Retour à Paris de prisonniers et de déportés

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 avr. 1945 | Date d'évènement : 01 avr. 1945

Un train de marchandises transportant des prisonniers entre dans une gare parisienne.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
01 avr. 1945
Date de diffusion du média :
27 avr. 1945
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000261

Contexte historique

Par Françoise Berger

Dirigé par Henri Frenay, le ministère des Prisonniers, Déportés et Réfugiés coordonna le retour des quelque 2 250 000 personnes qui se trouvaient, en 1945, sous la tutelle du Reich. Dès la fin mai 1945, ses services parvinrent à organiser le rapatriement de 40 000 personnes par jour, que ces dernières soient transportées par train ou par avion (les appareils retournant à vide d'Allemagne étant utilisés pour le transport des anciens captifs). Hommes et femmes recevaient une somme d'argent et des vêtements ; ils bénéficiaient également de soins gratuits.

Éclairage média

Par Françoise Berger

Ce sujet du 27 avril 1945 associe pour la première fois à l'image le retour des prisonniers de guerre à celui des déportés. Suivant la logique du ministère Frenay, le commentaire tend à réunir les "absents" en une même catégorie. Contrairement aux reportages de la radio et de la presse écrite, le commentateur ne nomme pas les déportés du Bourget parmi lesquels se trouvait notamment Marcel Dassault, que l'on voit à l'image. La séquence concernant le meeting de l'Union des femmes françaises, indirectement consacrée aux femmes de Ravensbrück, a été préférée à celle du retour des déportées de ce camp, parmi lesquelles Geneviève de Gaulle, la nièce du Général, qui vint les accueillir en gare de l'Est. De même, les actualités de l'année 1945 ne montrèrent pas d'images de l'accueil des déportés à l'hôtel Lutétia, contribuant ainsi à gommer le retour des déportés raciaux sur le sol français.

Dans ce reportage, et dans ceux qui suivirent, se met en place l'image stéréotypée unique du déporté politique, présenté comme un patriote résistant, une figure qui contribue à passer sous silence le sort spécifique des juifs et des Tziganes, exterminés dans les camps. De manière significative, le mot "juif" n'est jamais prononcé par le speaker des "Actualités Françaises" dans les reportages consacrés à la déportation. C'est un sujet très tabou parce que le régime de Vichy a participé à la déportation de juifs de France et que peu d'habitants ont aidé ces derniers à échapper aux rafles. Il le restera très longtemps dans un pays marqué par l'antisémitisme depuis la fin du XIXe siècle. Dans son dernier reportage, ce journal du 27 avril 1945 proposait les premières images de la libération des camps, en montrant quelques plans de la visite d'Eisenhower à Ohrdruf. Ce reportage fut suivi, en mai 1945, par une série de sujets sur les camps de Bergen-Belsen, Buchenwald, Dachau... Tous ces sujets furent consacrés aux seuls camps d'Allemagne libérés par les Alliés occidentaux ; on ne dit rien de ceux libérés par les Soviétiques.

L'évocation des camps nazis dans la presse filmée française fut donc à la fois brève, partielle et tardive (la libération des camps de Majdanek, du Struthof ou d'Auschwitz-Birkenau était bien antérieure). Mais elle fut également très intense comme l'attestent les témoignages des spectateurs du printemps 1945 qui furent marqués à jamais par ces images de charniers et de déportés squelettiques.

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