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La condition féminine en République islamique d’Iran en 1979

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 02 déc. 1979 | Date d'évènement : 1979

Dans ce reportage de décembre 1979, plusieurs femmes iraniennes sont interrogées sur le port du voile, imposé par la nouvelle Constitution de la République islamique d'Iran : certaines revendiquent le port du tchador, pour elle un élément de fierté. D’autres, comme les étudiantes de l'université de Téhéran, disent leur opposition à cette mesure qui restreint leur liberté.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
1979
Date de diffusion du média :
02 déc. 1979
Production :
@ 1979 -  Antenne 2
Page publiée le :
14 mars 2024
Modifiée le :
11 avr. 2024
Référence :
00000005994

Contexte historique

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Dès l’instauration de la République islamique d’Iran en avril 1979, il est indiscutable que le nouveau régime ne reconnaît pas une pleine égalité entre les hommes et les femmes. La loi dite de « protection de la famille » de 1967, qui limitait le droit unilatéral des hommes au divorce et à la polygamie, est ainsi rapidement suspendue par la République islamique. Le port du voile (dont le modèle courant en Iran est le tchador) est également progressivement imposé à toutes les femmes iraniennes (dans les administrations publiques début 1979 puis dans la rue fin 1981). Le respect de cette obligation, qui ne repose en réalité sur aucun fondement légal, est assuré par les comités de la Révolution islamique. Plus largement, les femmes ne bénéficient pas des mêmes droits que les hommes et sont sous leur tutelle dans de nombreux domaines.

Pour autant, plusieurs éléments nuancent partiellement ce constat. L’ayatollah Khomeyni ne revient pas sur le droit de vote des femmes : il les appelle à participer au référendum de 1979 (qui instaure le nouveau régime) et une poignée de femmes sont élues au Parlement de 1980. Il adopte même quelques mesures d’ordre socio-économiques (sur le divorce, par exemple) qui renforcent le droit des femmes.

Éclairage média

Par Nicolas LepoutreProfesseur agrégé d'histoire au lycée Guy de Maupassant de Colombes )

Ce reportage d’Antenne 2, diffusé en décembre 1979, soit un peu moins d’un an après la révolution marquant l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeyni, tente de présenter une vision nuancée de la condition féminine en Iran, même si le montage laisse transparaître une condamnation claire de l’imposition du port du voile et des discriminations envers les femmes en République islamique d’Iran. Le reportage donne d’abord la parole aux partisans du nouveau régime, pour qui l’obligation de porter le voile est associée à une forme de « dignité ». En 1979, le port du voile est en effet considéré par certaines femmes comme un moyen d’investir un espace public dont elles se sentaient jusqu’alors exclues. Il faut noter cependant que, dès le mois de mars, quelques semaines avant la proclamation de la République islamique d’Iran, des manifestations de masse de femmes se sont tenues à Téhéran pour lutter contre la restriction des libertés.

À la suite du témoignage de la première femme, qui défend le port du voile, de très jeunes enfants en tchador sont filmées en gros plan avant d’effectuer une transition vers la deuxième partie du reportage qui donne la parole à des opposantes au port obligatoire du voile. Une plus longue place est accordée à cette parole dans le reportage. Une Iranienne, s’exprimant dans un français quasiment parfait, dénonce d’abord une mesure « réactionnaire » et contraire au « vrai islam ». Ensuite sont diffusées des images d’une réunion de femmes s’opposant à la nouvelle Constitution, un rassemblement qui a lieu dans les sous-sols de l’université de Téhéran dans la « semi-clandestinité » en raison des perturbations des « étudiants islamiques » ; le journaliste égrène un certain nombre d’arguments et conclut sur le fait que les femmes « peuvent être mariées de force dès l’âge de 13 ans ».

La vidéo oppose schématiquement « les milieux où la religion dicte la conduite quotidienne », qui défendent le nouveau régime, et « les femmes qui peuvent comparer avec la condition féminine dans d’autres pays du monde » et s’y opposent donc. Si les clivages sociaux sont indéniables, le propos tend à associer implicitement le port du voile à un manque d’éducation. Le reportage, par sa brièveté, tend à réduire le problème de restriction des libertés individuelles, qui touche les femmes comme les hommes dans l’Iran de 1979, au seul port du voile. Au journaliste qui lui demande si elle estime que sa liberté est aliénée, une opposante au port obligatoire du voile répond, en français et tout en nuances : « Pour tout le monde, ça manque de liberté. »

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