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Le 26 septembre 1960, le débat télévisé profite à John Fitzgerald Kennedy

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 oct. 2020 | Date d'évènement : 26 sept. 1960

Le 26 septembre 1960, Richard Nixon et John Fitzgerald Kennedy, candidats à l'élection présidentielle américaine, s'affrontent lors d'un débat télévisé. Entre théorie marketing et stratégie de l'image, comment ce débat mythique a-t-il imposé un genre nouveau à la communication politique ?

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Générique :
Gapin Jérémie (Journaliste)
Date de l'évènement :
26 sept. 1960
Date de diffusion du média :
21 oct. 2020
Production :
@ 2020 -  Institut national de l'audiovisuel
Page publiée le :
25 oct. 2023
Modifiée le :
21 nov. 2023
Référence :
00000005709

Contexte historique

Par Antoine BourguilleauChargé d'enseignement à Paris 1 )

Les élections présidentielles américaines de 1960 se déroulent dans un climat particulier. Le président républicain Eisenhower, après deux mandats, ne peut plus constitutionnellement se représenter à la fonction suprême et c’est son vice-président, Richard Nixon, qui reprend le flambeau. Face à lui, un jeune sénateur démocrate du Massachusetts, inconnu du grand public. John Fitzgerald Kennedy est issu d’une riche famille de la côte est. Ce vétéran de la Seconde Guerre mondiale est porteur d’espoir pour une grande partie de la jeunesse du pays qui souhaite du changement, notamment dans le domaine de la lutte pour les droits civiques dans les États du sud ségrégationnistes où Noirs et Blancs n’ont pas les mêmes droits. Mais Kennedy part avec un handicap sérieux : il est catholique, dans un pays majoritairement protestant, et sa foi est utilisée contre lui par ses adversaires car on craint (ou l’on feint de croire) qu’il puisse prendre ses ordres au Vatican !

Mais Kennedy est un candidat en phase avec son époque. Le 13 mars 1960, alors qu’il n’est encore qu’un des possibles candidats démocrates, il participe ainsi au Late Show de CBS, animé par John Paar, une émission de divertissement où il marque indéniablement des points et montre surtout qu’il maîtrise à merveille ce nouvel outil de communication qu’est la télévision.

Richard Nixon part quant à lui grand favori de ces élections, après avoir passé huit ans à la vice-présidence aux côtés du président Eisenhower, le grand héros de la Seconde Guerre mondiale. Mais il traîne quelques casseroles, dont des soupçons de malversations qui ont failli lui coûter l’investiture républicaine en 1953. Il espère par ailleurs le soutien du sortant qui fait le service minimum, voire lui met quelques bâtons dans les roues. Tandis que Nixon affirme dans les médias qu’il a contribué activement à certaines prises de décision importantes de la précédente administration, Eisenhower, interrogé par le journaliste Charles Mohr, se montre évasif quand on lui demande lesquelles : « Donnez-moi une semaine, je pourrais en trouver une. Mais je ne m’en souviens pas. » On a vu soutien plus franc.

Éclairage média

Par Antoine BourguilleauChargé d'enseignement à Paris 1 )

Le contenu ici présenté est un module « Retour vers l'info », proposé par l'INA et France Info. Diffusé le 21 octobre 2020, il revient en un peu moins de trois minutes, et à l'aide d'images d'archives, sur ce moment de l'histoire de la télévision et de la démocratie américaine. Si le duel télévisé opposant John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon est entré dans l’histoire, ce n’est pas uniquement parce qu’il s’agit du premier débat télévisé entre deux candidats à la fonction suprême. Le 26 septembre 1960 marque en effet un tournant. Les médias jouent, depuis qu’ils existent, un rôle important dans le débat démocratique. La presse écrite a, longtemps, été un organe de cette vie démocratique, un relai des enjeux des élections et de la parole des candidats, dans toutes les démocraties modernes. Le début du XXe siècle la voit concurrencée par la radio. Le cinéma, avec ses actualités, prend aussi sa part. Mais la télévision permet ce que le cinéma n’autorise pas : un débat en direct, également retransmis à la radio car, en 1960, tous les foyers américains – loin de là – ne sont pas encore équipés de la télévision, alors diffusée en noir et blanc.

Si Kennedy maîtrise mieux ce nouveau média que Nixon, ce dernier n’est tout de même pas un débutant en la matière : en 1952, c’est grâce à la télévision qu’il a sauvé sa présence sur le ticket républicain à l’élection présidentielle lors d’une allocution d’une heure où il s’est défendu – de manière convaincante – des malversations dont on l’accusait alors. Cela a été l’un des premiers exemples de ces « confessions publiques » devenues un exercice de style aux États-Unis – et ailleurs.

Mais cette fois-ci, ce n’est plus face à la caméra que Nixon se retrouve, mais face à Kennedy. Les différences de style éclatent. Kennedy, grand bourgeois habitué aux mondanités, paraît à l’aise dans son costume sombre ; Nixon, d’origine modeste, paraît plus emprunté, moins sérieux et moins honnête aussi car il a deux défauts qui vont lui coûter cher lors de ce débat et lors des trois autres qui vont suivre : il transpire sous les feux des projecteurs et, bien qu’étant rasé de frais, sa barbe dure est accentuée par l’éclairage de la télévision en noir et blanc, qui lui donne un côté négligé et louche. Kennedy, lui, suivant les conseils prodigués notamment par le cinéaste Arthur Penn, parle face caméra et répond aux questions par des phrases courtes et incisives.

En 58 minutes de débat télévisé, toutes les bases de ce qui va devenir un incontournable de la vie politique des démocraties occidentales sont posées : le discours introductif de chaque candidat et le discours de conclusion ; les questions posées par un panel de journalistes, auxquelles les candidats doivent se soumettre ; les petites phrases, les attaques bien senties et la courtoisie feinte.

Il serait bien difficile de dire si ces débats ont constitué un tournant dans la campagne électorale de 1960, qui voit finalement Kennedy l’emporter d’une très courte tête au scrutin populaire (un écart de 0,2 %, mais un écart plus conséquent du collège électoral avec 303 voix pour Kennedy contre 219 pour Nixon). Notons tout de même que les Américains qui ont écouté le débat à la radio ont, selon les sondage d’opinion, trouvé Nixon plus convaincant.

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