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Israël : des Juifs du Maghreb émigrent vers la « Terre promise »

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 déc. 1962 | Date d'évènement : 1962

Au lendemain des indépendances en Afrique du Nord, une partie de la communauté juive sépharade choisit de rejoindre Israël. Dans ce reportage, Maurice Seveno les suit depuis le camp de transit de l'Arénas à Marseille jusqu'au kibboutz d'Haïfa et aux ruelles de Saint-Jean-d'Acre, où enfants et adultes témoignent de leur nouvelle vie.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Générique :
Seveno Maurice (Journaliste)
Date de l'évènement :
1962
Date de diffusion du média :
08 déc. 1962
Production :
Radiodiffusion Télévision Française
Page publiée le :
13 avr. 2023
Modifiée le :
06 sept. 2023
Référence :
00000005378

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Depuis sa proclamation d’indépendance en 1948, l’État israélien encourage fortement l’immigration de la diaspora juive (alya en hébreu). La « loi du retour », adoptée en 1950, garantit ainsi à tout Juif à travers le monde le droit d’immigrer en Israël et une institution gouvernementale, l’Agence juive pour Israël, est chargée d’accompagner l’accueil de ces immigrés. Plusieurs objectifs guident cette politique volontariste : garantir à tous les Juifs du monde un foyer où ils peuvent vivre en sécurité et pratiquer librement leur religion (après les persécutions antisémites puis le génocide pendant la Seconde Guerre mondiale) ; assurer le développement économique et la sécurité d’Israël.

Une première grande vague d’immigration a lieu à la fin des années 1940 et au début des années 1950 : les immigrés proviennent principalement d’Europe (survivants du génocide) et des pays arabes (ils fuient les tensions nées de la guerre israélo-arabe de 1948-1949). La deuxième phase, présentée dans la vidéo, a lieu une dizaine d’années plus tard. Elle comprend notamment de nombreux Juifs issus de l’Afrique du Nord : ils quittent la région au moment de la décolonisation. Le Maroc est particulièrement concerné puisque ce sont près de 270 000 Juifs qui émigrent en Israël dans les années 1950 et 1960. Même si l’ampleur est moindre qu’en 1948-1952 ou que dans les années 1990, il s’agit tout de même d’un nombre considérable dans un pays (Israël) qui ne comprend alors que 3 millions d’habitants.

Si le gouvernement israélien aide les nouveaux venus (logement provisoire, aide économique), ces derniers doivent toutefois faire face à de nombreux obstacles. Il leur faut en effet apprendre la langue (l’hébreu), trouver un logement permanent, obtenir un emploi, etc. Leur profil sociologique accentue parfois ces difficultés : parmi les Juifs vivant en Algérie avant 1962, ce sont généralement les moins qualifiés qui émigrent en Israël (les autres partant en France). Les Juifs originaires du Maghreb et Moyen-Orient, appelés Juifs Mizrahim, sont parfois également en butte à l’hostilité ou à la condescendance de la part des Juifs séfarades (en provenance de la péninsule ibérique) ou ashkénazes (issus de l’Europe centrale).

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Ce reportage, diffusé en 1962 sur la première chaîne de l’ORTF sous le titre « Une terre qui leur est promise », suit un groupe de Juifs qui ont quitté l’Afrique du Nord pour immigrer en Israël au début des années 1960. D’âges, de genres et d’origines sociales variés, ils sont interrogés sur leurs attentes (notamment sur le bateau pendant la traversée) puis sur leurs conditions de vie une fois arrivés en Israël.

Les difficultés propres à l’immigration ne sont pas minimisées. Ainsi, non seulement le voyage est difficile mais l’intégration une fois arrivé sur place apparaît particulièrement complexe. En dépit des aides accordés par l’État israélien, les nouveaux venus semblent peiner à trouver un emploi à hauteur de leurs qualifications. Plusieurs reconnaissent qu’ils ne pensaient pas qu’il serait si dur pour eux d’obtenir un travail. Ils acceptent ainsi des emplois précaires et durs. Leurs propos contredisent à ce titre le discours tenu par un commerçant, probablement présent depuis plus longtemps en Israël, qui accumule les clichés sur les immigrés qui ne veulent pas travailler. En dépit de ces difficultés, ces nouveaux arrivants affirment quasiment tous qu’ils ne comptent pas quitter Israël.

Les personnes interrogées n’explicitent guère les raisons pour lesquelles elles sont venues : c’est le commentaire du journaliste qui établit en réalité une relation d’apparente évidence entre le fait d’être juif et l’immigration en Israël. La vidéo tend donc à masquer quelque peu la complexité des facteurs d’émigration : elle peut être motivée en l’occurrence par des considérations religieuses, déclenchée par le contexte politique de leur pays d’origine (une association au colonisateur français dans le cas de l’Algérie par exemple) ou le résultat d’une simple opportunité de vie.

Enfin, on peut noter que le reportage souligne bien l’importance que peut revêtir l’immigration dans un parcours de vie mais tend parfois à adopter un registre très emphatique (« un peuple qui fait l’amour avec son pays »).

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