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Le procès de « l’Affiche rouge »

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 févr. 1994 | Date d'évènement : Février 1944

Un épisode des Brûlures de l’Histoire du 22 février 1994, intitulé « L’Affiche rouge », revient sur le procès des 23 FTP-MOI, dont Missak Manouchian, jugés du 15 au 19 février 1944 et exécutés le 22, et sur la façon dont la propagande allemande a médiatisé ce procès.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique

    Toutes nos ressources sur
    Missak Manouchian

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Réalisation :
Mugnerot Robert, Muel Christophe
Générique :
Adler Laure (Journaliste), Rotman Patrick (Journaliste)
Date de l'évènement :
Février 1944
Date de diffusion du média :
22 févr. 1994
Production :
@ 1994 -  France 3
Page publiée le :
24 janv. 2024
Modifiée le :
29 janv. 2024
Référence :
00000005889

Contexte historique

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

À partir de 1943, la répression déjà très forte s’intensifie contre la Résistance. Les communistes paient un lourd tribut, et notamment les FTP-MOI. Les Brigades spéciales (de Vichy) sont spécialisées dans la traque des communistes. Au terme d’une filature de plusieurs mois, commencée en juillet 1943, elles identifient un certain nombre de FTP-MOI. Soixante-huit personnes sont arrêtées au cours du mois de novembre, dont 20 FTP-MOI. Le procès de 23 d’entre eux, dont Missak Manouchian, se tient à l’hôtel Continental du 15 au 18 février 1944, à huis clos. D’emblée, le président inscrit le procès dans l’une des obsessions du régime nazi, celle d’un péril ou d’un complot judéo-communiste. Parmi les accusés, 23 sont condamnés à mort : 22 d’entre eux sont exécutés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic est transférée en Allemagne où elle est guillotinée, les Allemands ayant décidé de n’exécuter aucune femme en France. Ce procès pour l’exemple fait l’objet d’une propagande sans précédent. L’activation de la rhétorique xénophobe, antisémite et anticommuniste doit aux yeux des autorités permettre de discréditer la Résistance tout en illustrant le danger que font courir à la France les Juifs, les étrangers et les communistes : de nombreux articles dans la presse ainsi qu’un film d’actualités dénoncent des terroristes et des bandits, une brochure dénonce l’armée du crime, une affiche reprenant la même thématique est placardée à Paris et dans plusieurs villes de province du 15 au 20 février, soit pendant le procès : l’« Affiche rouge » (appelée ainsi du fait de sa couleur, supposée rappeler l’appartenance au Parti communiste de certains des hommes dont le portrait figure sur l’affiche et le sang versé lors des « attentats évoqués »). Certains sont désignés comme Juifs, et/ou étrangers, et/ou communistes pour les raisons évoquées plus haut.

Éclairage média

Par Raphaëlle BellonResponsable des activités pédagogiques de la Fondation de la Résistance )

 Cet épisode des Brûlures de l’Histoire diffusé sur France 3 le 22 février 1944, date-anniversaire de l’exécution de 23 FTP-MOI dont Missak Manouchian, s’ouvre par une image de l’hôtel Continental où s’est tenu le procès. Aucune photographie ni aucun film de celui-ci n’a en effet été conservée alors qu’il semblerait que les Allemands aient filmé les débats à des fins de propagande. Des images filmées par les Allemands, extraites d’un reportage réalisé à Fresnes où ils étaient internés, et diffusées aux Actualités de l’époque, montrent Missak Manouchian (combattant puis commissaire politique des FTP-MOI en 1943), Francis Boczor (chef de l’Organisation spéciale-MOI puis à partir de juin 1942 du 4e détachement), Wolf Wajsbrot (membre du 2e détachement puis du 4e détachement dit « des dérailleurs » des FTP-MOI), Marcel Rajman (membre des FTP-MOI à partir de septembre 1942, responsable de l’Équipe spéciale en juin 1943) : tous figurent sur « l’Affiche rouge ». Ces images montrent leur visage, tout en révélant l’extrême jeunesse de certains d’entre eux.

La seconde partie du reportage s’intéresse au traitement par la presse officielle du procès (15-18 février 1944) évoqué à partir du 19 février seulement. Des unes s’affichent à l’écran, reprenant les éléments de langage de la propagande visant à délégitimer la Résistance : les accusés sont des bandits et des terroristes, dont les actions sont pilotées depuis l’URSS. On insiste sur le fait que certains étaient Juifs. La presse reprend la rhétorique nazie antisémite, et celle du péril judéo-bolchevique, mais aussi la haine de Vichy contre l’anti-France, incarnée par les Juifs et les communistes notamment. L’attitude des accusés est rappelée en contrepoint. Ceux-ci revendiquent la légitimité de leur action et l’inscrivent dans la lutte contre l’occupant allemand, en rappelant par exemple l’exécution de Julius Ritter, responsable du Service du travail obligatoire (STO) en France le 28 septembre 1943. Ils affirment la légitimité du combattant : Je me voyais comme un soldat dit Marcel Rajman.

Le reportage évoque ensuite leur exécution le 22 février 1943. « L’Affiche rouge » placardée quelques jours plus tard sur les murs de Paris (en fait pendant le procès), apparaît en gros plan. Cristina Boico raconte le choc ressenti lorsqu’elle la découvre dans le métro et y voit le visage des 10 combattants exécutés : l’impression d’être envahie par la mort, avec laquelle résistants et résistantes ont dû vivre au quotidien.

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