Les autorités de Vichy intensifient la répression contre la Résistance en Haute-Savoie

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 mars 1944

Alors que les actions de la Résistance se multiplient dans le département, les autorités de Vichy mettent la Haute-Savoie en état de siège. Des opérations de police sont menées sur tout le territoire. Des barrages sont installés par les Groupes mobiles de réserve (GMR) sur les principales routes. La propagande vichyste cherche à rendre la Résistance responsable du climat de guerre civile, utilisant la découverte de charniers pour en ternir l’image.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
17 mars 1944
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001900

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Le développement des maquis dans le département crée, à partir de 1943, un climat de violence en Haute-Savoie. Les sabotages se multiplient, ainsi que les actions à main armée destinées à approvisionner les maquisards. Des opérations sont également menées contre la Milice. Le 21 novembre 1943, le chef milicien départemental, Gaston Jacquemin, est exécuté par un commando de résistants dans un hôtel de Thônes.

La tension s’intensifie en janvier 1944. Pour intervenir contre les Francs-tireurs et partisans (FTP), la branche armée du PCF, des policiers des RG sont envoyés dans le département. Le 10 janvier 1944, 9 de ces policiers sont enlevés par un commando FTP alors qu’ils se trouvaient dans un hôtel de Bonneville. Le 14 janvier, 10 policiers sont à nouveau enlevés à la Roche-sur-Foron.

Cette disparition de 19 policiers, qui seront exécutés par les FTP (leurs corps seront retrouvés plus tard près de la Roche-sur-Foron), amène le gouvernement à appliquer la loi martiale. Le préfet Marion reçoit le renfort d’un intendant de police, le colonel Lelong, qui fait afficher le 31 janvier 1944 une proclamation sur les murs des villes et villages du département : « La recrudescence des attentats "terroristes" dans votre département, l’insécurité de plus en plus grande qui y règne, ont amené le gouvernement à envisager son épuration et sa pacification. Des mesures sévères vont être prises. » Des opérations de police se développent dans toute la Haute-Savoie, des barrages sont installés sur chaque route, les interdictions de déplacement se multiplient.  

Cette mise en état de siège du département entraîne d’importantes conséquences. Alors que l’étau se resserre sur de nombreux maquis, les chefs départementaux de l’Armée Secrète (AS) décident d’abandonner les camps les plus menacés et d’organiser un rassemblement des maquisards sur le plateau des Glières, où une équipe s’est constituée depuis la fin janvier 1944 pour réceptionner les parachutages promis par les Alliés. Les forces vichystes ne parvenant pas à venir à bout de ce maquis des Glières, ce sont les troupes allemandes qui se lancent à l’attaque du plateau à la fin mars 1944, obligeant les maquisards à se replier dans des conditions très difficiles.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

S’il permet d’illustrer les conséquences de la mise en état de siège du département pour la population (barrages routiers, multiplication des contrôles et des patrouilles), ce reportage s’inscrit dans la campagne de propagande menée par Vichy afin de discréditer les maquis qui permettent à la Résistance de prendre une dimension nouvelle, à la fois parce qu’elle possède désormais des troupes, mais aussi parce qu’elle étend ses actions en milieu rural. Pour « couper » les maquisards de leur environnement social, l’objectif du régime de Vichy consiste à effrayer les populations en présentant une image particulièrement violente des maquis et en assimilant les maquisards à des « criminels », des « bandits » et des « terroristes ».

La Haute-Savoie apparaît comme l’un des territoires où cette propagande anti-maquis fut la plus poussée, comme le montrent les images qui consistent à utiliser la découverte des charniers de La Roche-Foron, où ont été ensevelis les corps des policiers des RG enlevés et exécutés par les FTP, pour assimiler les maquisards à de simples criminels et les rendre responsable du climat de guerre civile qui règne dans le département, alors qu’en réalité les exécutions opérées par les Résistants apparaissent le plus souvent comme des actions de représailles menées après des exactions développées par la Milice ou les forces vichystes. Certains tracts de propagande évoquent même l’existence d’un « Katyn » en Haute-Savoie pour attiser l’anticommunisme dans certains milieux catholiques et bourgeois. D’autres images montrent des entrepôts clandestins pour tenter de développer l’idée selon laquelle les maquisards se livreraient à de nombreux vols et n’agiraient donc que par esprit de lucre.

Les rapports des Renseignements généraux montrent toutefois que l’impact de cette propagande vichyste est resté limité : « Le maquis continue à avoir la sympathie de la population », observe le bulletin des RG de la première semaine d’avril 1944. La Résistance s’efforcera de répondre en multipliant les initiatives de terrain pour montrer que les maquisards sont des combattants disciplinés et encadrés. Et les événements des Glières s’accompagneront de nombreuses émissions sur les ondes de la BBC visant à valoriser l’action des maquisards, à vanter leur courage et leur patriotisme, entraînant ainsi une importante guerre médiatique et « psychologique » (Jean-Louis Crémieux Brilhac) entre le régime de Vichy et la France combattante.

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