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Les clandestins mexicains en Arizona

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 avr. 2005

La frontière américano-mexicaine est un des passages les plus contrôlés du monde ; les barrières et les murs n'arrivent pas à contenir les dizaines de milliers de Mexicains et de sud-Américains qui quotidiennement cherchent à franchir illégalement la frontière au péril de leur vie. Les autorités mexicaines cherchent à contrôler et encadrer le phénomène plutôt qu'à l'empêcher à tout prix.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Frontières et migrations

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 avr. 2005
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001357

Contexte historique

Par Claude Robinot

Les 3200 kilomètres de frontière terrestre qui séparent les Etats-Unis du Mexique sont, avec la Méditerranée, la région du monde où s'exercent les plus fortes pressions migratoires du sud vers le Nord. Depuis la fin des années 90, on estime à environ 400 000 le nombre de personnes qui annuellement arrivent à franchir clandestinement la frontière. Le nombre des expulsions et des reconduites est encore plus important puisqu'il peut atteindre le million. Malgré le durcissement des conditions de passage après le 11 septembre 2001, la pression migratoire continue. La circulation transfrontalière est une donnée historique ancienne. Les Mexicains venaient en Californie ou au Texas pour accomplir des travaux agricoles saisonniers, quelques familles restaient dans cette région des Etats-Unis où les traditions culturelles sont proches. La première fermeture en 1965, suite à la loi sur l'immigration n'a pas beaucoup changé les pratiques. Les passages continuaient mais de manière illégale. A partir des années 1990, l'ampleur des franchissements clandestins, qui ne se limitent plus aux saisonniers mexicains, a d'autres conséquences. Des filières organisées ont pris le contrôle du passage des clandestins et des drogues. Enfin, le poids grandissant des hispaniques aux Etats-Unis inquiète une partie de la population. En 1990, on dénombre 28 millions de latinos, en 2010 le chiffre est de 50 millions, sur ce total les Mexicains sont les plus nombreux.

Face à cette situation, les autorités locales et fédérales hésitent entre régularisation et répression. En 1986, le président Reagan avait régularisé 3 millions d'étrangers pour faire baisser la pression aux frontières, le résultat a été inverse, 11 millions de clandestins se sont installés aux Etats-Unis, où ils représentent 5 % de la population active. La sécurisation de la frontière a commencé en 1994, l'année où entrait en vigueur l'accord du NAFTA, accord de libre-échange entre le Mexique et les Etats-Unis. La région de San Diego face à Tijuana a été la première à expérimenter la construction d'un mur de 20 km doublé d'une route de surveillance. Des ponts entièrement grillagés relient les deux rives du Rio Grande, ils sont ironiquement surnommés les « Nafta Gates ». Le mur n'a depuis cessé de s'étendre, les tronçons en construction ont une longueur totale de 1100 km. Une route sécurisée le long du mur sert à la surveillance des « borders patrols ». La police des frontières n'est d'ailleurs pas la seule à surveiller la ligne, des milices privées armées et dotées d'équipement moderne viennent leur prêter main forte et arrêtent les clandestins, particulièrement en Arizona où le désert est réputé servir de frontière naturelle. Le mur a surtout modifié les routes de la clandestinité. Les « coyottes » passent maintenant par le désert, ce qui est beaucoup plus dangereux car il s'étend bien au-delà de la frontière. En dix ans, plus de 3000 mexicains sont morts de soif ou d'épuisement. Des ONG comme les « borders angels » leur viennent en aide en alimentant des points d'eau dans le désert.

Du côté mexicain, la police met en garde les candidats à l'immigration, elle procède à des arrestations mais surtout des sud-américains entrés clandestinement au Mexique. Ils sont reconduits aux frontières du Guatemala ou du Belize.

Le président Obama s'est attaqué au problème par une réforme générale de l'immigration en agissant sur deux leviers : la militarisation de la frontière est poursuivie avec une augmentation des effectifs policiers (12 agents par kilomètre) et des équipements de pointe (drones, détecteurs thermiques, caméras). En échange, les étrangers pourront accéder au travail voire à la citoyenneté à l'issue d'un parcours de quelques années. Il propose ainsi de sélectionner les étrangers les plus utiles à l'économie américaine. Cette réforme est un compromis qui donne des gages à la droite républicaine comme à la minorité hispanique.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet consacré à la frontière mexicaine dure 3 min 30, ce qui est un format assez long pour un journal télévisé. Il est réalisé par Pascal Golomer qui est le correspondant permanent de France 2 aux Etats-Unis. Dans le lancement, le présentateur parle de 300 000 Mexicains qui franchissent annuellement la frontière et de 5 millions d'entre eux qui sont clandestins aux Etats-Unis. Il faut prendre ces chiffres avec précaution, même si l'ordre de grandeur est plausible, car ils sont très variables selon les sources. Le film commence par le poste frontière de Heroïca Nogales qui est l'une de ces « nafta gates » qui conduit à Nogales. La ville a le même nom des deux côtés de la frontière ! Le contraste du montage est ensuite saisissant avec les clandestins qui franchissent la frontière en se cachant à peine. La caméra montre ensuite une « border patrol » en maraude sur le chemin qui sépare le mur et les barbelés. Nogales dispose aussi d'un des plus grand centre de rétention de la frontière. Il est donc logique et banal que quotidiennement des files de clandestins interceptés soient renvoyées au Mexique. Le douanier mexicain qui est présenté comme débonnaire et accueillant vis-à-vis de ses concitoyens mexicains, ne fait qu'appliquer la loi. Il oublie de préciser (comme le commentateur) que les autres ressortissants d'Amérique latine ne sont pas logés à la même enseigne. Ils sont expulsés car ils sont entrés illégalement sur le territoire mexicain. Le mur oblige les clandestins à chercher d'autre passages comme celui de Sasabe, un point à l'ouest de Nogales dans un désert montagneux en face d'un parc naturel américain. Les conditions sont autrement plus risquées comme le montre le reportage.

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