La rencontre tripartite de Brioni

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 juil. 1956

Nasser, Nehru et Tito, les trois grandes figures du non-alignement, réunis à Brioni en juillet 1956 donnent un contenu politique aux principes énoncés à Bandung et préparent la Conférence de Belgrade, acte de naissance du mouvement des non-alignés.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
25 juil. 1956
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000788

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

La création d'un mouvement des non-alignés (MNA) trouve son origine dans deux conférences majeures : celle de Bandung d'avril 1955 qui en définit les grands principes et celle de Brioni où il se dote d'un contenu politique. Cette rencontre tripartite réunit les trois figures dominantes du mouvement : un des héros de l'indépendance indienne, Nehru ; le yougoslave Tito qui semble résister à l'emprise soviétique et l'égyptien Nasser, qui cherche à rassembler derrière lui les pays arabes.

Réaffirmant les grands principes adoptés en Indonésie (condamnation du colonialisme et des sphères d'influence, accroissement de l'aide aux pays en voie de développement, renforcement du rôle de l'ONU et interdiction des armes atomiques), les trois dirigeants élaborent une ligne politique commune sur le plan international. Ils appuient ainsi l'admission de la Chine à l'ONU, dénoncent la politique des deux blocs sur la question du statut de l'Allemagne et de Berlin, évoquent la nécessité de résoudre le problème des réfugiés palestiniens et enfin, soutiennent la lutte du peuple algérien pour l'indépendance. Cette étape décisive permet la naissance officielle du mouvement proclamée à la Conférence de Belgrade en 1961. Les représentants de 25 Etats présents y dénoncent l'impérialisme des deux superpuissances, défendent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et entendent obtenir un désarmement général.

Au Caire, en octobre 1964 se sont les problèmes de sous-développement qui sont au coeur des débats, même si la lutte pour la paix et l'anticolonialisme est évoquée. Mais le mouvement est victime de divisions internes qui paralysent son action dans un contexte nouveau de Détente entre les deux Grands. Cette crise d'adaptation est surmontée lors de la conférence d'Alger en septembre 1973 : les 75 nations présentes font bloc autour de la question économique et prennent conscience de l'atout que représente pour elles leur richesse en matières premières face aux besoins des pays industrialisés. Le mouvement milite alors pour la création d' "un nouvel ordre mondial". Le sommet de Colombo en 1976 et de La Havane en 1979 poursuivent dans cette voie. Mais à cette dernière conférence, Tito doit utiliser son influence pour empêcher Castro d'entraîner le mouvement vers un alignement sur le bloc soviétique. Le début des années 80 marque le délitement du mouvement, victime de ses divisions internes et d'un marché mondialisé. Des sommets continuent aujourd'hui à se tenir périodiquement mais les non-alignés, qui revendiquent une meilleure représentativité économique et commerciale ont du mal à faire entendre leur voix sur la scène internationale.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

La forme du bref sujet diffusé au journal national de juillet 1956 est caractéristique de la presse filmée de l'époque. Les images muettes sont ainsi accompagnées d'une musique très enjouée qui donne du rythme à l'ensemble. La séquence montre à la fois les étapes de la rencontre diplomatique et l'important dispositif médiatique qui entoure l'événement : les journalistes présents sont ainsi visibles sur différents plans. Le lieu de la rencontre, la terrasse d'une villa sur une île de la côte dalmate démontre cependant le caractère informel de la rencontre qui se déroule en comité restreint.

Le traitement du sommet par le journaliste est ici singulier. L'événement s'inscrit en effet dans un contexte politique français particulier : l'insurrection algérienne qui a débuté en novembre 1954. C'est pourquoi le soutien que les trois principaux partisans du non-alignement accordent aux nationalistes algériens irrite le journaliste. Il adopte ainsi un parti pris évident qui illustre le manque de neutralité des médias de l'époque (alors soumis à un monopole d'état). C'est donc une vision très "spécifiquement française" que livre ici le commentateur, en critiquant clairement l'ingérence des trois pays dans une affaire de politique intérieure.

On peut donc remarquer qu'au moins à la télévision française la portée historique de l'événement n'est pas perçue à l'époque. En effet, à aucun moment, il n'est question du mouvement des non-alignés alors en gestation.

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