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La construction de la Mosquée de Strasbourg

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 sept. 2002

La construction de la mosquée de Strasbourg assure une meilleure reconnaissance de la communauté musulmane alsacienne. Elle suscite pourtant des débats, notamment sur la question de son financement.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    La laïcité en France

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
06 sept. 2002
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001091

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Le projet de construction de la mosquée de Strasbourg, ancien, est doté d'une valeur symbolique forte, mais suscite des interrogations relatives à son financement.

Appelé de ses voeux par une communauté musulmane forte de 40 000 membres, dont 10 à 12% de pratiquants, il reçoit un accueil positif de la part de l'équipe socialiste de Catherine Trautmann. Néanmoins, au sein de la communauté musulmane, deux projets se font face: celui de l'association des Français musulmans, favorable à la construction d'un lieu à dominante culturelle et celui de la coordination des associations musulmanes de Strasbourg, parraine d'un projet de lieu cultuel. Elue en 2001, l'équipe municipale RPR - UDF conduite par Fabienne Keller accorde son soutien au second projet, plus abouti, tout en en réduisant l'ampleur. Alors que le budget initial prévu par la municipalité socialiste s'élevait à 17 millions d'euros, il est limité à la somme de 6 millions d'euros. Ainsi, l'architecte italien Paolo Portoghesi prévoit la construction d'une coupole de 20 mètres de haut, dune salle de prière de 1 000 m2 et d'une mezzanine réservée aux femmes, mais il doit abandonner l'idée de construire un minaret et des espaces culturels.

La construction de la mosquée de Strasbourg assure une meilleure reconnaissance de la communauté musulmane de la ville en lui offrant des lieux de culte décents et une meilleure inscription dans le paysage urbain. Sa portée symbolique s'avère donc capitale. Toutefois, son financement suscite des craintes nombreuses. En Alsace Lorraine, le principe de séparation des églises et de l'Etat de 1905 n'est pas applicable, et les collectivités publiques peuvent donc financer la construction d'établissements religieux. Si l'islam, deuxième religion alsacienne, n'est pas reconnue comme une religion concordataire, la municipalité s'engage à financer 10% du montant total de la construction, comme elle le fait pour les autres religions concordataires. En sus, elle accorde un bail emphythéotique à la société civile immobilière chargée de la construction du bâtiment. La municipalité refuse par ailleurs l'hypothèse d'un financement en provenance de l'étranger. En effet, cette dernière alimente souvent les craintes d'un islam intégriste, qui serait manipulé de l'extérieur. Tel n'est pourtant pas le cas de la mosquée de Lyon, financée à 80% par des capitaux saoudiens. La mosquée de Strasbourg est dès lors financée intégralement par les dons des fidèles, ce qui n'est pas sans ralentir l'érection du bâtiment cultuel. Alors que la première pierre est solennellement posée le 29 octobre 2004 par Catherine Trautmann, les travaux ne débutent que le 1er septembre 2006.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage diffusé au cours du journal télévisé de 20 heures de France 2 brosse un portrait élogieux du projet de construction de la mosquée de Strasbourg adopté par la mairie.

Ainsi, il rappelle à juste titre que ce projet répond à une profonde aspiration de la part de la communauté musulmane de la ville. Deux habitants musulmans, interrogés par les journalistes, font ainsi état de leur désir de bénéficier de locaux décents pour exercer leur culte. Boussouf Abdellah, quant à lui, à l'origine du projet retenu, estime que la construction de la mosquée, en conférant une meilleure visibilité à la communauté musulmane, favorisera sa meilleure intégration dans la cité, et diminuera les craintes qu'elle alimente parfois. En outre, c'est avec un euphémisme certain que le reportage rapporte que le projet a été "légèrement revu à la baisse", alors que le budget initial a été amputé de plus de la moitié.

Enfin, ce document semble adhérer totalement au choix de la municipalité de refuser tout financement étranger, considéré comme un vecteur d'intégrisme. Il s'abstient à ce titre d'évoquer les difficultés de financement suscitées par ce choix. Il est par ailleurs regrettable qu'il ne mentionne pas la spécificité alsacienne dans le paysage religieux français dans la mesure où la loi de séparation des Eglises et de l'Etat n'y est pas applicable.

Néanmoins, volontairement positif, ce reportage souligne avec justesse la nécessité de favoriser la construction de mosquées pour une meilleure intégration de la communauté musulmane dans la République française.

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