Le lancement du satellite soviétique Spoutnik

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 09 oct. 1957 | Date d'évènement : 26 août 1957

Le reportage décrit les étapes technologiques qui accompagnent le lancement de Spoutnik et insiste sur l'énorme progrès, presque inquiétant, que représente ce succès scientifique des Soviétiques.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
26 août 1957
Date de diffusion du média :
09 oct. 1957
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000707

Contexte historique

Par Carole Robert

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le début de progrès technologiques considérables indissociables des relations conflictuelles entre URSS et Etats-Unis. Dans les années cinquante, la Guerre Froide se déplace dans la sphère des recherches scientifiques. Le 26 août 1957, l'agence soviétique TASS annonce le lancement d'une "superfusée balistique intercontinentale à plusieurs étages", autrement dit capable d'atteindre le sol américain, ainsi qu'un programme d'explosions nucléaires et thermonucléaires. Bien des experts occidentaux croient que Khrouchtchev bluffe. Mais le 4 octobre, ils doivent changer d'avis : l'URSS met sur orbite son 1er "spoutnik". Le même jour, Moscou annonce l'essai d'une bombe à hydrogène. Le 3 novembre, un nouveau Spoutnik est lancé, qui pèse six fois plus que le premier, et contient une chienne - Laïka - ce qui en Angleterre indigne les amis des bêtes !

Les Etats-Unis proclament d'abord que le Spoutnik "n'a aucune valeur", le taxant de "truc scientifique qui ne troublera le sommeil de personne". Pourtant, pour la 1ère fois, le territoire des Etats-Unis cesse d'être inattaquable. Comprenant leur erreur, les dirigeants américains reconnaissent le danger représenté par Spoutnik fin octobre 1957. C'est seulement en 1958, après de nombreux échecs, que les Etats-Unis lanceront à leur tour des prototypes réussis de la fusée Jupiter et de l'engin intercontinental Atlas. L'URSS reprend le dessus en mettant sur orbite un Spoutnik 125 fois plus lourd.

En 1958, rares sont ceux qui croient que les Etats-Unis peuvent rattraper leur retard dans le domaine aérospatial. Mais la guerre technologique est bel et bien lancée. Le haut commandement militaire spatial américain décide de maintenir en l'air ses appareils, pour pouvoir exécuter des missions de représailles si leurs bases terrestres étaient détruites par les Soviétiques. Et en 1958, la NASA est créée par le gouvernement américain pour intensifier les recherches dans le domaine aéronautique. Dans les années 1960, les deux grandes puissances améliorent leurs techniques d'exploration de l'espace avec des sondes, des satellites et des véhicules planétaires pour mieux connaître Mars : l'engin soviétique Mars 1 est suivi de l'Américain Mariner US 4 (1964). La rivalité technologique est appelée à durer jusqu'au milieu des années 1980 : Reagan lance encore en 1980 un programme de conquête spatiale qu'il nomme la "guerre des étoiles".

Éclairage média

Par Carole Robert

Si les premières phrases du commentaire abordent directement la rivalité avec les Etats-Unis, qui sont encore présentés comme les plus performants et surtout les premiers dans la course aux étoiles, ce n'est pas à l'aspect politique que s'intéresse le reportage. En effet, les premières images témoignent plutôt de la fascination de l'époque pour la haute technologie : gros plans sur les mécaniques internes d'enregistrement dans la sphère, et plans sur les ingénieurs au travail en laboratoire. Ensuite, le reportage sort du laboratoire pour montrer l'explosion de V2 et sa puissance. Puis il propose un schéma de la terre vue du satellite Spoutnik. Dans la même optique, le journaliste donne des précisions sur la rapidité et le poids des fusées. Les images sur les boites à émetteurs de signaux et sur les radio - gros plans sur les mains en train de tourner des boutons d'un magnétophone, sur les opérateurs radio... - confirment bien le désir de mettre en valeur le travail scientifique très spécialisé. De plus, le jeu très insistant sur les sonorités stridentes des signaux sonores donne au reportage un certain suspense. Le reportage fait aussi l'éloge de la technologie, en recourant à ce que l'on pourrait appeler une "poésie technologique", comme il a existé une la poésie industrielle à la fin du XIXe siècle. Le lyrisme de certains commentaires en témoigne : il se complaît dans des métaphores telles que "les antennes scrutaient le ciel".

L'apologie de la modernité n'est pas seulement littéraire. Les choix de cadres en contre-plongée sur les antennes réceptrices et les fils électriques sur fond de ciel infini accompagnent visuellement le lyrisme littéraire du commentaire. La musique elle-même participe de la fascination pour cet exploit. Elle a en effet un rythme entêtant rappelant la musique d'un film policier à suspense. Les derniers plans du reportage qui montrent en contre-plongée des êtres humains filmés en contre-jour et regardant le ciel avec des jumelles confirment bien l'opinion du journaliste : le progrès technologique change la place de l'homme dans l'univers et peut être aussi fascinant qu'inquiétant, comme il le reconnaît lui-même explicitement dans la dernière phrase de son commentaire.

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