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La mobilisation des femmes dans l'économie et au service de l'effort de guerre

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1916

La mobilisation de millions d'hommes dans l'armée entraîne un appel aux femmes à l'arrière pour occuper les métiers les plus divers, dont certains étaient habituellement réservés aux hommes : conductrices de tramways, factrices, agricultrices…

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Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
1916
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001025

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Guerre totale, la Première Guerre mondiale a fortement impliqué les populations civiles, mobilisées au service de l'effort de guerre. A l'arrière, les femmes furent une figure essentielle de "l'autre front" : la mobilisation et l'absence de millions d'hommes ont fait découvrir aux femmes des responsabilités nouvelles (chefs de famille) ainsi que des métiers nouveaux (conductrices de tramways, munitionnettes, agricultrices, ambulancières près du front, auxiliaires de l'armée).

Cette mobilisation des femmes à la faveur de la Première Guerre mondiale a donné le sentiment de leur entrée massive sur le marché du travail à cette occasion. En réalité, le taux d'activité féminin était déjà important au début du siècle (en 1906 le travail féminin représentait 37 % de la population active) et les femmes jouèrent un rôle essentiel lors des première et seconde révolutions industrielles. La Première Guerre mondiale ne marque donc pas l'entrée des femmes sur le marché du travail mais un redéploiement au sein des différents secteurs d'activité puisqu'elles quittent les secteurs traditionnels (textile) pour entrer dans le monde de l'industrie et de l'usine moderne (chimie, automobile, armement). Le cas des "munitionnettes" apparaît à cet égard révélateur dans la mesure où elles effectuent des travaux dangereux (production d'obus et de cartouches) jusque-là traditionnellement réservés aux hommes.

Cette expérience de la guerre a-t-elle permis une certaine émancipation des femmes? Le bilan est forcément nuancé. L'expansion du travail féminin à l'usine se confirme après la guerre, notamment dans la grande industrie moderne taylorisée (métallurgie, industrie électrique, automobile...) mais les femmes sont cantonnées dans les travaux les moins qualifiés et les plus répétitifs. Les emplois tertiaires se féminisent, notamment dans les services publics (poste, enseignement, métiers du soin et du social) mais les écarts de salaires restent considérables avec les hommes (proches de 50%) et les possibilités de carrière ne sont pas les mêmes.

Surtout, une nouvelle image de la femme peine considérablement à s'imposer dans les sociétés d'après-guerre et se heurte dans une large fraction du corps social à la résistance des valeurs traditionnelles qui font de la femme une mère et une maîtresse de maison. La parution en 1922 de l'ouvrage de Victor Margueritte, La Garçonne, relatant les pérégrinations d'une jeune bourgeoise décidant de vivre sa vie en toute liberté, suscita un véritable tollé dans la France "bien pensante" (l'auteur fut radié de l'ordre de la Légion d'Honneur). Surtout, en dépit de l'action vigoureuse menée par les mouvements féministes, les femmes n'obtiennent pas l'égalité politique à laquelle elles aspiraient.

En France, par deux fois, en 1922 et 1932, le Sénat rejette le droit de vote pour les femmes au nom des "inquiétudes" que peut susciter celui-ci (les femmes sont influençables, et partant risquent de subir la "loi du confessionnal" et de voter massivement pour les conservateurs). En Angleterre, la loi électorale du 6 février 1918 accorde le droit de suffrage aux femmes de manière restrictive (seules les femmes de plus de 30 ans obtiennent le droit de vote) et l'égalité avec les hommes n'apparaît pas totale.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images constituent en fait une véritable mise en scène permettant de souligner la mobilisation des femmes au service de l'effort de guerre, à une date (1916), où la guerre est devenue totale et la mobilisation de l'arrière apparaît comme une condition indispensable de la victoire. Les métiers sélectionnés sont particulièrement symboliques.

L'infirmière tout d'abord permet de rappeler que les femmes jouent aussi un rôle important au sein des armées, en apportant leur aide aux blessés et malades. Le lien n'est ainsi pas complètement coupé entre hommes et femmes, entre le front et l'arrière, et des zones de porosité existent entre les deux (hôpitaux, lieux de convalescence...). La conductrice de tramways, la factrice et l'agricultrice cultivant elle même son champ renvoient quant à elles à des métiers qui étaient effectués de manière quasi exclusive par les hommes avant la guerre. On remarquera l'absence de "l'ouvrière" ("munitionette"), sans doute parce que cette figure s'imposera surtout à la fin du conflit (1917-1918). Dans le cadre de leurs nouvelles activités, les femmes gardent toutefois des tenues féminines et n'adoptent nullement une mode à "la garçonne".

Les reportages de la Première Guerre mondiale ne sont pas datés avec précision. La date de 1916 indique que le document a été tourné pendant l'année en cours.

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