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Avant la « Marche des Beurs » : discriminations et crimes racistes dans les années 1980

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 2023 | Date d'évènement : 1983

Depuis l'été 1981, date à laquelle des banlieues lyonnaises s'enflamment, le « malaise des grands ensembles » ne fait qu'empirer et les actes racistes sur des jeunes issus de la deuxième génération d'immigrés se multiplient jusqu'en 1983. Le Front national surfe sur la vague immigration-chômage. Les jeunes décident de se mobiliser et tentent diverses actions comme une grève de la faim. Mais c'est l'histoire tragique de Toumi Djaïdja, qu'il raconte sur le plateau de l'émission INAttendu, en 2023.  

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de l'évènement :
1983
Date de diffusion du média :
2023
Production :
@ 2023 -  Institut national de l'audiovisuel
Page publiée le :
Modifiée le :
27 déc. 2023
Référence :
00000005909

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

La « Marche pour l’égalité et contre le racisme » de 1983 est une réaction au « malaise des banlieues ». Les premières grandes émeutes urbaines explosent en effet à partir de la fin des années 1970 dans la banlieue lyonnaise, tout d’abord dans le quartier de la Grappinière à Vaulx-en-Velin, puis dans celui des Minguettes à Vénissieux. L’émeute des Minguettes, en 1981, est la première à être massivement médiatisée.

Ces tensions ont de multiples causes. Elles nourrissent un fort sentiment de marginalisation sociale et économique chez « les jeunes » des banlieues. On peut évoquer en premier lieu le « malaise des grands ensembles » ou la « sarcellite » (du nom de la ville de Sarcelles, dans le Val-d’Oise, célèbre pour ses grandes barres d’immeubles) : ces bâtiments, construits dans les années 1960 pour répondre à la forte croissance démographique et à l’important afflux de rapatriés d’Afrique du Nord (pour Sarcelles) et de travailleurs maghrébins, sont, vingt ans plus tard fortement dégradés. Alors qu’ils bénéficiaient d’une certaine mixité sociale à l’origine, ils ne comptent plus qu’une population très précarisée et souvent immigrée dans les années 1980. Par ailleurs, le chômage connaît une forte augmentation depuis le début des années 1970 (notamment depuis la première crise pétrolière de 1973). Enfin, la parole et les crimes racistes se multiplient, dans un contexte où un parti xénophobe, le Front national, fait campagne contre l’immigration (associée au chômage et à l’insécurité) et remporte de premiers succès électoraux (comme à Dreux).

L’association locale SOS Avenir Minguettes (présidée par Toumi Djaïdja) et plusieurs personnalités religieuses (le pasteur Jean Costil de la Cimade, le père Christian Delorme) décident alors de lancer en octobre 1983 une « Marche pour l’égalité et contre le racisme ». Relativement peu nombreux dans un premier temps, les participants augmentent progressivement jusqu’à atteindre les 100 000 personnes à Paris le 3 décembre. Cette marche génère un espoir très important (participation de nombreuses personnes de conditions diverses, soutien de personnalités politiques importantes, réception de marcheurs à l’Élysée). Peu de mesures concrètes sont toutefois adoptées (hormis la carte de séjour de 10 ans).

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

L’extrait est tiré de l’émission « INAttendu », proposée par Franceinfo et l’INA à l’occasion du 40e anniversaire de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme ». En vingt-six minutes, ce « magazine d’approfondissement historique », présenté par Nathanaël de Rincquesen, revient sur la marche de 1983, appelée aussi « Marche des Beurs ». Pour ce faire, deux journalistes (Géraldine Cornet Lavau et Camille Dauxert) interrogent Toumi Djaïdja (qui habitait à l’époque aux Minguettes, dans la banlieue lyonnaise, et a participé à la Marche). 

L’émission recontextualise la marche de 1983 pour comprendre « les origines de ce mouvement » en analysant la situation politique et sociale de la France au début des années 1980. 

Cet extrait se déploie en deux phases : dans un premier temps sont retransmis des extraits de journaux télévisés de l’époque, avec le commentaire des journalistes des années 1980 entrecoupés d’une voix off enregistrée en 2023. De nombreux éléments y sont évoqués : le « malaise des grands ensembles », les difficultés d’intégration (notamment économique) de jeunes issus de l’immigration pourtant nés en France, la multiplication des crimes racistes et l’émergence du Front national, les violences policières, les réactions des jeunes, etc. Cette longue liste permet de montrer que toutes les causes de la marche de 1983 sont interconnectées. On peut noter également les hésitations dans le vocabulaire employé pour qualifier les acteurs de cette Marche puisque alternent les expressions « jeunes », « immigrés », « nouvelle génération née en France », « Arabes », etc. L’emploi de termes variables, aux connotations évidemment différentes, est tout à fait significatif (même s’il n’est pas explicitement souligné par l’émission).

La deuxième partie se concentre sur le témoignage de Toumi Djaïdja. Le présentateur, Nathanaël de Rincquesen, lui demande de témoigner de son « quotidien » à l’époque et insiste surtout pour qu’il raconte l’attaque qu’il a personnellement subie en 1983. Il s’agit probablement de personnaliser les éléments de contexte évoqués auparavant : on voit d’ailleurs, juste avant son témoignage, les réactions de Toumi Djaïdja à l’évocation des crimes racistes du début des années 1980 (grâce à l’incrustation de son visage sur les images de l’époque).

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