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Profanation du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 déc. 2008

Le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette a été profané dans la nuit du 7 au 8 décembre 2008. Gendarmes et enquêteurs recherchent des indices des auteurs de cet acte. La question de la surveillance du cimetière se pose, étant donné qu’il s’agit de la troisième profanation.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 déc. 2008
Production :
INA
Page publiée le :
29 juil. 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001776

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2008, le carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, situé sur le territoire de la commune d’Ablain-Saint-Nazaire, près d’Arras (Pas-de-Calais), est profané. Quelque 500 des 576 tombes de combattants musulmans de l’armée française morts pendant la Première Guerre mondiale qu’héberge la plus grande nécropole militaire française sont vandalisées : elles sont recouvertes d’inscriptions à caractère raciste et islamophobe et de croix gammées. Certaines inscriptions s’en prennent nommément à la garde des Sceaux et ministre de la Justice du gouvernement de François Fillon, Rachida Dati, ainsi qu’à un responsable régional d’associations musulmanes.

Les tombes des soldats musulmans de la Grande Guerre du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette avaient déjà été profanées à deux reprises. Dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 sépultures avaient été souillées par des inscriptions nazies, des croix gammées et des croix celtiques. Puis, dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été de nouveau recouvertes de sigles identiques mais également d’injures contre l’islam. Comme les deux premières fois, la profanation de décembre 2008 suscite la condamnation unanime des responsables politiques. Le président de la République Nicolas Sarkozy parle d’un « racisme répugnant ».

Les profanations de cimetières sont fréquentes. Selon un rapport rédigé par les députés du Pas-de-Calais, André Flajolet, et des Yvelines, Jean-Frédéric Poisson, sur la lutte contre les violations de sépultures publié en décembre 2008, les atteintes aux sépultures surviennent environ « tous les 2-3 jours en France ». Ce sont les cimetières chrétiens, plus nombreux et anciens, qui sont les plus touchés. Cependant, les profanations des tombes juives et musulmanes par antisémitisme et racisme n’ont cessé de croître. Les cimetières juifs de Carpentras (Vaucluse) le 10 mai 1990 (voir le document sur La profanation du cimetière juif de Carpentras), d’Herrlisheim (Bas-Rhin) le 30 avril 2004 (voir le document sur La profanation du cimetière d'Herrlisheim) ou de Sarre-Union, (Bas-Rhin) le 12 février 2015, ont ainsi été saccagés, et leurs tombes recouvertes d’inscriptions antisémites. De même, à partir des années 2000, des cimetières musulmans ont fait l’objet de profanations. Avant même celles commises à Notre-Dame-de-Lorette, une cinquantaine de tombes abritant des soldats musulmans des deux guerres mondiales avaient été saccagées à Haguenau (Bas-Rhin), dans la nuit du 23 au 24 juin 2004. De même, le 24 septembre 2010, 37 tombes de deux carrés musulmans du cimetière de Strasbourg (Bas-Rhin) ont été profanées.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé le 8 décembre 2008, ce sujet traite de la profanation du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette qui a eu lieu la nuit précédente. Son positionnement en ouverture du journal télévisé de 20 heures de France 2 témoigne de l’ampleur de l’émotion suscitée par la profanation.

Le sujet prend la forme d’un reportage réalisé sur les lieux même de cette dernière. Dans un premier temps, il vise simplement à témoigner de la profanation par le biais d’images factuelles commentées par la journaliste de France 2. Plusieurs plans montrent les inscriptions et les croix gammées qui recouvrent les pierres tombales. Un plan fixe donne en particulier à voir une affiche islamophobe posée sur une sépulture qui s’en prend à Mahomet. Le reportage montre également les débuts de l’enquête : on voit des gendarmes au milieu des tombes à la recherche d’indices qui permettraient d’identifier les auteurs de la profanation.

Dans un second temps, le sujet dépasse la simple évocation factuelle. Deux interviews mettent en lumière la polémique qui a éclaté après la profanation. Jean-Marie Delhaye, garde d’honneur de la nécropole, et Makhlouf Mameche, secrétaire général du conseil régional du culte musulman, critiquent en effet tous les deux l’absence de mesures de protection du site funéraire, en dépit de deux précédentes profanations. Quelques images d’archives montrent du reste la précédente profanation du carré musulman du cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette, perpétrée dans la nuit du 5 au 6 avril 2008. Aucune image de celle commise dans la nuit du 18 au 19 avril 2007 n’est en revanche insérée dans le sujet. À travers leurs critiques, c’est l’État qui paraît visé. L’État dont aucun représentant n’est interrogé mais dont la responsabilité est illustrée par l’image du secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel, qui vient déposer une couronne de fleurs sur les tombes profanées.

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