Vidéo
Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 2023 | Date d'évènement : 1983
À l'occasion des 40 ans de la Marche pour l'égalité et contre le racisme, connue aussi sous le nom de « Marche des Beurs », le père Delorme, l'un des organisateurs, livre son témoignage sur ses origines. Toumi Djaïdja revient sur le rôle du père Delorme ainsi que sur celui du pasteur Jean Costil, organisateur également, et insiste sur l'importance de la non-violence dans ce projet.
Niveaux et disciplines
Ressources pédagogiques utilisant ce média
Niveaux: Cycle 3 - Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel
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le racisme et l'antisémitisme
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Date de l'évènement :
- 1983
- Date de diffusion du média :
- 2023
- Production :
- @ 2023 - Institut national de l'audiovisuel
- Page publiée le :
- 24 nov. 2023
- Modifiée le :
- 26 déc. 2023
- Référence :
- 00000005908
Contexte historique
La Marche pour l’égalité et contre le racisme
de 1983 est une réaction au « malaise des banlieues ». Les premières grandes émeutes urbaines explosent en effet à partir de la fin des années 1970 dans les quartiers de la Grappinière à Vaulx-en-Velin puis des Minguettes à Vénissieux (en banlieue lyonnaise). Elles sont le fruit d’un sentiment de marginalisation sociale et économique des « jeunes », souvent issus de l’immigration, des banlieues : les grands ensembles construits dans les années 1960 sont dégradés, le chômage augmente fortement depuis le début des années 1970, la parole (avec la montée du Front National) et les crimes racistes se multiplient.
En réaction, plusieurs acteurs se mobilisent et font le choix d’une action non-violente : une « Marche pour l’égalité et contre le racisme » est ainsi lancée en octobre 1983. L’un des organisateurs est une association de Vénissieux, SOS Avenir Minguettes, présidée par Toumi Djaïdja (grièvement blessé par un policier quelques mois auparavant). Plusieurs personnalités religieuses se joignent au mouvement dont le pasteur Jean Costil et le père Christian Delorme. Le premier est protestant et membre de la Cimade, une association engagée dans la défense des droits des étrangers ; le second, catholique, est une figure locale surnommée le « curé des Minguettes ». Les deux sont engagés depuis plusieurs années dans les luttes locales, notamment contre les expulsions d’immigrés : ils mènent par exemple une grève de la faim en 1981 contre la « double peine » (l’expulsion d’immigrés condamnés par la justice).
Relativement peu nombreux dans un premier temps, les rangs des participants grossissent progressivement jusqu’à atteindre les 100 000 personnes à Paris le 3 décembre 1983. Cette marche génère un espoir très important (participation de nombreuses personnes de conditions diverses, soutien de personnalités politiques importantes, réception de marcheurs à l’Élysée). Peu de mesures concrètes sont toutefois adoptées (hormis la carte de séjour de 10 ans).
Éclairage média
L’extrait est tiré de l’émission « INAttendu », proposée par Franceinfo et l’INA à l’occasion du 40e anniversaire de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme ». En vingt-six minutes, ce « magazine d’approfondissement historique », présenté par Nathanaël de Rincquesen, revient sur la marche de 1983, appelée aussi « Marche des Beurs ». Pour ce faire, deux journalistes (Géraldine Cornet Lavau et Camille Dauxert) interrogent Toumi Djaïdja (qui habitait à l’époque aux Minguettes, dans la banlieue lyonnaise, et a participé à la Marche).
Cet extrait s’intéresse à deux hommes présentés comme les principaux initiateurs de la Marche : le père Christian Delorme et Toumi Djaïdja. Un court témoignage du premier, tiré de La Longue Marche des banlieues, un documentaire diffusé en 2023, est tout d’abord montré. Le père Delorme y explique avoir été largement influencé par le visionnage d’un film, sorti en salles en 1982, sur le Mahatma Gandhi et sa « Marche du sel ». Entre le 12 mars et le 6 avril 1930, le leader spirituel et politique parcourt avec d'autres Indiens plus de 390 km pour revendiquer l'indépendance de son pays aux Britanniques. Le père Delorme souhaite « que les Arabes fassent comme les Indiens » et organisent une « Marche pour l’égalité et la fraternité ». On peut souligner que Gandhi est une figure consensuelle qui bénéficie d’une image très positive en France et que les parallèles sur les modalités d’action (une marche non-violente) sont tout à fait pertinents. En revanche, il faut rappeler que les contextes et les objectifs ne sont pas comparables : c’est bien l’indépendance que les Indiens réclament en 1930. L’emploi du terme « Arabes » tend également à laisser dans l’ombre les autres communautés immigrées en France. Elles aussi subissent des discriminations et une forme d’exclusion (même si certaines, notamment européennes, sont plus intégrées).
Toumi Djaïdja est ensuite interrogé sur l’influence que le père Delorme a exercée sur lui. Sans répondre clairement à la question, Toumi Djaïdja insiste sur l’importance de la fraternité (caractérisée par la présence dans le mouvement de chrétiens et de musulmans, d’hommes et de femmes, etc.) et de la non-violence. Il martèle enfin son attachement aux principes républicains par de nombreuses formules (« Ne pas confondre la justice et la vengeance » ; « Rendre à la France ce qu’elle m’a donné » ; préférer « la main tendue au poing serré »).