La manifestation antiparlementaire du 6 février 1934 à Paris [muet]
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Résumé
Alors que les forces de l'ordre ont investi le pont de la Concorde, les manifestants tentent dans l'après-midi du 6 février 1934 de forcer les barrages pour marcher sur le Palais Bourbon. De violents heurts ont lieu dans la soirée.
Date de publication du document :
2007
Date de diffusion :
06 févr. 1934
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Publication : 2007
La manifestation antiparlementaire du 6 février 1934 constitue l'une des crises politiques majeures de la IIIe République. Depuis les débuts de la crise économique en France, les différents gouvernements de la IIIe République (la droite libérale de 1930 à 1932 ; les radicaux depuis 1932) doivent faire face à la montée d'une importante contestation politique. Les mouvements antiparlementaires, notamment les ligues d'extrême-droite, connaissent en effet un essor spectaculaire. Les gouvernements en place sont accusés d'immobilisme contre les difficultés économiques et le chômage, le système parlementaire est de plus en plus présenté comme un système inefficace, incapable par ses lenteurs d'apporter une réponse adaptée à la crise. Cet antiparlementarisme trouve également un terreau important dans les différents scandales politico-financiers (Marthe Hanau et la Gazette du Franc, Krach de la banque Oustric, affaire Stavisky...) révélant les liens existants entre certains escrocs et des hommes politiques en vue et donnant l'image d'un régime entièrement corrompu.
Au début de l'année 1934, se saisissant de l'affaire Stavisky, l'Action française lance une grande campagne contre le gouvernement des "voleurs et des assassins". A plusieurs reprises, des heurts ont lieu dans la rue entre les forces de l'ordre et les partisans des différentes ligues d'extrême-droite (Action française, Solidarité française, Jeunesse patriote). Accusé d'avoir fait traîner l'enquête dans le cadre de l'affaire Stavisky, impliqué dans une nouvelle escroquerie montée par le banquier Sacazan, le gouvernement de Camille Chautemps (radical) démissionne le 28 janvier 1934. Le président de la République Albert Lebrun nomme alors le 3 février 1934 à la présidence du Conseil le radical Edouard Daladier, réputé pour son énergie et son intégrité. Mais l'une des premières décisions de Daladier, la révocation du préfet de police Jean Chiappe, met le feu aux poudres. Chiappe est en effet réputé pour sa complaisance à l'égard des ligues d'extrême-droite, qui prennent ainsi son limogeage comme une mesure à caractère politique, et une véritable provocation à leur égard.
Daladier devant être investi le 6 février 1934 par la Chambre des députés, plusieurs associations et organisations appellent à manifester au cours de cette journée. Il n'y a cependant pas eu qu'une seule manifestation au cours du 6 février, mais plusieurs, aux objectifs et intentions différentes. Le premier défilé est celui d'une organisation d'anciens combattants proche du parti communiste, l'ARAC, qui proteste contre les scandales financiers mais également contre le refus du gouvernement d'augmenter les pensions des anciens combattants. Son objectif n'est cependant pas le Palais Bourbon : l'ARAC, qui défile de manière autonome, sans se mélanger aux autres manifestants, invite en effet ses adhérents à remonter les Champs-Elysées jusqu'à l'Arc de Triomphe et non à les descendre jusqu'à la Concorde. Une autre grande organisation d'anciens combattants présente le 6 février 1934 est les Croix de Feu, du colonel de La Rocque. D'aucuns, notamment à gauche, voient dans La Rocque le grand instigateur du 6 février 1934 et de ses débordements. Pourtant, les Croix de Feu ne se mélangent pas aux émeutiers. Leur chef, La Rocque, a surtout prévu d'organiser une grande parade comme il les affectionne, mais il n'a nullement l'intention de marcher sur la Chambre des députés et de s'opposer aux forces de l'ordre. Dès qu'il apprend que des coups de feu sont échangés, il ordonne d'ailleurs à ses troupes de se disperser. En fait, les émeutiers qui s'opposent aux forces de l'ordre se recrutent essentiellement parmi les ligues d'extrême-droite (Action française, Solidarité française, Ligue des Patriotes), ligues qui ont appelé leurs partisans à manifester contre la révocation de Chiappe.
Rassemblés place de la Concorde, les ligueurs, dont certains sont armés, se fixent pour but de marcher sur le Palais Bourbon et d'envahir l'Assemblée nationale. Les premiers heurts avec les forces de l'ordre ont lieu en fin d'après midi. Débordées, les forces de l'ordre doivent céder du terrain, ce qui permet aux manifestants de progresser sur le pont de la Concorde. L'arrivée dans la soirée de renforts du côté des forces de l'ordre, tandis que le nombre de manifestants de cesse d'augmenter, accroît encore les violences. Des coups de feu sont échangés et la manifestation se transforme en une véritable émeute, qui dure jusqu'à 2h30 du matin. Le bilan s'établit à 15 morts (14 civils et 1 policier) et 1435 blessés.
Les conséquences politiques du 6 février 1934 sont très importantes. Le scénario souhaité par les émeutiers (sous la pression, la Chambre des députés refuse la confiance à Daladier) échoue : dans la soirée, Daladier reçoit un appui massif de la Chambre qui lui vote la confiance par 360 voix contre 220. Pourtant, dès le lendemain, parce qu'il ne se sent pas soutenu dans sa volonté d'adopter des mesures d'urgences, Daladier préfère démissionner. Pour la première fois dans l'histoire de la IIIe République, la rue l'emporte donc : cela marque le glas de la "république radicale" qui ne se relèvera jamais de cet événement.
A plus long terme, le 6 février 1934 constitue une sorte d'événement fondateur pour la formation du Front populaire. C'est en effet au lendemain de cette émeute que les forces de gauche, interprétant le 6 février 1934 comme une tentative de coup d'Etat fasciste, décident de s'unir en vue des élections législatives de 1936.
Éclairage média
Par
Le reportage insiste dans sa première partie sur les précautions prises dans la journée du 6 février pour contenir les émeutiers. Le dépavage des rues n'empêche pas cependant les manifestations de construire des barricades dans le quartier des Tuileries. Quant aux forces de l'ordre mises en place par le préfet de Police Bonnefoy-Sibour, elles s'avèrent largement insuffisantes. Les effectifs sont les suivants : 70 gardiens de la paix, cent gardes à pied, une trentaine de cavaliers de la garde républicaine. Un nombre forcément insuffisant pour faire face aux dizaines de milliers de manifestants prêts à en découdre. Alors qu'elle tente d'effectuer une charge en début de soirée, la garde républicaine se trouve notamment en position très critique, de nombreux cavaliers étant descendus de leur cheval par les manifestants pour être poussés dans la Seine.
Les images prises de nuit, même si elles ne sont pas d'une grande visibilité, témoignent toutefois parfaitement de la violence des combats qui opposent manifestants et force de l'ordre : jets de projectiles incendiaires sur les forces de l'ordre, qui répondent à leur tour par des tirs de coups de feu. Différents foyers d'incendies se déclenchent aux alentours du pont de la Concorde, ce qui nécessite l'intervention des pompiers. Au petit matin, l'arrivée de troupes militaires (l'uniforme n'est pas celui de policiers ou de gendarmes) témoignent de la mise en état de siège du quartier de la Concorde et des alentours du Palais Bourbon.
Transcription
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