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La règle du jeu de François Morellet

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 févr. 2000

François Morellet, père de l'abstraction géométrique, explique ici sa règle du jeu pour concevoir des œuvres.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
05 févr. 2000
Copyright :
1999
Page publiée le :
02 mars 2023
Modifiée le :
26 déc. 2023
Référence :
00000005346

Contexte historique

Par Hervé BrunetProfesseur de mathématiques et conseiller pédagogique numérique )

François Morellet est né à Cholet en 1926. Comment classer cet artiste abstrait, qui refusait les étiquettes et maniait le second degré comme une arme de dérision massive ? On dit qu’il est un précurseur du minimalisme, ce minimal art né dans les années 1960 aux États-Unis. En effet, dès 1952, François Morellet réalise des œuvres sans grand moyen, basées sur l’abstraction et la géométrisation. Il peint alors des formes simples (lignes, carrés, triangles, bandes de couleur) de façon répétitive. D’autres critiques classent volontiers son art dans le sillage de l'op art (art optique) et de l’art cinétique : il est vrai que sa participation au Groupe de recherche d’art visuel (GRAV) ou Nouvelle Tendance peut le rattacher à ces mouvements.

Autodidacte, Morellet est un artiste original, en décalage. Il reste jusqu’en 1975 à la tête de l’entreprise familiale –une usine de jouets – à Cholet tout en participant à l’art de son temps. Il commence à peindre en 1947. La découverte de Mondrian, puis celle de Max Bill et de l’art concret au début des années 1950 le conduit à opter pour la géométrie. Sa double activité (d’entrepreneur et de peintre) est peut-être à l’origine de la distance qu’il met en œuvre dans son art, ne se prenant jamais au sérieux et mettant en cause l’acte de création. Pour créer, il développe au préalable des systèmes, en appelle au hasard et revendique une dimension ludique. Cet artiste, qui se qualifiait de rigoureux rigolard, soigne les titres de ses peintures et sculptures. Ainsi, Répartition aléatoire de 40 000 carrés suivant les chiffres pairs et impairs d'un annuaire de téléphone (1961) mêle le ton neutre et froid d’une notice de montage et l’ ironie d’un plaisantin.

Membre fondateur en 1960 du Groupe de recherche d’art visuel (GRAV – avec entre autres Julio Le Parc, Jean-Pierre Yvaral), il a multiplié les types d’intervention plastique, depuis la peinture sur châssis jusqu’aux projets dans la ville et l’architecture. Il commence à cette période à employer le néon, matériau industriel. En 1967, son installation Néons avec programmation aléatoire, poétique, géométrique montre trois carrés laissant apparaître, selon les allumages aléatoires, les mots « nul », « non », « cul » ou « con ».

Au début des années 2000, Morellet jouit d’une reconnaissance tardive qui se manifeste par un nombre important de commandes publiques et privées en France et en Allemagne. Il est, en 2010, le deuxième artiste à concevoir de son vivant une œuvre pérenne dans un lieu culturel des plus classiques : le Louvre. On lui doit aussi une centaine d'installations dans le monde. Morellet a continué à travailler jusqu'à sa mort en 2016 à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui une riche contribution à l'histoire de l'art.

Éclairage média

Par Hervé BrunetProfesseur de mathématiques et conseiller pédagogique numérique )

Dans cet extrait du documentaire intitulé François Morellet, diffusé sur FR3 le 5 février 2000, on voit l'artiste et son interviewer, Daniel Soutif, tester sur un ordinateur un générateur de « Pi piquant » inspiré de l’œuvre du même nom. 
Les deux hommes changent les paramètres pour générer une œuvre qu’ils considèrent « plus belle », allant à l’encontre des systèmes rigides et intangibles que Morellet a pour habitude de fixer. L’assistance d’un ordinateur semble autoriser François Morellet à jouer avec la régénération des productions.
En évoquant son système, François Morellet se dédouane de faire des choix personnels : il a choisi Pi comme il aurait pu utiliser l’annuaire (ce qu’il a fait pour d’autres œuvres). Pi est présenté comme une base de données conséquente, puisqu’il s’écrit avec un nombre infini de décimales. 
La réalisation des œuvres de Morellet par ses assistants est justifiée comme une volonté de rejoindre d’autres formes d’art où l’exécution n’est pas primordiale. François Morellet veut se détacher de la simple exécution de l’œuvre qui, pour lui, prend trop de place pour lui dans les arts plastiques, au détriment de la conception.

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