vidéo - 

Attentat de la préfecture de police de Paris en 2019 : le parquet antiterroriste n'est pas saisi

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 oct. 2019 | Date d'évènement : 03 oct. 2019

Le 3 octobre 2019, en direct de la préfecture de police de Paris, le journaliste Dominique Verdeilhan commente les dernières informations relatives à l'attentat qui vient de s’y produire. L'auteur des faits, Mickaël Harpon, est totalement inconnu des services de renseignement intérieur. S'il s'est converti à l'islam dix-huit mois auparavant, aucun élément ne prouve sa radicalisation : le parquet antiterroriste n'est donc, pour le moment, pas saisi.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Générique :
Verdeilhan Dominique (Journaliste)
Date de l'évènement :
03 oct. 2019
Date de diffusion du média :
03 oct. 2019
Production :
@ 2019 -  France Télévisions
Page publiée le :
26 févr. 2024
Modifiée le :
25 juin 2024
Référence :
00000005952

Contexte historique

Par Lucie VouzelaudProfesseure agrégée d'histoire, responsable du pôle pédagogique du Musée-mémorial du terrorisme )

Le 3 octobre 2019, un agent administratif de la préfecture de police de Paris, Mickaël Harpon, s’en prend à l’arme blanche à plusieurs de ses collègues. Quatre d’entre eux décèdent : Damien Ernest (28 ans de service), Anthony Lancelot (11 ans de service), Brice Le Mescam (6 ans de service) et Aurélia Trifiro (17 ans de service).

Âgé de 45 ans, Mickaël Harpon, né à Fort-de-France (Martinique) était informaticien dans le service des Renseignements depuis quinze ans. Résidant à Gonesse, dans le Val-d’Oise, mariée à une femme d’origine marocaine, il s’était converti à l’islam et était pratiquant. Le matin de l’attaque, sa femme, à qui il écrivait qu’il avait acheté un couteau, lui répondait : Seul Dieu te jugera. La piste du terrorisme islamiste est assez vite envisagée. 

Cet attentat du 3 octobre 2019 contre la préfecture de police de Paris s’inscrit dans une longue série d’attentats revendiqués par l’État islamique visant, à partir de 2014, les forces de l’ordre sur le sol français : l’attaque contre un commissariat de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) le 20 décembre 2014 ; l’assassinat, le 8 janvier 2015, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, de Clarissa Jean-Philippe, policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine) ; l’attaque au couteau, le 3 février 2015, de deux militaires de l'opération « Sentinelle » qui gardaient un centre communautaire juif à Nice ; l’attaque, le 7 janvier 2016, d'un commissariat de police du quartier de la Goutte-d’Or à Paris par un homme portant une ceinture d’explosifs ; l’attentat à l’arme blanche de deux policiers assassinés chez eux devant leur fils, à Magnanville (Yvelines), le 13 juin 2016 ; l’attaque à l’arme blanche contre des militaires au Louvre, à Paris, le 3 février 2017 ; l’attentat du 20 avril 2017 sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris où Xavier Jugélé, conducteur d’un fourgon de police, est tué par un homme armé d’une kalachnikov ; l’attaque à la voiture-bélier contre des militaires à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), le 28 juillet 2017. 

Cet événement s’inscrit de fait dans la stratégie de l’État islamique. Né au cœur de la guerre civile syrienne, d’une scission avec le Front al-Nosra, branche locale d’al-Qaida et canal historique du djihadisme salafo-frériste, l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, dont l’acronyme arabe est Daech) est proclamé le 9 avril 2013 par Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique d’Irak, avec des ambitions territoriales. Suite à des conquêtes dans le nord et l’est de la Syrie (notamment Raqqa en janvier 2014), Mohamed al-Adnani, porte-parole de l’EEIL proclame, le 29 juin 2014, à Mossoul, la restauration du califat et exhorte les « frères » à tuer de n’importe quelle manière les « incroyants » et « tout citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique ». 

Éclairage média

Par Lucie VouzelaudProfesseure agrégée d'histoire, responsable du pôle pédagogique du Musée-mémorial du terrorisme )

Anne-Sophie Lapix ouvre le journal de 20 heures de France 2 sur « cette attaque meurtrière à la préfecture de police de Paris » avec, en sous-titre, « Préfecture de police : un fonctionnaire tue 4 agents ». La journaliste précise : Un agent administratif a tué, en les poignardant, sa supérieure hiérarchique, ainsi que 3 policiers, avant d’être abattu ; on ignore encore ses motivations.

Le sujet est le premier du journal et s’étend sur près de six minutes : après la reconstitution de la chronologie à l’aide d’infographies, l’interview de témoins et d’agents de la préfecture de police et des images de rue, ainsi qu’un reportage sur le lieu de résidence de l’« agresseur » pour essayer d’en établir un profil, un duplex avec le journaliste Dominique Verdeilhan, présent sur place, permet d’évoquer la façon dont la justice va apprécier les motivations de l’auteur des faits.

Anne-Sophie Lapix insiste sur le rôle-clé du Parquet national antiterroriste (PNAT). Après les attentats de 2015 et celui de Nice le 14 juillet 2016, les lois du 3 juin et du 21 juillet 2016 ont durci les peines infligées pour les infractions criminelles d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Puis celle du 1er novembre 2017 (dite loi SILT) a permis de pérenniser les mesures de l’état d’urgence. Cette évolution législative a été prolongée par une réorganisation institutionnelle avec la création, en juillet 2019, du PNAT.

Le Parquet national antiterroriste n’est cependant « pour l’instant » pas saisi de l’enquête, mais « suit l’affaire de près ». Il faut attendre que des éléments permettent de déterminer les motivations de l’agresseur pour caractériser l’attaque. Sont-elles personnelles, comme un témoin l’évoque dans les témoignages qui précèdent la séquence, notamment le « conflit ouvert avec sa supérieure hiérarchique » ou sont-elles idéologiques, évoquant une « radicalisation » ? S’ouvre le temps long de l’enquête qui explique la prudence dans le vocabulaire employé par les deux journalistes.

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème