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« Mein Kampf » tombe dans le domaine public en 2016

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 28 oct. 2015

La réédition de Mein Kampf, l'un des livres les plus sulfureux de toute l'histoire du XXe siècle, véritable pamphlet antisémite qui contient l'exposé de la « pensée » folle de son auteur, Adolf Hitler, fait débat. Les droits du livre tombent en effet dans le domaine public en janvier 2016. Autrement dit, n'importe quelle maison d'édition pourra s'en emparer. Certains s'en inquiètent, d'autres jugent cette publication nécessaire et parlent d'un document d'histoire.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
28 oct. 2015
Page publiée le :
10 janv. 2023
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000005244

Contexte historique

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Mein Kampf (« Mon combat » en allemand) est un livre rédigé à partir de 1924 par Adolf Hitler avant qu'il ne devienne chancelier du Reich en 1933 et dans lequel il développe sa vision du monde et des relations internationales.
Chaque Français devrait lire ce livre, écrit à son sujet le maréchal Lyautey en 1934, non par rapport à l'antisémitisme du propos ou par adhésion aux thèses développées par son auteur, mais parce qu'il révèle les ambitions belliqueuses et pangermanistes [qui relève du mouvement visant à regrouper sous une même autorité politique les peuples d'origine germanique] de celui qui, entre-temps, est parvenu à la tête de l'Allemagne.
L'ouvrage, publié en Allemagne en 1925, est donc traduit une première fois en français, en 1934, par les Nouvelles éditions latines, puis une deuxième fois, en 1938, par les éditions Fayard, mais, cette fois, dans une version expurgée et inexacte. En 1934, la version publiée par les Nouvelles éditions latines est une traduction opérée sans le consentement de l'auteur. En 1938, Fayard demande l’autorisation d’Hitler, mais doit, pour cela, accepter un droit de regard du Führer sur son texte. Or, celui-ci ne souhaite pas voir les passages les plus francophobes de son ouvrage révélés au public français. La version autorisée est donc délibérément tronquée. En 1979, l'ouvrage n'ayant pas été retiré du catalogue des Nouvelles éditions latines, la maison d'édition est condamnée en première instance pour « incitation à la haine raciale », puis finalement relaxée avec obligation d'insérer, en début d'ouvrage, un texte mettant en garde le lecteur.
En 2016, le livre tombe dans le domaine public et les éditions Fayard annoncent leur intention d'en publier une nouvelle traduction, celle-ci strictement conforme au texte original et assortie d'un important appareil critique rédigé par une commission d'historiens. Cette annonce suscite d'importantes controverses entre partisans et opposants de la réédition, les uns faisant valoir l'intérêt scientifique et historique de ce travail, les autres s'inquiétant de ce qu'ils considèrent comme une promotion des idées racistes et ultranationalistes. L'ouvrage sort finalement en juin 2021, sous le titre Historiciser le mal et les droits sont reversés par Fayard à la fondation Auschwitz-Birkenau.

Éclairage média

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Le reportage, diffusé le 28 octobre 2015 dans le journal de 20 heures de France 2, évoque le prochain passage dans le domaine public de Mein Kampf. Soixante-dix ans après la mort d’Hitler, plus rien ne s'oppose légalement à la réédition du « pamphlet antisémite » du dictateur. Le reportage revient sur la controverse d’ordre moral : Faut-il s'opposer à la réédition de cet ouvrage ?

En commençant par rappeler la nature du livre, son contenu antisémite et la place structurante qu'il occupe dans l'idéologie nazie, le journaliste alerte sur le côté transgressif d'une éventuelle réédition. Il précise cependant rapidement les précautions méthodologiques qui accompagneraient cette nouvelle diffusion de Mein Kampf, un important appareil critique mettant en garde le lecteur et contextualisant l'ouvrage.

Le reportage présente alors deux avis opposés, mais ceux-ci sont en partie liés aux statuts différents dans la vie publique de chacun des interviewés : pour Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin (mars 2000-mai 2002) et homme politique de gauche, publier c'est diffuser, en l'occurrence des idées racistes et commencer à convaincre. Il dénonce donc la publicité faite aux idées nazies. Pour Denis Peschanski, historien et chercheur, il est au contraire important de pouvoir analyser un livre qui a structuré l'imaginaire collectif des Allemands de 1925 à 1945.

Le reportage, diffusé le date du 28 octobre 2015 dans le journal de 20 heures de France 2, et évoque le prochain passage dans le domaine public de Mein Kampf. De fait, 70 ans après la mort d’Hitlerde son auteur, plus rien ne s'oppose légalement à la réédition du « pamphlet antisémite » du dictateur. Le journal de 20h de France 2 reportage revient sur la met toutefois en scène une controverse d’ordre moral [Arnaud1] : « faut-il s'opposer à la réédition de cet ouvrage » ?

En commençant par rappeler la nature du livre, son contenu antisémite et la place structurante qu'il occupe dans l'idéologie nazie, la voix off le journaliste alerte sur implicitement sur l'ignominie de l'ouvrage et le côté transgressif d'une éventuelle réédition. Le téléspectateur est toutefois vite rassuré par l'exposé Il précise cependant rapidement les précautions méthodologiques qui accompagneraient cette nouvelle diffusion de Mein Kampf, un important appareil critique mettant en garde le lecteur et contextualisant l'ouvrage.

Le reportage présente alors deux avis opposés, mais ceux-ci sont en partie liés aux statuts différents dans la vie publique  de chacun des interviewés: pour Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre délégué à l’Enseignement professionnel dans le gouvernement Jospin (mars 2000-mai 2002) et homme politique de gauche, « publier c'est diffuser », en l'occurrence des idées racistes, et « commencer à convaincre ». Il dénonce donc la publicité faite aux idées nazies. Pour Denis Peschanski, historien et chercheur, il est au contraire important de pouvoir analyser un livre qui a structuré l'imaginaire collectif des Allemands de 1925 à 1945.

Le reportage finit d'orienter l'avis du téléspectateur en évoquant la publication, par l'Allemagne elle-même, d'une prochaine version pédagogique commentée du document, en expliquant que l'ouvrage est de toute façon, déjà, très largement diffusé (mais en ne reprenant curieusement que des chiffres de diffusion antérieurs à 1945) et en mentionnant, surtout, également l'existence d'une traduction en hébreu.

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