Début du ramadan : comment la date est-elle fixée ?

Contexte historique

Le ramadan est le nom d’un mois sacré dans le calendrier islamique. Pendant cette période, chaque musulman est tenu de respecter le jeûne entre le lever et le coucher du soleil.

Une des spécificités de ce calendrier dit « hégirien », c’est qu’il est lunaire, contrairement au calendrier grégorien, qui est solaire. Les douze mois lunaires de l’année, faisant entre 29 et 30 jours, pour une année de 354 jours, le début du ramadan se décale d’une dizaine de jours par rapport au calendrier grégorien. Ainsi, en 2023, le ramadan a débuté le 23 mars. En 2024, ce devrait être le 11 ou le 12 mars.

La question de la date du début ramadan fait régulièrement l’objet d’une incertitude. Elle est traditionnellement décidée lors d’une observation astronomique après la nouvelle Lune : si l’on peut observer le début du croissant, cela signifie que le mois du jeûne commence. La date est annoncée officiellement lors de la « Nuit du doute ».

En 2013, le Conseil français du culte musulman (CFCM), institution née en 2003 de la volonté du ministre de l’Intérieur et des Cultes de l’époque, Nicolas Sarkozy, de disposer d’un interlocuteur national représentant les musulmans, s’appuie sur des calculs scientifiques plutôt que sur l’observation traditionnelle pour définir la date de début du ramadan. Résultat : le CFCM indique le 9 juillet. Cependant, les mosquées locales, dont la Grande Mosquée de Paris privilégient l’observation traditionnelle et choisissent le 10 juillet. À l’époque, les fidèles suivent majoritairement la seconde option, obligeant le CFCM à faire volte-face. Aujourd’hui, le CFCM continue de dévoiler la date du ramadan en s’appuyant sur la méthode des calculs scientifiques, adoptée en 2013. Cependant, les musulmans de France suivent toujours plus volontiers l’indication de la Grande Mosquée de Paris, tenante de la méthode traditionnelle.

Éclairage média

Ce reportage du journal télévisé de la chaîne d’information locale France 3 Paris Île-de-France s'inscrit dans les marronniers consacrés aux grandes fêtes religieuses, comme Pâques et Kippour. Il traite d’un imbroglio autour de la date du début du ramadan. En cette année 2013, le mois du jeûne dans la religion musulmane commence-t-il le 9 juillet ou le 10 juillet ? Le sujet débute avec un micro-trottoir sur le marché, exercice classique pour capter les réactions. Ici, les journalistes ont choisi un marché alimentaire du quartier parisien de Belleville. Le reportage alterne les témoignages et les plans d’illustrations du marché, puis il présente une image de minaret : nous sommes désormais à la Grande Mosquée de Paris. Le reportage fait appel à une autorité religieuse, le recteur de la mosquée de Paris et  président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur. Celui-ci explique que les fidèles suivent majoritairement les directives venues des autorités religieuses du Maghreb et d’Arabie saoudite. Ce sujet diffusé à la fin de journal s’inscrit aussi dans le projet politique d’organiser « l’islam de France », évoqué depuis les années 1990 et repris par plusieurs ministres de l’Intérieur de tous bords, notamment Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Sarkozy et, à l’époque de ce reportage, Manuel Valls.