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Débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 mai 2007 | Date d'évènement : 02 mai 2007

Avant le second tour de l'élection présidentielle, un débat télévisé oppose Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, le 2 mai 2007.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de l'évènement :
02 mai 2007
Date de diffusion du média :
03 mai 2007
Production :
INA
Page publiée le :
09 oct. 2009
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001248

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril 2007, Nicolas Sarkozy devance nettement Ségolène Royal, avec 31,18% des voix contre 25,87%, soit le meilleur score d'un candidat de droite depuis 1974. Il confirme ainsi sa position dominante dans les sondages depuis son entrée en campagne en janvier 2007 et apparaît largement favori pour le second tour. La candidate socialiste se trouve alors dans l'obligation de renverser la tendance. Durant l'entre-deux-tours, elle tente ainsi de séduire les électeurs de François Bayrou, arrivé en troisième position lors du premier tour, avec 18,57% des voix. Aussi noue-t-elle directement des contacts avec le candidat centriste, qui cherche à jouer un rôle d'arbitre avant le second tour. De manière inédite, un candidat éliminé au premier tour d'une élection présidentielle continue de peser dans l'entre-deux-tours. François Bayrou participe même le 28 avril 2007 à un débat télévisé avec Ségolène Royal, qualifiée pour le second tour. Jusque-là, seuls les deux candidats restant en lice pour le second tour s'affrontaient lors d'un tel débat. Cependant, François Bayrou n'apporte aucun soutien explicite à la présidente de la région Poitou-Charentes, même s'il affirme qu'il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy.

Le point d'orgue de l'entre-deux-tours a lieu le 2 mai 2007 avec le traditionnel débat télévisé entre les deux candidats. A cette occasion, Ségolène Royal tente d'inverser la tendance très favorable à Nicolas Sarkozy. Pendant 2h40, les candidats s'affrontent sur différents thèmes qui laissent apparaître leurs divergences. Ils s'opposent en particulier vivement sur les 35 heures, la durée de la cotisation pour les retraites, le nucléaire civil ou l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. La passe d'armes la plus spectaculaire a lieu sur la scolarisation des enfants handicapés : Ségolène Royal reproche à Nicolas Sarkozy d'aborder ce thème et l'accuse d'"immoralité politique". Offensive et combative face à un adversaire résolu à afficher son calme, Ségolène Royal ne parvient toutefois pas - aux dires des différents observateurs - à remporter le débat et à refaire une partie de son retard dans l'électorat. De fait, quatre jours plus tard, le 6 mai 2007, lors du second tour de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy obtient 53,06% des voix contre 46,94% pour Ségolène Royal. Il devient ainsi le sixième président de la Ve République.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Organisé pour la première fois en 1974 entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, le débat télévisé entre les deux candidats restant en lice avant le second tour de l'élection présidentielle est dès lors devenu le principal événement politique et médiatique de l'entre-deux-tours. Il a ainsi constamment eu lieu, hormis en 2002 où Jacques Chirac avait refusé de débattre avec le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen.

Comme lors des éditions précédentes, le débat du 2 mai 2007 entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy a fait l'objet d'une minutieuse préparation. Des représentants des deux candidats, dont l'ancien ministre de la Culture Jack Lang au nom de Ségolène Royal et Claude Guéant, son directeur de campagne, pour Nicolas Sarkozy, se sont rendus à deux reprises au Conseil supérieur de l'audiovisuel afin de mettre au point sa mise en scène. Les règles du jeu en vigueur depuis plusieurs scrutins présidentiels ont été globalement reprises, à commencer par l'interdiction des plans de coupe, qui laissent apparaître à l'écran un candidat tandis que l'autre s'exprime.

Les deux équipes se sont également entendues sur le placement des candidats : face à face, à deux mètres de distance. Un tirage au sort a ensuite déterminé le positionnement de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, respectivement à gauche et à droite des arbitres du débat, Patrick Poivre d'Arvor pour TF1, et Arlette Chabot pour France 2. Les noms de ces journalistes chevronnés ont été soumis par les deux chaînes de télévision aux deux équipes de campagne, puis acceptés par l'UMP et le PS. Ils ont pour principale tâche d'introduire les différents thèmes du débat et de faire respecter le temps de parole. Celui-ci est en effet minuté pour chacun des deux candidats, comme en témoigne le chronomètre très visible situé en-dessous de chacun d'eux. Le débat du 2 mai 2007 a ainsi duré 2h40 au total, avec 2,2 minutes de temps de parole en plus pour Ségolène Royal. Le décor même du plateau a fait l'objet de négociations préalables. Celui qui a été retenu place les deux candidats de part et d'autre d'une table carrée et pleine, tandis qu'apparaît derrière les journalistes une représentation du palais de l'Elysée, sur fond tricolore. Enfin, une liste de sept sujets de campagne a été retenue pour le débat et un ordre fixé pour leur discussion.

Quant aux deux candidats, ils ont chacun de leur côté préparé le débat comme s'il agissait d'un grand oral avec l'aide de leurs équipes respectives. Deux jours avant le débat, Nicolas Sarkozy a ainsi réuni autour de lui plusieurs personnalités de l'UMP afin de travailler chaque thème. Le conseillait également l'ex-socialiste Eric Besson, grand connaisseur du programme économique du PS et qui a rallié le camp de Nicolas Sarkozy avant l'élection présidentielle.

Perçu comme le dernier événement susceptible de modifier l'écart favorable à Nicolas Sarkozy dans les sondages, le débat lui-même a été conforme aux attentes : après la poignée de mains rituelle inaugurale, Nicolas Sarkozy comme Ségolène Royal ont tous deux joué "à contre-emploi" en raison même de leurs situations respectives. Le premier, qui souhaitait éviter tout faux pas et conserver sa position dominante, s'est ainsi montré particulièrement calme et serein. A l'inverse, Ségolène Royal, qui devait absolument renverser la tendance, est apparue offensive et pugnace. Se disant "très en colère", elle n'a pas hésité à déclencher un vif incident au sujet de la scolarisation des enfants handicapés et à accuser son adversaire d'"immoralité politique". En retour, Nicolas Sarkozy, restant sur la défensive, lui demanda de se "calmer".

Diffusé simultanément sur TF1 et France 2, le débat a été suivi par 20 millions de téléspectateurs. Les commentateurs politiques ont dans leur ensemble estimé qu'aucun des deux protagonistes n'avait pris le dessus sur l'autre, bien que chaque camp ait revendiqué la victoire dès la fin du débat.

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