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La « Marche des Beurs » : les Français unis contre le racisme

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 2023 | Date d'évènement : 1983

La « Marche pour l'égalité et contre le racisme », aussi connue sous le nom de « Marche des Beurs », débute à Marseille le 15 octobre 1983 avec 32 personnes, uniquement fils et filles d’immigrés, et se termine le 3 décembre à Paris avec plus de 100 000 personnes. Hommes politiques, syndicats, organisations humanitaires et de nombreux particuliers, originaires de France ou d'ailleurs, sont venus soutenir la Marche en parcourant ensemble les derniers kilomètres. 

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Générique :
Dauxert Camille (Journaliste)
Date de l'évènement :
1983
Date de diffusion du média :
2023
Production :
@ 2023 -  Institut national de l'audiovisuel
Page publiée le :
24 nov. 2023
Modifiée le :
26 déc. 2023
Référence :
00000005907

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

La Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 est une réaction au « malaise des banlieues ». Les premières grandes émeutes urbaines explosent en effet à partir de la fin des années 1970 dans les quartiers de la Grappinière à Vaulx-en-Velin puis des Minguettes à Vénissieux (en banlieue lyonnaise). Elles sont le fruit d’un sentiment de marginalisation sociale et économique des « jeunes », souvent issus de l’immigration, des banlieues : les grands ensembles construits dans les années 1960 sont dégradés, le chômage augmente fortement depuis le début des années 1970, la parole (avec la montée du Front National) et les crimes racistes se multiplient. L’association locale SOS Avenir Minguettes (présidée par Toumi Djaïdja) et plusieurs personnalités religieuses (le pasteur Jean Costil de la Cimade, le père Christian Delorme) décident alors de lancer en octobre 1983 une marche « contre le racisme et pour l’égalité ».

La Marche part de Marseille le 15 octobre 1983 et ne compte alors qu’une petite trentaine de participants. Au fil des étapes, les marcheurs et marcheuses sont de plus en plus nombreux, jusqu’à atteindre les 100 000 personnes à l’arrivée à Paris le 3 décembre. Son succès s’explique à la fois par la diversité des organisateurs (des « jeunes de cité » et des représentants locaux des Églises catholiques et protestantes) et par leur volonté très marquée de présenter leur combat comme universaliste. Une célèbre affiche réalisée pour l’occasion montre ainsi une personne marchant avec une charentaise à un pied et une babouche à l’autre et appelle « les habitants de France de toutes origines » à se « rassembler ». Une partie du gouvernement, dont la secrétaire d’État à la Famille, à la Population et aux Travailleurs immigrés, Georgina Dufoix, s’engage également dans cette marche. Si plusieurs marcheurs sont reçus à l’Élysée par le président socialiste François Mitterrand, peu de mesures concrètes sont toutefois adoptées (hormis la carte de séjour de 10 ans).

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

L’extrait est tiré de l’émission « INAttendu », proposée par Franceinfo et l’INA à l’occasion du quarantième anniversaire de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme ». En vingt-six minutes, ce « magazine d’approfondissement historique », présenté par Nathanaël de Rincquesen, revient sur la marche de 1983, appelée aussi « Marche des Beurs ». Pour ce faire, deux journalistes (Géraldine Cornet Lavau et Camille Dauxert) interrogent Toumi Djaïdja (qui habitait à l’époque aux Minguettes, dans la banlieue lyonnaise, et a participé à la Marche). 

L’ampleur de la Marche et sa dimension universaliste sont largement mises en avant dans ce passage. La progression impressionnante du nombre de participants est tout d’abord rappelée : alors qu’une petite quarantaine de personnes seulement s’élancent de Marseille le 15 octobre 1983, ce sont 100 000 personnes qui, un mois et demi plus tard, défilent à Paris le 3 décembre suivant. 

La Marche de 1983 bénéficie progressivement du soutien d’élus ou de membres du gouvernement (notamment de Jack Lang, ministre de la Culture de 1981 à 1986 et de Georgina Dufoix, secrétaire d’État chargée de la Famille et des Travailleurs immigrés de 1981 à 1984), des partis de gauche, des organisations syndicales ou humanitaires et de toutes les institutions religieuses. 

La participation de nombreux « Français » (en dépit de toute l’ambiguïté du terme, nombre d’« immigrés » étant en réalité également de nationalité française) est, à juste titre, soulignée. La journaliste Camille Dauxert revient d’ailleurs sur un point très important de vocabulaire : parler de « Marche des Beurs » plutôt que de « Marche pour l’égalité et contre le racisme » est un contresens complet. L'expression Marche des Beurs a été forgée par les médias de l'époque et ne rend pas compte de la diversité des marcheurs.

Cette Marche démontre à l'époque que « tous les Français ne sont pas racistes » comme l’explique à l’époque Toumi Djaïdja. La dimension universelle est précisément une réponse aux revendications des marcheurs : « l’égalité » et la « fraternité ». 

Le ton dynamique et les expressions (« effet boule de neige ») de la journaliste Camille Dauxert comme les images d’archives restituent bien l’enthousiasme qui saisit alors les participants. Cela peut permettre également de mieux comprendre la profonde déception qu’a pu provoquer l’absence de véritables changements politiques et sociaux pour les banlieues dans les années qui ont suivi.

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