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Rencontre avec Christian Boltanski à l’occasion de son exposition au Centre Pompidou

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 13 nov. 2019

Rencontre avec Christian Boltanski à l’occasion de l’ouverture d’une exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou. L’artiste s’exprime au sein du musée, puis reçoit l’équipe de France 3 Paris Île-de-France dans son atelier de Malakoff. Il évoque le projet de l’Australien David Walsh de le filmer en permanence dans son atelier.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
13 nov. 2019
Production :
@ 2019 -  France 3 Paris
Page publiée le :
15 déc. 2023
Modifiée le :
27 févr. 2024
Référence :
00000005649

Contexte historique

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Le plasticien Christian Boltanski (1944-2021) est considéré comme l’un des plus grands artistes contemporains français. Fils d’une écrivaine et d’un médecin, il voit le jour le 6 septembre 1944 à Paris, peu après la libération de la capitale. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, son père, juif, échappe à la déportation en vivant caché sous le plancher de l’appartement familial durant un an et demi.

Après avoir commencé la peinture en autodidacte à l’âge de 14 ans, il l’abandonne et choisit de s’exprimer par des installations et des courts-métrages. En 1968, il présente sa première exposition personnelle au cinéma parisien Le Ranelagh, intitulée La Vie impossible de C.B., qui associe un film et des grandes marionnettes. Déjà se manifeste chez Christian Boltanski l’importance de l’autobiographie. En 1969, il présente deux autres films : L’Homme qui tousse et L’Homme qui lèche.

À la recherche de souvenirs d’enfance qu’il n’a pas, il travaille aussi sur diverses images photographiques. Ainsi, il publie en 1971 L’Album des photographies de la famille D., 1944-1954, ensemble de photographies retrouvées dans l’album d’un ami, puis, en 1972, les Dix portraits photographiques de Christian Boltanski, 1946-1964, dans lesquels sont réunis des photographies d’enfants inconnus. Dès lors, les photographies, d’origines diverses – et provenant en particulier d’albums de famille –, deviennent son support privilégié, comme dans Les Enfants de Berlin en 1975 ou Les Fantômes de Varsovie en 2001. Inlassablement, tout au long de sa carrière, les mêmes thèmes reviennent : la quête de l’identité, la mémoire et l’oubli, le présent et l’histoire, la mort, la frontière entre présence et absence. La Shoah à laquelle son père a échappé imprègne une partie importante de son œuvre. En mai 2021, il déclare sur France Culture : Toute ma vie a été marquée par la Shoah. Je ne sais pas si on peut “travailler sur la Shoah”, je pense que c’est impossible, en tout cas, je n’ai jamais voulu le faire. Mais il est certain que mon travail vient après cette chose impensable […]. Toute mon œuvre est marquée par la Shoah. Son installation monumentale Personnes sous la nef du Grand Palais à Paris, en 2010, visitée par 150 000 personnes, évoque ainsi le génocide juif sans y faire explicitement allusion : l’artiste y recrée l’espace d’un camp d’extermination nazi, avec des rangées d’espaces rectangulaires recouverts de vêtements, tandis qu’un engin mécanique en prélève d’autres empilés en un immense tas. Des battements de cœur enregistrés, des bruits de train et de machines emplissent également l’espace.

Dans les dernières années de sa vie, Christian Boltanski installe plusieurs œuvres permanentes qui ne cessent de s’étendre. C’est le cas de son installation Les Archives du cœur : sur l’île japonaise de Teshima, il archive les battements de cœur de plus de 70 000 personnes enregistrés à partir de 2005.

Artiste emblématique, exposant un peu partout dans le monde, marié avec l’artiste plasticienne influente Annette Messager depuis 1969, Christian Boltanski se voit consacrer une rétrospective par le Centre Pompidou en 2019.

Il s’éteint le 14 juillet 2021, à l’âge de 76 ans, à Paris.

Éclairage média

Par Christophe GracieuxProfesseur agrégé en classes préparatoires littéraires au lycée Watteau de Valenciennes )

Ce reportage a été diffusé à la toute fin de l’édition régionale Paris Île-de-France du 19.20 le 13 novembre 2019. La rédaction de France 3 Paris Île-de-France a en effet décidé de profiter de l’ouverture ce même jour d’une rétrospective consacrée à Christian Boltanski au Centre Pompidou pour proposer un sujet sur l’artiste. Cette exposition était la première consacrée à l’artiste au Centre Pompidou depuis trente-cinq ans. Intitulée « Christian Boltanski. Faire son temps », elle proposait durant quatre mois une sélection d’une cinquantaine d’œuvres produites par l’artiste tout au long de sa carrière. C’est Christian Boltanski lui-même qui avait conçu l’exposition, l’envisageant comme une grande déambulation dans son œuvre. De fait, contrairement aux rétrospectives traditionnelles, ses œuvres n’étaient pas présentées selon l’ordre chronologique de leur réalisation.

Le sujet de France 3 Paris Île-de-France prend la forme d’une rencontre avec l’artiste. Christian Boltanski est ainsi filmé et interrogé dans deux lieux qui lui sont chers : le Centre Pompidou où lui est donc consacrée une grande exposition, puis dans son atelier. Dans un premier temps, il déambule et s’exprime au milieu de l’exposition. Il commente en particulier l’une de ses œuvres exposées.

Puis, dans un second temps, il ouvre les portes de son atelier, installé à Malakoff (Hauts-de-Seine), à l’équipe de France 3. Montrant une caméra de vidéosurveillance, il explique brièvement qu’elle fait partie du projet hors normes d’un homme en Tasmanie qui filme sa vie. En effet, en 2010, Christian Boltanski avait passé un accord inédit avec le multimillionnaire australien David Walsh, à la fois joueur invétéré et fondateur du Museum of New and Old Art sur l’île de Tasmanie. L’artiste avait accepté que trois caméras de surveillance le filment vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans son atelier. Ces vidéos étaient diffusées quasiment en simultané dans une salle spécialement aménagée au Museum of New and Old Art. Passé sous la forme d’un viager, l’accord stipulait que Christian Boltanski devait recevoir chaque mois une somme d’argent de David Walsh durant huit ans. Mais le multimillionnaire avait parié que l’artiste mourrait avant l’échéance du contrat. Ce qui ne s’est pas produit puisque Christian Boltanski est décédé en 2021. Ainsi, David Walsh a perdu son pari et a dû augmenter la mensualité versée à l’artiste.

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