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L’entrée de Joséphine Baker au Panthéon

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 30 nov. 2021 | Date d'évènement : 30 nov. 2021

Extraits de la cérémonie d’entrée de Joséphine Baker au Panthéon, qui s’est déroulée le 30 novembre 2021. La date du 30 novembre a été choisie, car l’artiste avait obtenu la nationalité française le 30 novembre 1937. Le président de la République Emmanuel Macron prononce un discours d’hommage à Joséphine Baker.

Niveaux et disciplines

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  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Motte Caroline (Journaliste)
Date de l'évènement :
30 nov. 2021
Date de diffusion du média :
30 nov. 2021
Production :
@ 2021 -  France Télévisions
Page publiée le :
14 déc. 2023
Modifiée le :
22 févr. 2024
Référence :
00000005616

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Le 30 novembre 2021, quarante-six ans après sa mort, Joséphine Baker fait son entrée au Panthéon. Française née américaine, cette star du music-hall, résistante et militante antiraciste, devient la sixième femme et la première femme noire à être panthéonisée.

Née le 3 juin 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri (États-Unis), d’une mère afro-américaine, blanchisseuse, et d’un père blanc, inconnu, Josephine McDonald connaît la grande pauvreté et la ségrégation raciale dès l’enfance. Employée très jeune pour faire vivre sa famille, elle se marie une première fois à l’âge de 13 ans. Elle gagne alors sa vie en dansant, rejoignant en 1920 un trio d’artistes de rue, le Jones Family Band. Mariée une deuxième fois en 1921, à 15 ans, à Willie Baker dont elle prend le nom, elle le quitte rapidement pour aller à New York et tenter sa chance à Broadway. Âgée de 16 ans, elle joue dans Shuffle Along, la première comédie musicale écrite, mise en scène et jouée par des Afro-Américains.

Remarquée pour son talent, elle est engagée en 1925 pour jouer à Paris. Elle saisit aussitôt l’occasion pour quitter les États-Unis, la ségrégation et la pauvreté. Elle devient rapidement la vedette de la Revue nègre, spectacle exotique de jazz entièrement exécuté par des artistes noirs et présenté au music-hall des Champs-Élysées. Vêtue d’une simple ceinture de bananes, elle danse le charleston. Elle connaît un immense succès auprès du public parisien des Années folles qui découvre avec sa sensualité le jazz et la musique noire. Le succès de celle qui est bientôt surnommée la « Vénus noire » se confirme à partir de 1927 au théâtre des Folies-Bergère, où elle est tout à la fois meneuse de revue, danseuse et chanteuse.

Elle se lance avec autant de bonheur dans la chanson. Ses chansons deviennent très populaires, à commencer par J’ai deux amours en 1930. Elle joue aussi dans plusieurs films, sans toutefois rencontrer le même succès. En 1937, elle obtient la nationalité française en épousant Jean Lion.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage au service de son pays d’adoption. Dès septembre 1939, elle devient un agent du contre-espionnage français et fait des concerts pour lever des fonds au bénéfice de l’armée française. Puis, en novembre 1940, elle s’engage dans les services secrets de la France libre au Maroc, où elle réside jusqu’en 1944. Elle transmet notamment des informations confidentielles en les dissimulant dans ses partitions. Elle organise aussi des spectacles pour soutenir les soldats alliés. Cet engagement lui vaut, après la guerre, de recevoir la médaille de la Résistance française, ainsi que l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre 1939-1945.

En 1947, avec Jo Boillon, qu’elle épouse cette année-là, elle devient propriétaire du château des Milandes, en Dordogne, qu’elle louait depuis 1937. Elle y vit jusqu’en 1969. C’est là qu’elle accueille douze enfants issus du monde entier, qu’elle a adoptés, et qu’elle appelle sa tribu arc-en-ciel. Inlassable militante antiraciste, elle continue de s’engager contre la ségrégation aux États-Unis. Elle y soutient le mouvement des droits civiques naissant. Ainsi, en 1963, elle participe à la Marche sur Washington organisée par Martin Luther King. Elle y prononce même un discours, revêtue de son uniforme de l’armée de l’air française.

Continuant de se produire régulièrement sur scène, elle s’éteint le 12 avril 1975, à Paris, à l’âge de 68 ans, deux jours après un concert à Bobino.

