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Proposé par Institut national de l’audiovisuel
Date de diffusion : 20 sept. 1962 | Date d'évènement : 12 sept. 1962
Le 12 septembre 1962, le général de Gaulle présente son projet de réforme constitutionnelle sur l'élection du président de la République au suffrage universel. Il annonce la tenue d'un référendum sur cette révision constitutionnelle capitale.
Niveaux et disciplines
Ressources pédagogiques utilisant ce média
Niveaux: Cycle 4 - Lycée général et technologique - Lycée professionnel
Ces législatives qui ont changé l’histoire de la Ve République
Informations et crédits
- Type de ressource :
- Forme :
- Collection :
- Date de l'évènement :
- 12 sept. 1962
- Date de diffusion du média :
- 20 sept. 1962
- Production :
- INA
- Page publiée le :
- 2003
- Modifiée le :
- 11 juin 2024
- Référence :
- 00000000091
Contexte historique
"L'accord direct entre le peuple et celui qui a la charge de le conduire est devenu, dans les temps modernes, essentiel à la République (…) Par le suffrage universel (…) nous aurons, au moment voulu, à assurer que dans l'avenir, et par-delà les hommes qui passent, la République puisse demeurer forte, ordonnée, continue". Sur la base de ce principe, à l'été 1962, de Gaulle envisage une révision constitutionnelle. Il s'agit d'introduire l'élection au suffrage universel direct du Président de la République.
L'idée se heurte à l'hostilité de la majorité de la classe politique. Cette dernière juge que cette réforme présidentialiste affaiblira le pouvoir législatif (Assemblée). Le 12 septembre, le général annonce malgré tout un référendum sur cette question. L'Assemblée dépose alors avec succès une motion de censure contre le gouvernement Pompidou (2 octobre). Mais de Gaulle persiste : il maintient le gouvernement, redit son intention de soumettre son projet au verdict des urnes et dissout l'Assemblée (10 octobre). Selon la logique plébiscitaire gaullienne, il affirme qu'il se retirera si le "non" l'emporte (18 octobre).
Le 28 octobre, le "oui" est majoritaire (61%). La Ve République passe alors un cap semi-présidentiel, ce qui permet à de Gaulle, en s'appuyant sur la majorité UNR-UDT sortie des urnes lors des législatives (18-25 novembre), de poursuivre d'autres desseins.[Charles de Gaulle, Discours et messages. t.3. Avec le renouveau (mai 1958-juillet 1962), Plon, 1970]
Éclairage média
A l'issue du Conseil des ministres du 12 septembre 1962, le général de Gaulle s'adresse aux Français lors d'une allocution télévisée. En civil, derrière un bureau et devant la bibliothèque qui compose habituellement l'arrière-plan de ses interventions, il ne lit pas son texte, mais le dit. Avec un art étudié de la tension dramatique, entre pauses et gestes ponctuant et appuyant ses propos (renforcés par un plan fixe large), il en vient au cœur de son discours : la légitimité de toute réforme doit être soumise au verdict du "peuple", de la "souveraineté nationale", par la "voie démocratique du référendum". A ses yeux, ce verdict est aussi légitime que ceux rendus par le Parlement.
Plaçant son intervention sous le signe de la modernité, de l'avenir, il tient le téléspectateur-électeur en haleine. Il se garde du reste, avec un sens certain du suspens, de lui annoncer la date du rendez-vous référendaire. Il se dégage de sa prestation "une harmonie presque naturelle (…) une science tranquille des effets", teintées de solennité (le propos s'y prête). Ainsi, en usant habilement du petit écran ("C'est au peuple que je veux être lié (…) Or voici que la combinaison du micro et de l'écran s'offre à moi…"), il espère emporter la conviction du plus grand nombre, surtout en une période où la croissance du parc télévisuel est marquée (13% de foyers sont équipés en 1960, plus de 45% dès 1965) et où il ne cesse lui-même d'affiner sa stratégie de communication et sa gestion des médias.[Jérôme Bourdon, Haute Fidélité. Pouvoir et télévision, 1935-1994, Le Seuil, 1994, p. 54][Charles de Gaulle, Mémoires d'espoir. Le renouveau, Plon, 1970]