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Contestation massive du coup d’État militaire en Birmanie en 2021

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 févr. 2021 | Date d'évènement : Février 2021

Suite au coup d’État effectué par l’armée birmane le 1ᵉʳ février 2021, des manifestations de masse ont lieu pour s’y opposer. Le général putschiste Min Aung Hlaing justifie le coup d’État à la télévision.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
Février 2021
Date de diffusion du média :
08 févr. 2021
Production :
@ 2021 -  France 2
Page publiée le :
07 déc. 2023
Modifiée le :
27 févr. 2024
Référence :
00000005644

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Pour la quatrième fois depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948, l’armée effectue un coup d’État le 1ᵉʳ février 2021. Les précédents avaient eu lieu en 1962, 1988 et 1992 : les militaires birmans prennent le pouvoir par la force. Ils renversent ainsi le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, mis en place démocratiquement en 2016. L’emblématique dirigeante birmane, ainsi que le président de la République, Win Myint, sont arrêtés. À Rangoun, des troupes et des véhicules blindés sont également positionnés autour du Parlement. Le commandant en chef l’armée, Min Aung Hlaing, se voit alors investi des pleins pouvoirs et le général Myint Swe est proclamé président par intérim. Min Aung Hlaing proclame l’état d’urgence pour un an et dissout le Parlement.

L’armée birmane – la Tatmadaw – justifie son putsch, arguant du refus du gouvernement et de la commission électorale de tenir compte des fraudes massives qui auraient eu lieu selon elle lors des élections législatives du 8 novembre 2020. Mais il s’agit en fait, pour les militaires, de remettre en cause la large victoire obtenue par la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi, avec 82 % des sièges. Ils refusent d’accepter la nette défaite de leur propre mouvement, le Parti de l’union, de la solidarité et du développement, qui n’a obtenu que 6 % des sièges.

Ce putsch provoque un mouvement de contestation de grande ampleur : à partir du 6 février 2021, des centaines de milliers de manifestants descendent dans la rue des grandes villes birmanes. Ils dénoncent le coup d’État et demandent le retour à la démocratie et la libération d’Aung San Suu Kyi. Mais cette contestation est fortement réprimée par la junte : selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, 847 civils sont tués entre février et juin 2021, dont une centaine lors de la seule manifestation du 27 mars 2021. Plusieurs milliers de personnes sont également arrêtées.

Peu après son arrestation le 1ᵉʳ février 2021, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, est placée en résidence surveillée, elle qui l’avait déjà été durant quinze ans. Elle est ensuite condamnée par un tribunal militaire à plusieurs peines de prison. En décembre 2022, ses condamnations s’élèvent à un total de trente-trois ans de prison. En 2023, la junte au pouvoir annonce la prolongation de six mois de l’état d’urgence militaire instauré après le coup d’État militaire de février 2021, ainsi que la dissolution de la Ligue nationale pour la démocratie.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Diffusé dans le journal télévisé de 20 heures de France 2 le 8 février 2021, ce reportage est consacré au mouvement de contestation du putsch opéré par l’armée birmane une semaine auparavant. Il a été réalisé par Maryse Burgot, grande reportrice de France 2, envoyée en Birmanie pour couvrir cette crise. Ce sujet s’insère dans une séquence du journal télévisé de France 2 intitulée « Derrière l’image » qui vise à analyser une actualité en partant d’une image. Dans le cas présent, Maryse Burgot s’appuie sur une image filmée lors d’une manifestation d’opposants au putsch : il s’agit d’une pancarte brandie par des manifestants, montrant une photographie barrée du commandant en chef de l’armée birman. Non cité nommément par Maryse Burgot, ce personnage est le général Min Aung Hlaing, investi des pleins pouvoirs à l’issue du coup d’État. Sa photographie barrée symbolise la contestation massive du coup d’État.

C’est en partant de cette image que Maryse Burgot décrypte l’ensemble de la crise survenue depuis le 1ᵉʳ février 2021. Elle commente ainsi une alternance d’un montage de photographies, d’images factuelles et d’images d’archives. Le sujet comporte également un micro-trottoir : il s’agit du témoignage d’une jeune étudiante contestant le putsch, interviewée lors d’une manifestation, le visage couvert d’un masque de protection – la pandémie de Covid-19 sévit alors. 

La plupart des images du sujet de France 2 donnent à voir les opposants au coup d’État militaire manifestant dans les rues de Naypydaw – devenue la capitale de la Birmanie depuis 2005 à l’initiative de la junte militaire qui exerçait déjà le pouvoir – ou de Rangoun, l’ancienne capitale. Ces différents plans révèlent l’ampleur de la contestation : parmi les manifestants, on retrouve aussi bien des étudiants et des infirmières que des bonzes, ces moines bouddhistes. Les images témoignent aussi de la violence des policiers contre les manifestants, frappés à terre ou repoussés par un canon à eau. Elles indiquent aussi la résolution des manifestants : certains font face aux policiers. Un plan rapproché montre aussi certains manifestants levant trois doigts vers le ciel. Maryse Burgot précise qu’il s’agit d’un signe inspiré d’une saga de films à succès, sans en dire plus. Ce signe des trois doigts levés est en fait inspiré des films Hunger Games. Dans cette saga américaine adaptée de la trilogie littéraire de Suzanne Collins, des habitants se révoltent autour d’une jeune femme, Katniss Everdeen, contre la domination d’un gouvernement dictatorial. Et pour signifier leur rébellion, ils lèvent trois doigts vers le ciel. Ce signe a donc été repris par de nombreux manifestants birmans comme symbole de leur révolte contre la junte. Il avait déjà été adopté en 2014 par les militants pro-démocratie en Thaïlande qui s’opposaient aussi à un coup d’État militaire. Ce signe avait également été utilisé à Hong Kong, en 2019 et 2020 par les contestataires de la domination chinoise.

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