En décidant de faire entrer Joséphine Baker au Panthéon le jour du quatre-vingt-quatrième anniversaire de sa naturalisation française, le président de la République Emmanuel Macron a rendu hommage à une Noire défendant les Noirs, mais d’abord une femme défendant le genre humain et l’égalité de tous avant l’identité de chacun, qui fit à chaque tournant de l’histoire les justes choix, menant tant de combats avec liberté, légèreté et gaieté. Ma France, c’est Joséphine, a-t-il déclaré.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Diffusé le 30 novembre 2021 dans le 19.20 de France 3, ce reportage rend compte de la cérémonie d’entrée de Joséphine Baker au Panthéon qui vient d’avoir lieu. La date du 30 novembre a été choisie pour commémorer celle de la naturalisation française de l’artiste : le 30 novembre 1937, Joséphine Baker, née américaine, était devenue française en épousant Jean Lion, négociant en sucre. La cérémonie de panthéonisation a donc été organisée le jour du 84e anniversaire de sa naturalisation.

Le sujet de France 3 prend la forme d’un récit synthétique de la cérémonie. Seuls les moments jugés les plus emblématiques sont montrés et évoqués selon le choix de la journaliste Caroline Motte. Le sujet s’ouvre sur les images de la remontée de la rue Soufflot par le cénotaphe de Joséphine Baker. La dépouille de l’artiste ne se trouve pas dans le cénotaphe, sa famille ayant souhaité qu’elle demeure enterrée au cimetière de Monaco. Le cénotaphe porté lors de la cérémonie contient de la terre des quatre lieux les plus chers à Joséphine Baker : sa ville natale de Saint Louis (États-Unis), Paris, le château des Milandes et Monaco. Couvert du drapeau français, le cénotaphe est porté jusqu’au Panthéon par six soldats de l’armée de l’air, en hommage à son engagement comme sous-lieutenante dans l’armée de l’air en 1944. Puis, derrière le cénotaphe, une aviatrice porte un coussin sur lequel sont placées les cinq décorations obtenues par Joséphine Baker pour son action au service de la Résistance et de la France libre : chevalier de la Légion d’honneur, médaille de la Résistance, croix de guerre 1939-1945 avec palme de bronze, médaille commémorative française de la guerre de 1939-1945 et médaille commémorative des services volontaires de la France libre.

Le sujet de France 3 donne à entendre l’interprétation du Chant des partisans par le chœur de l’armée française, en hommage à l’engagement de Joséphine Baker dans la Résistance, suivi de l’interprétation de sa fameuse chanson J’ai deux amours par la Musique de l’air, accompagnée de sa propre voix. Il montre également des extraits d’une animation vidéo projetée sur la façade du Panthéon : cette projection retrace les quatre grandes étapes de la vie de Joséphine Baker : la vedette du music-hall, la résistante, la militante des droits civiques et la mère de douze enfants adoptés venant du monde entier.

Enfin, le reportage de France 3 propose de brefs extraits du discours d’hommage à Joséphine Baker prononcé par le président de la République Emmanuel Macron après l’entrée du cénotaphe à l’intérieur du Panthéon. Ne sont intégrés que les extraits jugés les plus significatifs de l’allocution, ceux qui mettent en valeur l’universalisme de l’artiste franco-américaine, saluée par une vibrante déclaration Ma France, c’est Joséphine.

Le contexte de l’élection présidentielle, qui se déroulera cinq mois après, en avril 2022, et pour laquelle Emmanuel Macron est nettement pressenti pour se représenter, lui permet en effet de présenter sa vision de la France : celle justement incarnée par Joséphine Baker, fraternelle, universelle et joyeuse. Or, le même jour, hasard ou pas du calendrier, comme le souligne malicieusement la présentatrice Carole Gaessler dans son lancement plateau, le polémiste d’extrême droite Éric Zemmour a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle dans une vidéo, en lisant un texte aux accents dramatiques et nostalgiques. En faisant l’éloge de Joséphine Baker qui incarne sa vision de la France mise à mal par certains selon les mots de la journaliste Caroline Motte, Emmanuel Macron semble ainsi prendre l’exact contrepied d’Éric Zemmour : il souhaite offrir une image optimiste de la France peu après que le polémiste en a dressé un tableau très sombre.

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