Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 24 avr. 2005
En avril 2005, à l’occasion des soixante ans de l’insurrection d’avril 1945 à Buchenwald, le journal de France 2 propose un reportage sur la Résistance organisée dans ce camp, centré sur l’exemple français. D’anciens déportés témoignent de la naissance d’une Résistance organisée et des actions menées. Ils expliquent l’importance du contrôle de l’administration du camp par les détenus politiques.
Niveaux et disciplines
Ressources pédagogiques utilisant ce média
Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel
[CNRD] Résister à la déportation
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de diffusion du média :
- 24 avr. 2005
- Production :
- @ 2005 - France 2
- Page publiée le :
- 20 sept. 2023
- Modifiée le :
- 05 déc. 2023
- Référence :
- 00000005703
Contexte historique
Le camp de concentration de Buchenwald, créé en 1937, est situé en Allemagne. Parmi les internés, beaucoup sont des « triangles rouges » (détenus politiques).
Buchenwald compte parmi les camps où ont été détenus le plus de Français (à partir de 1943). Le contexte doit être pris en compte pour comprendre la naissance de la résistance qui s’y est organisée : les détenus politiques allemands y avaient plus tôt qu’ailleurs pris le contrôle de l’administration interne du camp après en avoir écarté les prisonniers de droits communs, auxquels les nazis avaient coutume de déléguer ces fonctions. En effet, celles-ci étaient confiées aux prisonniers afin de simplifier la gestion des camps, tout en rendant le système plus pervers encore.
À Buchenwald, comme dans d’autres camps, des actions de résistance émergent malgré les terribles conditions de vie et les risques de répression. Un comité international est créé à l’été 1943, dans lequel les communistes jouent un rôle majeur. Alors que les Français étaient jusque-là marginalisés, l’arrivée du communiste Marcel Paul change la donne. Il contribue à mettre sur pied, à l’été 1944, avec le colonel Manhès, un Comité des intérêts français (CIF) qui organise la solidarité et la Résistance au sein de la communauté des déportés français (même si des actes de résistance ont lieu en dehors du CIF). En septembre 1944, un comité militaire international est créé. Les Français instituent une Brigade française d’action libératrice (BFAL).
Une insurrection éclate le 11 avril 1945 alors que les Américains approchent et que la situation devient plus difficile à Buchenwald, surpeuplé : les détenus prennent les armes et capturent des SS. Cette insurrection, dont il est difficile d’écrire l’histoire en raison du manque de sources, a suscité des controverses entre historiens sur le rôle des détenus dans la prise de contrôle du camp. Elle a fait l’objet de discours mémoriels, notamment de la part du parti communiste pendant la guerre froide.
Éclairage média
Ce reportage diffusé au journal télévisé de France 2 en avril 2005 s’organise en trois parties : une présentation de Buchenwald, une évocation des actions de résistance qui s’y sont développées et l’insurrection d’avril 1945.
Il s’ouvre sur des photographies du camp, entrecoupées d’images d’archives montrant des nazis. Pierre Sudreau, ancien résistant déporté, rappelle le rôle des détenus dans l’administration du camp et l’importance pour les prisonniers politiques d’occuper ces postes. Le reste du reportage alterne témoignages et images filmées du camp – sans en préciser la date ni le lieu (même si on reconnaît, sur certaines, Buchenwald).
Le second temps s’ouvre par des photos de trois déportés célèbres de Buchenwald (Léon Blum, Marcel Paul et Henri Manhès). Ces deux derniers sont à l’origine de la création du Comité des intérêts français (CIF), marquant ainsi la transition vers l’évocation de la résistance dans le camp. Guy Ducoloné, résistant communiste, témoigne à ce sujet et rappelle l’entraide qui permit de sauver des vies, et les actes de sabotage réalisés dans les ateliers de fabrication des éléments des fusées V2. Ce témoignage montre que résister dans les camps, c’est aller contre le projet idéologique nazi et entraver l’effort de guerre allemand.
Enfin est évoquée l’insurrection d’avril 1945. Pierre Sudreau raconte le moment où Guy Duculoné lui a fourni un couteau pour attaquer un SS. On peut souligner ici que les deux témoins de la vidéo, associés dans ce geste, sont explicitement présentés l’un comme gaulliste (Pierre Sudreau), l’autre comme communiste (Guy Ducoloné), comme pour illustrer le propos du journaliste, qui souligne l’union de tous dans la lutte, par-delà les querelles mémorielles tues par le reportage.
Celui-ci, réalisé à l’occasion des 60 ans de l’insurrection, s’est ouvert sur l’évocation de la volonté des rescapés de lutter contre l’oubli : il se clôt donc sur une plaque rendant hommage à des résistants déportés, dont Marcel Paul et Henri Manhès, et sur l’image d’une statue représentant des déportés à l’agonie, comme pour souligner l’horreur des camps, mais aussi le courage de ceux qui se sont révoltés.
Bibliographie
COMBE Sonia, « La Libération de Buchenwald à travers la presse française », site Rétronews, 27/01/2021, consulté le 06/09/2023, [en ligne]
LALIEU Olivier, La zone grise ? La Résistance française à Buchenwald, Tallandier, 2005
LE GOUPIL Paul, « La Libération du camp d’après The Buchenwald Report » in Résister à Buchenwald. Les Français et la Résistance à Buchenwald, 1943-1945. Association Buchenwald-Dora et ses Kommandos, 2006, p. 96-105.
Le site de l’Association française Buchenwald-Dora, avec notamment des témoignages dont certains évoquent des actions de résistance : https ://asso-buchenwald-dora.com/
Le site du mémorial de Buchenwald : https ://www.weimar.de/fr/culture/curiosites/memorial-de-buchenwald/