J'accuse... ! d'Émile Zola

ArteL’Histoire par l'image

Proposé par Arte - L’Histoire par l'image

Date d'évènement : 13 janv. 1898

Disponible jusqu'au 31 août 2024

J’accuse... ! est publié le 13 janvier 1898 dans le journal L’Aurore. Dans cette lettre ouverte au président de la République Félix Faure, Émile Zola prend la défense d'Alfred Dreyfus, que la justice refuse d'innocenter, et dénonce l’acquittement d’Esterhazy, malgré de nouvelles preuves accablant ce dernier de trahison. En réponse à la publication de ce pamphlet, Émile Zola est attaqué à son tour en justice. Lors de son procès, en 1899, les Français se déchirent entre dreyfusards et antidreyfusards. Il faudra cependant attendre 1906 pour que le capitaine Dreyfus soit totalement innocenté et réhabilité par la Cour de cassation.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Histoires d'histoire
Réalisation :
Renaud David
Date de l'évènement :
13 janv. 1898
Production :
@ 2023 -  Rmn - Grand Palais  |  ARTE Studio
Page publiée le :
05 juin 2023
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005468

Contexte historique

Par Charlotte Denoël

L’affaire Dreyfus : une erreur judiciaire

En mars 1896, Picquart, le nouveau chef des Services de renseignements de l’état-major, découvrit l’identité du véritable traître, le commandant Esterhazy. Celui-ci, qui entretenait des relations suspectes avec l’Allemagne, était l’auteur du fameux bordereau, cette pièce à conviction qui avait entraîné la condamnation et la déportation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894. Toutefois, l’état-major, soucieux de sauver l’honneur de l’armée française, préféra étouffer l’affaire, en mutant Picquart et en créant de toutes pièces un document accablant Dreyfus, auquel l’Histoire a donné le nom de son auteur, le faux Henry. Sous la pression de l’opinion, Esterhazy dut néanmoins passer en conseil de guerre, pour être finalement acquitté le 11 janvier 1898.

Analyse des images

J’accuse… !

Devant cette iniquité, les partisans de la révision du procès de Dreyfus se mobilisèrent pour émouvoir l’opinion publique en faveur du capitaine. Le 13 janvier 1898, Émile Zola publia dans le journal L’Aurore, fondé par Clemenceau et Vaughan l’année précédente, une lettre ouverte au président de la République, Félix Faure, dont le titre provocateur, J’accuse…  !, choisi par Clemenceau, s’étalait en gros caractères sur la page de titre du journal. Dans cette longue et dense plaidoirie, qui occupe les deux premières pages du journal sur six colonnes, Zola rappelle dans un premier temps les circonstances de l’Affaire, la découverte du bordereau et la condamnation de Dreyfus, puis revient sur la révélation de la trahison du commandant Esterhazy, avant de dénoncer son acquittement scandaleux et d’accuser, dans une suite de litanies commençant par le célèbre J’accuse, les ministres de la Guerre, les officiers de l’état-major et les experts en écriture convoqués lors du procès d’Esterhazy d’être responsables de la condamnation d’un innocent, en acquittant un coupable. À l’exactitude et à la fiabilité des informations livrées par Zola s’ajoute la vigueur du style de l’écrivain, faisant de cet article un monument littéraire, une véritable prophétie pour reprendre l’expression d’un admirateur enthousiaste, Charles Péguy (Les récentes œuvres de Zola, dans Cahiers de la Quinzaine, 4 décembre 1902, p. 33). À une époque où l’audience de la presse s’affirmait de plus en plus, ce pamphlet eut un grand retentissement dans l’opinion publique : proclamé dans la rue durant la journée du 13 janvier par les vendeurs du journal L’Aurore, tiré pour l’occasion à 300 000 exemplaires, le cri J’accuse ! entraîna une grande effervescence dans les rues de Paris, tandis qu’il exposa son auteur à une bouffée de haine sans précédent.

Interprétation

La vérité en marche

En s’engageant ainsi publiquement, Émile Zola atteignit le but qu’il s’était fixé : le gouvernement lança immédiatement des poursuites judiciaires contre lui et contre le journal de Clemenceau. L’extraordinaire médiatisation du procès de Zola, qui aboutit à sa condamnation le 23 février 1898, donna une grande publicité à l’Affaire, cristallisant les passions dreyfusardes et antidreyfusardes et révélant au monde entier les zones d’ombre qui entouraient les procès de Dreyfus et d’Esterhazy. Cette affaire se transforma alors en véritable crise morale et politique, et il fallut attendre 1906 pour que Dreyfus, condamné de nouveau au terme d’un second procès non moins inique, puis gracié, soit réhabilité par le gouvernement.

Bibliographie

  • Pierre ALBERT, Histoire de la presse, P.U.F., coll. Que-sais-je ?, 7e éd, Paris, 1993.
  • Émile Zola Catalogue de l’exposition, Bibliothèque nationale de France, Paris, 2002.
  • Pierre BIRNBAUM, Les fous de la République. Histoire politique des Juifs d’État de Gambetta à Vichy, Seuil, Paris, 1992.
  • Jean-Denis BREDIN, L’Affaire, Fayard-Julliard, Paris, 1993 (nouv.éd.).
  • Madeleine REBÉRIOUX, La République radicale.1898-1914, Seuil, Paris, 1975.
  • Michel WINOCK, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Seuil, Paris, 1990.

Légende de l'image représentative

L'Aurore : littéraire, artistique, sociale, J'Accuse... !, 13 janvier 1898 © Collections La Contemporaine.

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