Vietnam : la bataille de Ia-Drang

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 janv. 1966 | Date d'évènement : 14 nov. 1966

L'émission Cinq colonnes à la une reprend un reportage diffusé sur la chaîne américaine CBS consacré à la sanglante bataille de la vallée de Ia-Drang, près de Plei Me, au Vietnam. Pour la première fois, le public américain se rend compte de la réalité d'une guerre où les troupes américaines se trouvent directement engagées. Les officiers étasuniens interviewés ne cachent pas qu'ils ne peuvent plus compter sur les combattants du Sud-Vietnam.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Cinq Colonnes à la une
Date de l'évènement :
14 nov. 1966
Date de diffusion du média :
07 janv. 1966
Production :
@ 1966 -  Columbia Broadcasting System (CBS)
Page publiée le :
28 août 2024
Modifiée le :
28 août 2024
Référence :
00000005347

Contexte historique

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Le Vietnam constitue la partie orientale de la péninsule indochinoise, un espace progressivement colonisé par les Français à partir de 1858. Son indépendance est formellement proclamée le 2 septembre 1945, jour de la capitulation japonaise, par le leader nationaliste et communiste vietnamien Hô Chi Minh.

De 1945 à 1954, une guerre de libération oppose la branche armée du mouvement nationaliste vietnamien, le Vietminh, militairement soutenu par la Chine communiste à partir de 1949, aux troupes françaises. Ce conflit s'achève avec la signature des accords de Genève, qui entérinent la fin de l'Indochine coloniale et la division provisoire du Vietnam de part et d'autre du 17ᵉ parallèle.

La république populaire du Vietnam, au nord, s'oppose alors à la république du Vietnam, au sud. La première est communiste, la seconde soutenue par les États-Unis. Dès 1955, des conseillers militaires américains sont envoyés au Sud-Vietnam pour aider celui-ci à faire face aux activités de ses opposants marxistes du Front de libération national (appelés péjorativement « Vietcong »). Il s'agit alors, pour les États-Unis, de lutter contre la progression de l'influence communiste en Asie, dans un contexte de guerre froide qui fait passer au second plan les aspirations nationales des peuples.

La corruption, les luttes de factions et l'impéritie du gouvernement sud-vietnamien le rendent incapable de s'opposer efficacement au Vietcong, d'autant que celui-ci est soutenu par des infiltrations de troupes régulières du Nord-Vietnam. Dans ces conditions, la survie du régime dépend de l'aide militaire et économique que les États-Unis lui accordent, l'implication militaire de ceux-ci allant crescendo.

En août 1964, un incident naval opposant les marines américaine et nord-vietnamienne ouvre la voie à un engagement militaire massif des États-Unis et, à la fin de l'année 1965, plus de 180 000 soldats américains sont présents au Vietnam, engagés dans des opérations militaires de soutien au régime de Saïgon.

Éclairage média

Par Arnaud Papillonprofesseur agrégé d'histoire )

Ce reportage de 1966 est diffusé par CBS, grande chaîne d'information télévisée dont les reportages modèlent alors l'opinion publique américaine. Il illustre l'engagement militaire au Sud-Vietnam en retraçant le déroulement du premier affrontement majeur opposant l'armée des États-Unis à celle du Nord-Vietnam, la bataille de Ia Drang, qui fait suite au siège de Plei Me, en octobre-novembre 1965. Pour la première fois, le grand public américain est mis en face de la réalité d'une guerre dans laquelle ses soldats se trouvent directement engagées.

Le ton est grave, voire dramatique. Le présentateur parle de 240 tués, des pertes qui « en une seule semaine excédaient celles de la guerre de Corée ». Les Américains ayant perdu 33 000 hommes en Corée, on peut ici présumer d'une erreur de traduction. Une « guerre totale » est cependant bien évoquée.

De fait, les images montrent l'utilisation de toute la panoplie conventionnelle dont l'armée américaine dispose alors : artillerie, chasseurs bombardiers, hélicoptères, blindés et usage de bombes au napalm garantissent à l'infanterie un soutien décisif dans les combats qu'elle mène au sol.

Cette supériorité technologique et les lourdes pertes infligées à l'ennemi ne peuvent toutefois rassurer pleinement une opinion publique qui découvre avec ce reportage la réalité meurtrière de la guerre, la valeur combative de l'adversaire (« les meilleurs soldats que j'ai jamais vus » d'après l'officier américain interviewé) et, inversement, le peu de fiabilité militaire de l'allié sud-vietnamien (« je ne veux rien dire en ce qui concerne les Vietnamiens de notre camp », selon le même officier).

Si le commentaire est révélateur de certains à priori racistes  (ils étaient partout comme des fourmis), il replace bien la bataille dans le cadre d'un affrontement plus large contre les communistes et, en relevant que ce sont des régiments réguliers nord-vietnamiens qui ont mené l'attaque (« une nouvelle armée »), annonce l'escalade à venir du conflit.

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