Les affrontements de 2021 entre Israël et le Hamas

Contexte historique

Alors que la signature des accords d’Oslo (1993) était censée permettre de résoudre le conflit israélo-palestinien en cinq ans, le « processus de paix » s’enlise dès les années 2000 et les phases de discussions éphémères sont de plus en plus éclipsées par des tensions renouvelées.

Les affrontements de début 2021 mettent principalement aux prises Israël, dirigé par le Premier ministre conservateur Benyamin Netanyahou depuis 2009 (après un premier mandat entre 1996 et 1999), et le Hamas, mouvement nationaliste et islamiste qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. C’est dans ce petit territoire au sud-ouest d’Israël, soumis à un blocus quasi complet par Tel Aviv depuis 2007, que se concentrent les combats les plus violents depuis la fin de la  seconde Intifada (entre 2000 et 2005).

Il importe toutefois de replacer ces combats dans une perspective plus large. Ainsi, d’autres acteurs sont impliqués, à l’instar du Djihad islamique, qui dispose par exemple de troupes dans la bande de Gaza et engage fréquemment des combats avec l’armée israélienne. Il se coordonne certes ponctuellement avec le Hamas mais dispose bien d’une chaîne de commandement autonome. De même, les territoires palestiniens autres que Gaza sont fréquemment touchés par des violences : c’est le cas de toute la Cisjordanie, et en particulier de Jérusalem.

La communauté internationale ne parvient pas à peser véritablement sur la situation sur le terrain et les États-Unis, comme les autres acteurs, tendent à se désinvestir du dossier (au moins depuis l’accession à la présidence de Joe Biden en 2021).

Éclairage média

Cet extrait issu du journal télévisé de France 2, diffusé le 15 mai 2021, se compose de deux parties : un reportage à Washington et une séquence didactique revenant sur 70 ans de conflit entre Israéliens et Palestiniens. Il tente de relever le difficile pari d’expliquer ces affrontements en quelques minutes. L’extrait parvient à présenter la position et la responsabilité des principaux protagonistes (gouvernement israélien, Hamas, Autorité palestinienne, États-Unis) même si d’autres acteurs importants sont laissés de côté (comme le Djihad islamique).

À Washington, Loïc de la Mornais souligne le relatif désintérêt du président états-unien Joe Biden pour la résolution du conflit (le journaliste dit qu’il assure « le service minimum ») et insiste sur les nouvelles priorités de Washington : ses relations avec la Chine. La seconde séquence se veut plus didactique : pendant 3 minutes, à grands renforts de cartes animées et d’éléments chronologiques, le commentaire présente les principaux acteurs du conflit en 2021. Il tend à renvoyer dos-à-dos le Hamas et Benyamin Netanyahou en les considérant tous deux comme à la fois « radicalisés » et purement opportunistes. La nature islamiste du Hamas est ainsi soulignée de diverses façons (la définition du mouvement au début de la vidéo, les images de militants brandissant son drapeau vert – couleur de l’islam) ; le fait qu’il vise par ses roquettes des « zones civiles » est également mis en avant. Enfin, il est présenté comme largement motivé par des enjeux de pouvoir internes puisque le commentaire souligne que le Hamas voit dans les affrontements de Jérusalem une « opportunité de se poser en défenseur du peuple palestinien ». Le propos n’est pas plus amène pour Benyamin Netanyahou qui a « pactis[é] avec l’extrême droite suprémaciste à la rhétorique ouvertement raciste » et tolère les violences de ses alliés contre des Arabes israéliens dans le seul but de « garder le pouvoir ».

Ces informations sont avérées et l’interview de deux spécialistes du Proche-Orient (Samy Cohen, directeur de recherche émérite au Centre de recherches internationales de Sciences-Po, et Agnès Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique) participe d’une volonté d’analyse.