Installation d'un gouvernement autonome au Cameroun

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 mai 1957

Conformément à loi-cadre Defferre votée l'année précédente pour l'AOF, le Cameroun évolue en avril 1957 vers l'autonomie grâce à l'élection d'une assemblée locale élue au suffrage universel et d'un conseil de gouvernement responsable devant elle.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
29 mai 1957
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000754

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Protectorat allemand depuis 1884, le Cameroun est en 1919 partagé entre deux puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale. La Société des Nations place la majeure partie du territoire sous mandat français, alors que certaines zones à la frontière du Nigeria passent sous mandat britannique. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, l'Organisation des Nations Unies met le territoire camerounais sous "tutelle" française et britannique, premier pas vers l'indépendance. Mais cette période de transition est troublée dans la partie française du pays par des attentats perpétrés par l'Union des Populations Camerounaises (UPC), organisation nationaliste qui réclame l'indépendance immédiate du Cameroun. L'audience de ces nationalistes auprès de pays anticolonialistes comme l'Egypte et leurs actions menées à l'ONU (pétitions) encouragent les autorités françaises à hâter la levée de tutelle.

En juin 1956, la loi-cadre Defferre est déterminante en Afrique Occidentale Française : la mise en place d'un pouvoir exécutif local autonome et responsable devant le pouvoir législatif a créé des structures étatiques indispensables au bon fonctionnement de futurs Etats souverains. En avril 1957, cette mesure est étendue au Cameroun qui jouit alors d'un statut juridique particulier : une Assemblée locale élue au suffrage universel investit un conseil de gouvernement. Son vice-président est responsable devant l'Assemblée (mais il reste présidé par un représentant du gouvernement français). Cette plus grande autonomie n'est qu'une première étape vers l'indépendance : en avril 1959, la nationalité camerounaise est reconnue internationalement et en mars 1959, l'ONU vote la levée de la mise sous tutelle française, applicable le 1er janvier 1960.

La stabilité politique est ainsi assurée dans le pays, même si une nouvelle série d'attentats vient endeuiller l'événement. Après consultation des populations vivant dans les zones britanniques, seule la zone sud est rattachée au Cameroun, devenant ainsi un état fédéral (jusqu'en 1972) et bilingue alors que le nord est intégré au territoire nigérian.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Les images filmées lors du voyage du Ministre de la France d'Outre-Mer, Gaston Defferre, répondent aux règles classiques de l'exercice. Chaque étape de la visite officielle est accompagnée d'une musique de fond qui en accentue la solennité : descente d'avion et accueil par les officiels camerounais, présence de la foule (qui semble ici bien clairsemée) sur le trajet du cortège officiel, visite d'un lieu institutionnel majeur (ici l'Assemblée législative).

Le commentaire du journaliste, rajouté au montage, témoigne d'un parti pris très marqué en faveur de l'action du gouvernement, au risque d'en amplifier la portée réelle. En effet, le journaliste n'hésite pas à évoquer la création d'un nouvel état camerounais totalement indépendant de son ancienne métropole, alors qu'en réalité le Cameroun n'obtiendra ce statut qu'en janvier 1960. Le spectateur est porté à croire que la tutelle française a pris officiellement fin au Cameroun ; la présence d'un Européen au gouvernement est à peine évoquée et le plan final sur un parterre de délégués majoritairement blancs n'est que furtivement montré. Or le fait même que ce soit le ministre français, Gaston Defferre, qui "installe" le nouveau gouvernement camerounais prouve que si son autonomie politique progresse, le pays n'est pas encore souverain.

On peut s'interroger sur les raisons d'un tel parti pris. Sous la IVe République, les Actualités Françaises servent le pouvoir en place. Des polémiques éclatent régulièrement concernant le manque d'objectivité des journaux de la presse filmée et télévisuelle, qui se contentent souvent de relayer le point de vue du gouvernement en place, sans exercer aucun esprit critique. Les inexactitudes relevées dans ce reportage proviennent-elles donc d'une simple erreur journalistique ou, plus vraisemblablement, d'une volonté de montrer un exemple de décolonisation réussie, au moment où la crise s'intensifie en Algérie?

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème