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L’élection du modéré Hassan Rohani à la présidence de l’Iran

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 juin 2013

Le religieux modéré Hassan Rohani a remporté l’élection présidentielle iranienne dès le premier tour le 14 juin 2013. Lors d’un débat télévisé, il avait déclaré vouloir « sortir de l’extrémisme ».

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 juin 2013
Production :
INA
Page publiée le :
10 juin 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001808

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le 14 juin 2013, Hassan Rohani est élu président de la République islamique d’Iran. Né en 1948, ce religieux occupe différents postes au sein des institutions de la République islamique d’Iran dès la révolution conduite par l’ayatollah Khomeiny en 1979. Député à l’Assemblée à partir de 1980, il la vice-préside de 1992 à 2000. Il est par ailleurs membre du Conseil suprême de défense de 1982 à 1988 puis secrétaire général du Conseil suprême de sécurité nationale, représentant le Guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, de 1989 à 2005. Il occupe également les fonctions de négociateur en chef du dossier nucléaire iranien de 2003 à 2005. À ce titre, il accepte la suspension provisoire de l’enrichissement d’uranium par l’Iran. Cela lui vaut des critiques virulentes des conservateurs.

Le religieux modéré se porte ensuite candidat à l’élection présidentielle du 14 juin 2013 qui doit permettre de trouver un successeur à l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, qui exerce la présidence depuis 2005. Le bilan catastrophique du président sortant est alors fortement contesté par la population iranienne. Il l’avait déjà été lors du précédent scrutin, en juin 2009, et il n’avait probablement dû sa réélection qu’à des fraudes massives au détriment de Mir Hossein Moussavi (voir La crise politique iranienne et Internet, moteur de la contestation démocratique en Iran). Mahmoud Ahmadinejad a en effet aggravé la situation économique de l’Iran en se montrant intransigeant sur le programme nucléaire poursuivi par le régime. Cela a conduit à isoler encore davantage le pays sur la scène internationale et à renforcer les sanctions économiques occidentales. De fait, à l’issue du second mandat de Mahmoud Ahmadinejad, la situation économique en Iran est catastrophique : environ un quart de la population se trouve au chômage, l’inflation dépasse les 30 % et les revenus pétroliers chutent.

Hassan Rohani fait précisément campagne contre ce bilan. Il plaide pour la sortie de l’Iran de l’isolement international et de la confrontation avec les pays occidentaux sur le programme nucléaire. Il critique également la dérive autoritaire du régime et appelle à libérer les prisonniers politiques arrêtés en juin 2009 lors des manifestations contre les fraudes ayant permis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Ces positions ne l’empêchent malgré tout pas de voir sa candidature validée par le Conseil des gardiens de la Constitution. Elles lui valent le soutien des modérés et des conservateurs, en particulier celui des anciens présidents Mohammad Khatami et Hachemi Rafsandjani.

Fort de ces soutiens, de la division des conservateurs, du bilan de Mahmoud Ahmadinejad et d’une participation élevée, Hassan Rohani remporte l’élection présidentielle du 14 juin 2013 : il obtient 50,71 % des suffrages exprimés dès le premier tour. Il devance largement les cinq autres candidats, dont le maire de Téhéran Mohammad Ghalibaf qui ne recueille que 16,56 % des voix. La large élection d’Hassan Rohani, âgé de soixante-quatre ans, est une surprise car il était le candidat le plus modéré à l’élection présidentielle iranienne. Son pouvoir demeure cependant limité par la position prééminente du Guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui occupe le poste le plus important du régime depuis 1989.

Hassan Rohani voit cependant ses efforts sur le programme nucléaire concrétisés le 14 juillet 2015 par la signature d’un accord à Vienne avec les grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne). Sa politique sort également renforcée par la victoire des réformateurs aux élections législatives du 26 février 2016.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé le 15 juin 2013 dans le journal télévisé de vingt heures de France 2, ce sujet est entièrement consacré à la victoire d’Hassan Rohani à l’élection présidentielle en Iran qui a eu lieu la veille. Il se compose d’images filmées par des chaînes de télévisions iraniennes, montées et commentées par la journaliste de France 2 Samah Soula. Il s’agit pour partie d’images factuelles et d’illustration datant du 14 juin 2013 : elles montrent Hassan Rohani votant puis se tenant au milieu de ses partisans. Le sujet comprend également des images d’archives. Certaines datent de la campagne présidentielle (celles du débat et du meeting électoral), d’autres de 2005 au moment d’un entretien entre Hassan Rohani, alors négociateur en chef du dossier nucléaire iranien, et Mohamed El Baradei, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Les images de ce sujet proviennent de chaînes de télévision iraniennes : IRIB TV 1 et Press TV. IRIB TV 1 est la plus ancienne chaîne de télévision iranienne, créée en 1958. Press TV est quant à elle une chaîne d’information internationale iranienne qui émet non pas en persan mais en anglais depuis 2007. Les deux sont la propriété du gouvernement de la République islamique, de même que toutes les chaînes de télévision et les radios qui émettent depuis l’Iran. L’article 175 de la Constitution iranienne interdit ainsi la télédiffusion privée. L’IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting), dont le président est nommé directement par le Guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Khamenei, contrôle par conséquent l’ensemble des médias audiovisuels. Les chaînes étrangères sont régulièrement brouillées. La police iranienne mène souvent des opérations de saisie de paraboles, interdites dans le pays. Du reste, Hassan Rohani a critiqué pendant la campagne présidentielle ces opérations. Cela n’empêche toutefois pas de nombreux Iraniens de continuer à regarder des chaînes satellitaires en persan diffusées depuis l’étranger, telles que BBC Persian, chaîne d’information qui émet depuis Londres.

Malgré le caractère non démocratique de la République islamique d’Iran, le sujet donne à voir un processus électoral qui semble en de nombreux points comparable à ceux des démocraties occidentales. Les candidats à l’élection présidentielle participent à un débat télévisé lors duquel leur temps de parole est décompté. Ils semblent même pouvoir, dans une certaine mesure du moins, donner réellement leur avis, ainsi qu’en témoigne la déclaration d’Hassan Rohani appelant à « sortir de l’extrémisme ». Les images d’Hassan Rohani votant devant les journalistes et les photographes ne sont pas sans rappeler celles des reportages des jours d’élection dans les régimes démocratiques. De même, l’infographie présentant les résultats du scrutin est semblable à celles des chaînes de télévision occidentales. Pourtant, la République islamique d’Iran demeure un régime autoritaire. Le Guide suprême, non élu, conserve la position prééminente, le président de la République ayant beaucoup moins de pouvoir. En outre, l’élection présidentielle est placée sous le strict contrôle des autorités religieuses : les candidats ne peuvent se présenter que si leur candidature est validée par le Conseil des gardiens de la Constitution, composé de six religieux et de six juristes.

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