Rimbaud-Verlaine : une relation féconde et passionnelle

Verlaine et Rimbaud se sont d'abord reconnus au travers de leurs poèmes avant de s'aimer passionnément. Mais si leur relation se termina dramatiquement, elle n'entama cependant jamais l'admiration de Verlaine pour celui qu'il surnommait l'homme aux semelles de vent. Au point qu'il mit tout en œuvre pour faire connaître le génie de son ancien amant.

 

Après avoir lu Fêtes galantes et Poèmes saturniens, et considéré leur auteur comme un « vrai poète », Arthur Rimbaud écrit à Paul Verlaine en août 1871, lui joignant ses propres poèmes. Verlaine, dix ans plus âgé et déjà intégré dans le monde des lettres, les apprécie : « Venez, venez vite, chère grande âme », lui répond-il. Rimbaud le rejoint donc à Paris. C’est le début d’une relation amoureuse et poétique mythique. Elle prend fin en juuillet 1873 avec l’épisode du coup de feu de Bruxelles quand, désespéré de leur séparation prochaine, Verlaine tire deux fois sur Rimbaud – seul un coup fait mouche – avec son revolver, le blessant au poignet.

 

Rimbaud fera de sa relation avec Verlaine le sujet majeur des poèmes en prose regroupés sous le titre Une saison en enfer : 

Lui était presque un enfant… Ses délicatesses mystérieuses m’avaient séduite. J’ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre […] C’est un démon, vous savez, ce n’est pas un homme.

Ensemble, ils expérimenteront une nouvelle poésie, détachée de toutes règles académiques. 

Si Verlaine a joué un rôle de grand frère littéraire pour Rimbaud – il est un des rares poètes établis à l’encourager dans sa création –, il lui a surtout été indispensable dans le regroupement de son œuvre. Rimbaud n’a pas fait de démarches pour publier ses poèmes, les envoyant sans ordre à des connaissances, via des lettres.

En 1875, Verlaine envoie le manuscrit des Illuminations que lui a confié Rimbaud à son ami poète Germain Nouveau (1851-1920) afin qu’il l’imprime. Dès 1872, Verlaine avait recopié, et sauvé d’un oubli certain, les poèmes suivants : Les Assis, Tête de faune, Le Cœur volé, Les Mains de Jeanne-Marie, Les Effarés, Les Voyelles. On ne connaît d’ailleurs souvent que les versions de Verlaine, attentif à recopier le moindre brouillon de Rimbaud. Selon ses propres mots, il a « inauguré la gloire de Rimbaud », notamment grâce à son livre Les Poètes maudits (1883), dans lequel il expose le génie de trois poètes : Stéphane Mallarmé, Tristan Corbière et Arthur Rimbaud.

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