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Les commémorations à Marseille du 50e anniversaire de la rafle de 1943

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 janv. 1993

Quelques semaines après l’occupation de la zone sud et l’arrivée des Allemands à Marseille, Hitler donne l’ordre de détruire le quartier du Vieux-Port en raison de sa réputation sulfureuse. Relayée par Carl Oberg, cette décision est appliquée par les autorités de Vichy. La destruction de 1 500 immeubles s’accompagne de deux importantes rafles dans la cité phocéenne, entraînant l’arrestation de plusieurs milliers de juifs et « d’indésirables ».

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 janv. 1993
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001909

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

À partir du 11 novembre 1942, Marseille est occupée par les Allemands. Du fait de son importante population immigrée (Italiens, Espagnols, Arméniens…) et d’une réputation sulfureuse liée aux nombreux trafics qui s’y développent en lien avec les activités portuaires, la cité phocéenne, parfois surnommée le « Chicago français », suscite le mépris des nazis. Plusieurs attentats organisés contre les troupes d’occupation début janvier viennent encore accentuer la méfiance des Allemands. Ils considèrent le quartier du Vieux-Port, avec ses ruelles tortueuses et ses caves sombres, comme un nid de résistants.

Dans ce contexte particulier, Himmler adopte, le 18 janvier 1943, une directive imposant l’arrestation des criminels marseillais et leur déportation vers l’Allemagne ainsi que la destruction de ce qui est considéré comme leur repaire : le quartier du Vieux-Port. Une rencontre entre Carl Oberg et René Bousquet permet aux Allemands d’obtenir la participation des forces de police française et des GMR (Gardes mobiles de réserve) à l’opération. Deux cents inspecteurs de police et quinze compagnies de GMR sont spécialement mobilisés pour l’occasion. Obsédé par l’apparence de la souveraineté, le gouvernement de Vichy souhaite qu’une telle action soit entreprise sur le terrain par des forces françaises, même si cela doit avant tout servir les objectifs allemands. L’assainissement de Marseille correspond également aux valeurs défendues par le régime dans le cadre de sa politique dite de « Révolution nationale ». Gigantesque opération de spoliation, la destruction du Vieux-Port ne va pas enfin sans recevoir le soutien d’une partie des élites économiques et politiques de la ville qui y voient l’occasion de réaliser de « bonnes affaires » derrière un discours officiel présentant cette démolition comme une entreprise nécessaire d’assainissement et d’urbanisme.

Le 22 janvier, le Vieux-Port est complètement bouclé. Plus de 20 000 personnes sont obligées d’abandonner leurs maisons avant que le quartier ne soit ensuite dynamité. Cette opération s’accompagne également, les 22 et 23 janvier, d’importantes rafles dans toute la ville. Elles visent les catégories considérées comme « indésirables » pour les Allemands. Elles entraînent l’arrestation d’environ 2 000 Juifs, qui sont ensuite transférés en convois vers Compiègne. 782 d’entre eux sont ensuite déportés et exterminés à Sobibor.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Ce reportage réalisé pour les actualités régionales à l’occasion du 50e anniversaire de la destruction du Vieux-Port de Marseille insiste bien, dans sa tonalité, sur le fait que cette opération a été l’une des plus tristes pages de l’histoire de Marseille. De fait, il s’agit pour la ville de la plus grande catastrophe depuis la peste de 1720 (Jean-Marie Guillon). Plus que sur la destruction du Vieux-Port, le reportage insiste toutefois surtout sur les rafles de Juifs dans la ville, y compris dans des quartiers (celui de l’Opéra notamment) qui n’étaient pas concernés par le dynamitage décidé par les Allemands.

Le rôle de la police française et de René Bousquet est particulièrement mis en avant, afin de rappeler l’importante collaboration franco-allemande à laquelle donna lieu l’opération. Par son déroulement et son organisation, la rafle de Juifs organisée à Marseille s’apparente ainsi à celle du Vél d’Hiv à Paris, même si elle est beaucoup moins connue. Le témoignage d’un rescapé, Victor Algazi, rappelle enfin l’attitude ambivalente de certains policiers qui, tout en participant à la rafle, sauvent des familles en leur permettant d’échapper aux arrestations. Ce fut le cas de Victor Algazi et de sa mère, qui bénéficièrent de l’attitude d’un policier fermant les yeux sur leur présence après avoir perquisitionné leur appartement.

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