vidéo - 

Le camp des Milles, un camp d’internement et de déportation de la zone sud

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 sept. 2012

Créé en 1939 dans une ancienne tuilerie pour interner au début du conflit des ressortissants allemands ou autrichiens, le camp des Milles près d’Aix en Provence a également servi à l’internement de Juifs par le régime de Vichy. La création d’un mémorial sur le site du camp permet de rappeler les conditions de vie très difficiles des 10 000 personnes qui y ont été internés entre 1939 et 1942.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 sept. 2012
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001906

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Ouvert  par le gouvernement Daladier au début de la guerre, en septembre 1939, au sein d’une tuilerie située entre Aix-en-Provence et Marseille, le camp des Milles a d’abord servi de lieu d’internement pour les ressortissants du Reich, considérés comme des « sujets ennemis », y compris pour d’authentiques antifascistes qui avaient fui dans les années 1930 le nazisme qui sévissait dans leur pays d’origine pour venir se réfugier en France. Ce paradoxe explique que de nombreux intellectuels et artistes originaires d’Allemagne ou d’Europe centrale aient été internés au camp des Milles.  

En juillet 1940 s’ouvre une seconde période avec la défaite française et la signature de l’armistice. Le régime de Vichy utilise le site des Milles pour y transférer les étrangers qui étaient internés dans les camps du Sud-Ouest, notamment des anciens des Brigades internationales ainsi que des Juifs expulsés du Reich. Du fait de ces nombreux transferts, le camp est rapidement surpeuplé, avec des conditions de vie de plus en plus difficiles pour les internés (nourriture insuffisante, promiscuité, maladies…). En raison de sa proximité avec le port de Marseille, le camp des Milles sert également de camp de transit dans le sud de la France pour de nombreux internés qui parviennent ensuite, grâce à l’aide de différentes filières locales ou internationales, à rejoindre les territoires d’Outre-mer.

Une troisième période s’ouvre au cours de l’été 1942 lorsque Vichy accepte de livrer aux Allemands 10 000 Juifs de la zone sud, qui n’est pourtant pas occupée à cette date. En août et septembre 1942, cinq convois quittent le camp des Milles pour transférer 2000 Juifs qui y étaient internés afin de les transférer vers Drancy, d’où ils seront ensuite déportés vers Auschwitz. L’occupation de la zone sud en novembre 1942 par les Allemands entraîne la fermeture du camp des Milles quelques semaines plus tard.

Au cours de ces trois ans d’existence, le camp des Milles a vu passer plus de 10 000 internés originaires de 38 pays. Il illustre parfaitement les continuités qui ont pu exister en matière de politique d’internement entre la fin de la IIIème République et le régime de Vichy.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images de la tuilerie qui servit de camp montrent combien les lieux étaient mal adaptés à la fonction d’internement que lui attribuent les autorités françaises en septembre 1939 : l’espace ouvert à l’intérieur de la tuilerie favorise une forte promiscuité tandis que les installations offrent peu de protection contre le froid, les intempéries…  Le reportage insiste surtout sur le rôle qu’a pu jouer le camp des Milles comme antichambre de la déportation vers l’Allemagne en évoquant l’internement des Juifs et leur départ en plusieurs convois au cours de l’été 1942, lorsque le régime de Vichy accepte de livrer aux Allemands les Juifs de la zone sud. Mais comme le rappelle rapidement le commentaire, le camp des Milles n’a pas été qu’un camp d’internement pour les Juifs, puisqu’il vit également passer de nombreuses catégories d’étrangers (Républicains espagnols, réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe centrale ayant fui le nazisme….).

Les murs de l’ancienne tuilerie avec leurs nombreux dessins laissent aujourd’hui encore entrevoir la forte proportion d’artistes étrangers qui ont pu être internés au camp des Milles. Environ 350 œuvres ont été conçues sous forme de graffitis, peintures murales, dessins… au camp des Milles entre 1939 et 1942. Parmi les nombreux artistes internés figurent notamment le peintre et sculpteur Max Ernst, le dessinateur Hans Bellmer, qui fut l’un des artistes majeurs du surréalisme, le peintre Robert Liebknecht, fils de Karl Liebknecht.

Longtemps abandonné, le site est devenu récemment un lieu de mémoire et de souvenir. Etant l’un des rares lieux témoins préservés en Europe qui permet de raconter l’histoire des internements et des déportations durant la Seconde Guerre mondiale, le camp des Milles a été reconnu comme monument historique par le ministère de la Culture tandis que le ministère de la Défense l’a classé parmi les neuf hauts lieux de mémoire en France. En 2013 a été inauguré le site mémorial du Camp des Milles, permettant de mieux faire connaître l’histoire du lieu au public.

Thèmes

Sur le même thème