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Marie-Thérèse Sartini, résistante corse déportée « nuit et brouillard »

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 sept. 2015

Née en Corse en 1908, vivant dans le Pas-de-Calais, Marie Thérèse Sartini intègre un groupe de résistants qui apporte de l’aide aux aviateurs alliés cherchant à rejoindre l’Angleterre. Arrêtée en janvier 1942, elle est déportée en application du décret « Nacht und Nebel »  du 7 décembre 1941. Ses conditions de détention à Ravensbrück puis Mauthausen permettent de comprendre l’expérience particulière des victimes de la procédure « nuit et brouillard ».

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 sept. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2018
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001911

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

L’une des particularités de la répression nazie consiste à s’inscrire dans une stratégie visant à terroriser les populations pour être plus dissuasive. Dans tous les territoires occupés par le Reich, des tribunaux militaires appliquent dès les premiers mois de l’Occupation une justice exemplaire à l’égard des opposants et résistants en prononçant de nombreuses condamnations à mort. Le développement d’une hostilité croissante à l’égard des Allemands et l’affirmation des résistances nationales au cours de l’année 1941 amènent Hitler à envisager une nouvelle forme de répression consistant à déporter dans le plus grand secret les victimes pour qu’elles soient jugées en Allemagne. Il s’agit clairement de renforcer le sentiment de terreur exercé par la répression. Comme les personnes déportées ne laissent aucune trace, leurs familles ne peuvent savoir le sort qui leur est réservé.

Le 7 décembre 1941, le maréchal Keitel signe le décret connu sous le nom de code « Nacht und Nebel » (Nuit et brouillard), ordonnant la déportation de tous les ennemis du Reich. Dans une instruction adressée à la Gestapo, Himmler précise les intentions de ce nouveau décret : « une condamnation au pénitencier ou aux travaux forcés à vie envoie un message de faiblesse. La seule force de dissuasion possible est soit la peine de mort, soit une mesure qui laissera la famille et le reste de la population dans l'incertitude quant au sort réservé au criminel. La déportation vers l'Allemagne remplira cette fonction ».

A partir de 1942, le décret « NN » permet de déporter en Allemagne dans des petits convois sécurisés les résistants les plus dangereux. Majoritairement français, belges ou hollandais, les détenus ainsi marqués n'auront connaissance de leur statut qu'après la guerre. Ils ne reçoivent ni courrier ni colis. Dès leur arrivée dans les camps, les lettres NN, de couleur rouge ou jaune selon les catégories, sont peintes sur leurs vêtements. Certains d’entre eux sont jugés par un Sondergericht (« tribunal d’exception ») ou par le Tribunal du peuple, qui prononcent dans la majorité des cas la peine capitale. D’autres subissent jusqu’à la fin de la guerre l’expérience concentrationnaire.

Parce qu’elle participait à un réseau en lien avec l’Angleterre, le réseau Pat O’Leary, et apportait une aide aux aviateurs alliés, Marie-Thérèse Sartini appartenait à la catégorie des résistants les plus ciblés par la répression allemande. Cela explique que la procédure « NN » lui ait été appliquée.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

A l'heure de la Panthéonisation de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, la réalisatrice Jackie Poggioli a voulu rendre hommage au rôle souvent méconnu des femmes dans la Résistance. S’appuyant sur leurs dossiers individuels conservés aux archives du Service Historique de la Défense, la réalisatrice a réalisé un documentaire sur 18 Résistantes corses déportées et quelque peu oubliées de la mémoire collective. Ce documentaire a été projeté à l’Assemblée nationale le 26 janvier 2016. Le portrait de Marie-Thérèse Sartini est l’une des 18 figures choisies par Jackie Poggioli. Son histoire est exemplaire car il s’agit de la première femme d’origine corse (mais vivant dans le nord) déportée dans le cadre du décret Nacht und Nebel.

Interviewé pour le documentaire, l’historien Laurent Thiery, spécialiste de la répression allemande dans le Nord-Pas-de-Calais, souligne la particularité de ce territoire où vivait Marie-Thérèse Sartini, aussi bien du côté de la Résistance (les réseaux alliés, comme le réseau Pat O’Leary, y sont très tôt implantés du fait de l’intérêt stratégique représenté par la région) que des Allemands (le Nord-Pas-de-Calais est rattaché au commandement militaire de Bruxelles et connaît une occupation plus violente que le reste de la France).

La trajectoire de Marie-Thérèse Sartini permet de comprendre la logique de la déportation « nuit et brouillard » avec le passage par différentes prisons puis l’internement au camp de Ravensbrück et à celui de Mauthausen à la toute fin de la guerre. Marie-Thérèse Sartini est pendant toute la période restée ignorante du statut « Nacht und Nebel » que les Allemands lui avaient accolé, ne sachant pas non plus quel sort final qui lui était réservé. Les images tournées sur le site du camp de Ravensbrück, véritable plaque tournante de la déportation féminine, laissent entrevoir combien ont été difficiles les conditions de vie dans les quelques baraquements toujours visibles aujourd’hui, où étaient concentrées plus de 40 000 femmes. Mais le commentaire regrette une certaine forme d’oubli sur le site de l’ancien camp. Si quelques baraquements témoins et le four crématoire ont été conservés, les autres sites en revanche ont été investis par différentes activités qui font oublier l’horreur de ce qui a pu s’y passer, à l’image de ce lac où étaient dispersées les cendres des déportées et qui est devenu aujourd’hui une base nautique.

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