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Qui étaient les fusillés de l'Affiche rouge ?

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 févr. 2014 | Date d'évènement : 1944

Le 20 février 2014, soixante-dix ans après l’exécution de Missak Manouchian et de 21 autres FTP-MOI, le journal télévisé de France 3 Île-de-France revient sur la célèbre « Affiche rouge » placardée par les autorités allemandes dans les rues de Paris et dans de grandes villes françaises et présentant, à des fins de propagande, dix résistants comme des terroristes.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

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    Missak Manouchian

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
1944
Date de diffusion du média :
20 févr. 2014
Production :
@ 2014 -  France 3 Paris
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
31 janv. 2024
Référence :
00000005877

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

L’immigration, déjà importante en France, s’accroît après la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, la moyenne annuelle des entrées dans l’Hexagone est d’environ 300 000 personnes. Le Parti communiste cherche à organiser les immigrés qui travaillent dans le pays : il crée la Main-d’œuvre étrangère (MOE) en 1925, qui devient la Main-d’œuvre immigrée (MOI) en 1932.

Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, en réaction au pacte germano-soviétique signé au mois d’août, le Parti communiste et toutes les organisations qui lui sont rattachées sont interdites (dès le 26 septembre). Le Parti communiste et ses organisations, dont la MOI, continuent de militer dans la clandestinité. 

Dans la presse et dans les tracts communistes, les attaques se concentrent après l’armistice de juin 1940 dans un premier temps sur le régime de Vichy et l’impact de sa politique sur les travailleurs. La guerre est présentée comme un conflit entre puissances impérialistes. La stratégie s’infléchit dès le printemps 1941, avec la constitution du Front national qui appelle à la lutte pour l’indépendance nationale, puis avec l’invasion de l’URSS par l’Allemagne en juin 1941. Le Parti communiste fait alors le choix de la lutte armée en août 1941. Fer de lance de celle-ci : les Francs-tireurs et Partisans (FTP). Beaucoup d’étrangers de la MOI rejoignant la lutte armée, les FTP-MOI sont créés. Ils participent à des sabotages, des attentats contre des Allemands ou des collaborateurs. En région parisienne, ils sont organisés en quatre détachements – 3 sur une base nationale, le dernier sur une base « technique » (spécialisé dans les déraillements). 

Missak Manouchian intègre le groupe de direction des FTP-MOI à l’été 1943, après une première vague d’arrestations. Une soixantaine d’actions sont menées, dont l’exécution de Julius Ritter (en charge du Service du travail obligatoire en France, le STO). Les FTP-MOI sont traqués par les brigades spéciales, qui mènent des filatures d’une redoutable efficacité. Fin novembre, ils sont presque tous arrêtés en région parisienne. Vingt-trois sont jugés du 15 au 19 février 1944, dont Missak Manouchian : 22 sont exécutés au Mont-Valérien le 21 février, Olga Bancic est, elle, décapitée en Allemagne le 10 mai. Une affiche, que l’histoire retient sous le nom d' « Affiche rouge » est placardée sur les murs de Paris et de certaines grandes villes françaises : elle présente le portrait de dix d’entre eux, qualifiés de terroristes. Il s’agit de délégitimer l’adversaire, tout en activant la rhétorique xénophobe et l’antisémitisme présent dans l’idéologie nazie.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

Le reportage s’ouvre sur « l’Affiche rouge » présentant les visages de dix résistants avec, en fond sonore, la chanson que Léo Ferré chanta en 1961 en s’appuyant sur les vers de Strophes pour se souvenir écrits par Louis Aragon en 1955. Ce poème et cette chanson ont fait entrer Missak Manouchian et les fusillés dits de « l’Affiche rouge » dans la mémoire collective comme des héros. À noter : le journaliste parle de 23 fusillés. Ils étaient en réalité 22, Olga Bancic ayant été décapitée en Allemagne.

Le reportage est structuré en trois temps : la lutte des résistants, la traque par la police française, l’exécution. Pour commencer, le sujet donne à entendre le récit d’Arsène Tchakarian qui a fait partie des FTP-MOI et a participé à six actions, notamment au moment où Missak Manouchian faisait partie du triangle de direction (d’où le nom de « groupe Manouchian »). Arsène Tchakarian est l’un des rares à avoir échappé à l’arrestation. Cela confère une grande valeur à son témoignage puisqu’il a été témoin des actions de Missak Manouchian résistant et parce que – phénomène clandestin par essence – la Résistance laisse peu de traces écrites.

Arsène Tchakarian raconte ce que représente la lutte armée pour celui qui agit. Le journaliste contextualise ensuite son propos, expliquant ce que furent les FTP-MOI. Denis Peschanski, historien, rappelle la traque de ces résistants par la police française alors que sont montrées les photos anthropométriques prises à leur arrestation. Le reportage semble vouloir redonner un visage à ces combattants de l’ombre, morts exécutés, comme un geste en leur mémoire en plus du discours historique. Il rappelle enfin leur arrestation et leur exécution.

Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, résistant à l’époque, évoque ensuite sa rencontre avec Manouchian en prison, qui l’a profondément marqué par sa dignité. Son témoignage fait la transition avec l’évocation de Missak Manouchian et des autres fusillés comme héros nationaux ; la dimension mémorielle du reportage apparaît avec la citation de sa dernière lettre (peinte avec son portrait sur une fresque visible dans le XXe arrondissement de Paris, rue du Groupe-Manouchian) et le travelling de la caméra sur les tombes.

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