidence entre 1974 et 1981 et en évoque les moments les plus significatifs. On voit notamment Valéry Giscard d’Estaing le jour de son investiture, le 27 mai 1974, remontant les Champs-Élysées à pied, pour aller fleurir la tombe du Soldat inconnu et ranimer la flamme sous l’Arc de Triomphe. On le voit également éviter sciemment de serrer la main de Jacques Chirac, son Premier ministre, alors qu’il salue tous les autres ministres. Cette scène s’est déroulée le 5 juin 1974, juste avant le deuxième conseil des ministres de son gouvernement, au palais de l’Élysée, dans le salon Murat. Or, dans le sujet, cette scène sert à illustrer « le temps de la discorde » (Astrid Mezmorian) entre le chef de l’État et son Premier ministre. Pourtant, leur conflit ne se développe véritablement qu’à partir de 1975. Là, au moment de la scène de la « non-poignée de mains », cela ne fait qu’une semaine que Jacques Chirac a été nommé chef de gouvernement après avoir soutenu la candidature présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing contre celle du gaulliste Jacques Chaban-Delmas, et son opposition au chef de l’État n’est pas encore manifeste.

Parmi les nombreuses images d’archives sélectionnées pour ce sujet de France 3 figurent deux extraits célèbres : ceux de phrases mémorables de Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand lors des deux débats télévisés d’entre-deux-tours des élections présidentielles qui ont les opposés en 1974 et 1981. La première – « Vous n’avez pas, Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur, vous ne l’avez pas » – a été prononcée par Valéry Giscard d’Estaing lors du débat du 10 mai 1974. La seconde – « C’est quand même ennuyeux que dans l’intervalle, vous soyez devenus vous l’homme du passif ! » – l’a été par son adversaire lors du débat du 5 mai 1981.

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