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État des lieux de la francophonie aujourd’hui

Copyright de l'image décorative: © Fethi Belaid / AFP

Les drapeaux des pays participant au 18e Sommet de la francophonie flottent devant le site accueillant l'événement, sur l'île tunisienne de Djerba, le 18 novembre 2022.
Par Juliette SerfatiJournaliste
Publication : 27 sept. 2024 | Mis à jour : 27 sept. 2024
Temps de lecture : 4 min

Niveaux et disciplines

Autrefois instrument d’expansion coloniale et de domination, la francophonie rassemble désormais 321 millions de locuteurs et locutrices dans le monde, qui ont le français pour langue commune, mais très rarement unique. Près des deux tiers des francophones vivent en Afrique. 

 

Cinquante-quatre États composent aujourd’hui l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), auxquels s’ajoutent des États membres associés (7) ou observateurs (27) convoqués tous les deux ans, depuis 1986, au Sommet de la francophonie. Au total, la francophonie politique (et non uniquement linguistique) compte 1,2 milliard d’individus répartis sur les cinq continents.

Née en 1998, l’OIF, qui succède à l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), se donne pour objet d’apporter aux États qui la composent un appui dans l’élaboration ou la consolidation de leurs politiques et mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale. Cet article revient sur l'histoire de la francophonie.

Quels pays font partie de l'OIF ?

 

Parmi les membres de l’OIF, 30 ont le français pour langue officielle, 13 en tant que langue unique et 17 au côté d’une ou plusieurs autres langues.

Qu’est-ce qu’un francophone ?

Quand on parle de personnes francophones, on distingue :

  • les francophones de langue maternelle, pour la plupart monolingues, en France, Belgique wallonne et Bruxelles, en Suisse romande, au Québec, à Monaco ;
  • les francophones de pays partiellement francophones, bilingues ou multilingues, en Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Congo, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Togo) et dans l’océan Indien, en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie), en Haïti, au Vanuatu, dans les départements et régions français d’outre-mer, etc. Ils utilisent le français comme langue d’usage ou langue seconde et le maîtrisent à des niveaux assez variables ;
  • les francophones « occasionnels », qui ont appris le français comme langue d’enseignement ou comme langue étrangère et le maîtrisent à des degrés divers en plus de leur(s) langue(s) maternelle(s) ou véhiculaire(s) [1] Une langue véhiculaire est une langue de communication entre des locuteurs de langue maternelle ou de dialectes différents, par opposition à une langue vernaculaire parlée à l’intérieur d’une communauté. Le français, comme l’anglais, sont des langues à la fois vernaculaires et véhiculaires.

Au total, on dénombre aujourd’hui 321 millions de francophones à travers le monde – en progression de 7 % depuis 2018 (OIF, rapport 2022) –, dont près des deux tiers (62 %) se trouvent en Afrique. Le français est la 5e langue la plus parlée sur la planète.

La francophonie repose donc sur le partage du français comme langue commune, mais rarement unique. 

Le français, une langue qui en cache bien d’autres

Si l’histoire de la construction de l’État français autour d’une seule langue nationale les a reléguées hors du champ de l’enseignement, parfois au prix d’humiliations, on parle bien d’autres langues que le français en France ! Le rapport Cerquiligni (1999) en dénombre soixante-quinze, incluant l’alsacien, le basque, le catalan, le breton, les créoles, etc. La France se vit comme unilingue, mais ne l’est pas vraiment, estime le linguiste belge Jean-Marie Klinkenberg. Outre les langues régionales, celles de l’outre-mer, il y a encore toutes les langues non visibles de l’immigration, des restes de judéo-espagnol, la langue de la communauté arménienne, etc. La représentation monolingue s’est construite avec le centralisme qui existe depuis Louis XIII.

Au Sénégal, on parle le diola, le malinké, le pular, le sérère, le soninké, le wolof, toutes langues nationales. La mixité des ethnies, ajoute le journaliste Frédéric Pennel dans son livre Guerre des langues : le français n’a pas dit son dernier mot, fait que les enfants, sans le moindre effort, comprennent trois ou quatre langues avant même d’apprendre le français à l’école laïque ou l’arabe à l’école coranique. La Confédération suisse compte pour sa part quatre langues nationales : l’allemand, le français, l’italien et le romanche – dont seulement trois sont langues officielles (le romanche a un statut de langue officielle dans le seul canton des Grisons). On parle créole et français en Haïti ; arabe, anglais et français au Liban, etc.

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