La Bataille du rail (René Clément, 1946)

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1946

La résistance des cheminots français pendant l'occupation est retracée dans ce film, dont l'extrait choisi présente l'exemple d'un sabotage.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
1946
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000496

Contexte historique

Par Carole Robert

De 1944 à 1946, c'est le Comité de Libération du cinéma français, fondé par des résistants, qui gère la production du cinéma. Il met en place un programme de films, mais aussi d'épuration du cinéma. Clouzot est par exemple interdit de tournage pendant deux ans - on reproche au Corbeau d'avoir été financé par des fonds allemands et de donner une mauvaise image de la France. La comédienne Arletty reçoit un blâme.

Au cours de ces deux années, plus d'une vingtaine de films est consacrée à la guerre, la plupart évoquant la Résistance, souvent avec un souci de réalisme historique teinté d'idéalisme. La Bataille du rail, réalisé par René Clément, est le premier film dédié à la gloire de la résistance ferroviaire. La mémoire de la guerre est un des thèmes récurrents du cinéma français jusqu'à aujourd'hui. Sous la IVe République, les films concernent plutôt la vie quotidienne des Français sous l'Occupation : La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara évoque par exemple la vie d'un petit trafiquant du marché noir, plutôt lâche. On est loin de la représentation idéaliste de la France résistante. En 1958, l'arrivée de de Gaulle au pouvoir relance l'inspiration. Les réalisateurs façonnent des images très contrastées de la Guerre : drames psychologiques sur les résistants (L'armée des ombres de Jean-Pierre Melville en 1969), comédies et représentations burlesques (La Grande Vadrouille de Gérad Oury en 1966).

A partir de 1969, se développent des approches de plus en plus iconoclastes de la Résistance et de la Seconde Guerre. Ce changement est parallèle aux recherches des historiens. En 1971, le film Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophuls démythifie l'image d'une France résistante, provoquant un scandale tel que la télévision, qui l'a pourtant financé, refuse de le diffuser pendant douze ans. Louis Malle aborde en 1974 le thème de la collaboration dans son film Lacombe Lucien : le film fait scandale à sa sortie, mais il contribue aussi à modifier la vision simpliste de la France occupée. Dans les années 1980, les films Papy fait de la résistance (sur un mode humoristique), Le Dernier métro rappellent également la complexité et les ambiguïtés de la période.

Le thème de l'épuration à La Libération, tournée contre l'action des communistes, apparaît dans l'adaptation du roman de Marcel Aymé Uranus en 1990. Enfin en 2003, dans Bon voyage, Jean-Paul Rappeneau choisit une approche dépassionnée de la défaite, loin des tonalités engagées, comiques ou dramatiques qui caractérisaient jusqu'alors le traitement cinématographique de la Seconde Guerre.

Éclairage média

Par Carole Robert

La Bataille du rail de René Clément, filmée en 1945, a vu le jour sous forme de court métrage. Le court métrage, dont le titre original était Résistance de fer, a séduit les producteurs ( "Résistance Fer", organisme qui regroupe des résistants cheminots) qui ont suggéré à René Clément et Henri Alekan, le directeur photo, d'en faire un long métrage.

Après un hiatus de deux mois, Clément complète son film qui est tourné avec de vrais cheminots. Les épisodes s'enchaînent en suivant une simple trame chronologique, sans dialogue écrit au préalable et montre un florilège de toutes les anecdotes les plus glorieuses de la résistance des cheminots. Le film veut montrer la France résistante, le sens du courage, de la solidarité et du sacrifice des Français. On n'y voit aucune allusion à la collaboration. Il est le reflet de l'état d'esprit qui domine l'après-guerre. Le film reçoit le premier prix du premier Festival de Cannes en 1946. C'est également un gros succès populaire.

La série de plans en contre- plongée sur le train en mouvement et les résistants donne une intensité dramatique renforcée par la musique héroïque. Le montage est rapide, passant de plans larges sur le train à des plans serrés sur l'action des résistants (gros plan sur les mains) : le suspense est renforcé. L'extrait choisi montre le déraillement du train allemand traînant un tank : cette scène époustouflante a pu être tournée grâce à l'aide du Système National français des chemins de fer. Elle a été filmée avec trois caméras et ponctuée d'un plan où un accordéon roule en bas d'une structure surélevée - en référence à Eisenstein. Ce changement de cadre et de champs soudain ajoute une dimension dramatique à la scène.

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